J’ai rencontré Sylvie dans la queue du Leclerc,
Lunettes de soudeurs cachant ses beaux yeux clairs
Et malgré la distanciation sociale,
L’espace d’un caddie, j’appréciai son hâle.
Je pensais : elle est belle, elle me met en fièvre
Mais sous son masque, peut-être y a-t-il un bec-de-lièvre ?
J’admirais sa façon de tousser dans son coude
Avec autant de grâce que les stars d'Hollywood.
Je rêvais ses parfums, son porte-jarretelles
Je rêvais plus encor d’effeuiller ses dentelles.
Je rêvais de ses doigts gainés de fin latex
Déroulant un condom tout le long de mon sexe…
Je rêvais de humer ses fragrances anales,
Je rêvais de goûter sa flore vaginale.
Je rêvais de l’avoir pour la nuit, pour la vie,
Je me serais damné tant j’en avais envie
Peu m’importait alors de courir à ma perte,
Je la voulais à moi, amoureuse et offerte.
« Viens chez moi j’ai du gel hydroalcoolique,
J’ai de l’Efferalgan, des trucs pour la colique
Et puis, rien que pour toi, j’ai de la chloroquine
Mais pour ça il faudra te montrer bien coquine !
Je t’offrirais une surblouse, une Jeannette
Si tu voulais me faire une bonne branlette.
Voudrais-tu, avec moi, échanger, ma chérie,
En un baiser cent vingt millions de bactéries ? »
Mais je ne puis que dire, tant j’étais médusé :
« T’as un beau masque, tu sais ! »
Victor Ayoli
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