Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

résistance - Page 25

  • La révolte gronde. À quand des États généraux ?

    états généraux

    Paraphrasant Sieyès on pourrait dire : « Qu’est-ce que le peuple ? Tout. Que représente-t-il à présent dans l’ordre politique ? Rien. Que demande-t-il ? À y devenir quelque chose ! »

    Ce peuple invisible, ces « gens de peu », ces « sans-dents », ces gens « qui ne sont rien » (comme les qualifie avec élégance Macron), ils sont le premier parti de France (près de 57 % d’abstentionnistes aux dernières législatives). Ils votent en tournant le dos aux urnes ! Quand on ne vote plus, la démocratie est morte. Et maintenant, au lieu de déposer un bulletin, on s’exprime en occupant les ronds-points pour les plus pacifiques, en cassant du flic et en mettant le feu à Paris pour les plus violents.

    « Venez me chercher ! » qu’il a plastronné Macron, avec des provocations de blanc-bec. Eh bien ! Ils y vont, le chercher…

    Peut-on s’étonner de ce rejet quand la Macronie a marqué dès le début son territoire avec arrogance en supprimant l’ISF, en instituant la « flat tax », en étant ouvertement le gouvernement « des (plus) riches », en portant au nues les « premiers de cordées » tout en méprisant les « gens de rien », les invisibles.

    Ces invisibles se donnent de la visibilité en arborant leur désormais célèbre « gilet jaune », symbole de la révolte. De toutes les révoltes. Contre toutes les injustices, contre tous les mensonges, contre tous les enfumages, contre toutes les promesses oubliées, contre des revenus de misère. Et aussi - et peut-être surtout - contre tous les mépris dont ils sont l’objet.

    Cette France d’en bas « qui fume des clopes et carbure au gazole », c’est pourtant celle qui se lève tôt, qui travaille pour un salaire souvent indécent, qui produit dans des conditions difficiles et qui voit le produit de son labeur raboté par toutes sortes de taxes sournoises. Cette France de la misère, elle sait que les entreprises du CAC40 ont distribué 70 % des résultats du travail de leurs salariés, soit 56 milliards à leurs actionnaires. L’actionnaire, dans une entreprise, chacun sait que c’est celui qui ne fait aucune action…

    C’est cette France qui a eu la sublime naïveté de croire aux valeurs de la république, à la démocratie, au travail, aux études et qui découvre le mépris et l’injustice. Ces Français des villes et des champs, rejetés hors des centre-citées au profit des bobos ou oubliés dans leurs cambrousses purgées de leurs services publics. Méprisés, humiliés par les « zélites » qui les rejettent avec morgue dans les tiroirs faciles du « poujadisme » quand ce n’est de la « fachosphère ».

    Cette France a pris conscience de son existence et découvre sa force. La Macronie aurait grand tort de jouer le pourrissement du mouvement, de se gausser de son inorganisation. De même les partis extrêmes se mettent le doigt dans l’œil en espérant le récupérer. Et les médias principaux, les « intellos » autoproclamés qui ne voient pas plus loin que les arrondissements huppés de la capitale, feraient bien de ravaler leur fiel : « Qui tu es toi ? Qui t’a élu ? ». Parce que le sentiment d’abandon engendre la colère. Une colère puissante, lourde, partagée par des milliers de femmes et d’hommes et comprise par les trois-quarts des Français ! Avec un prétexte mal compris, lui, une taxe carbone…

    Plutôt que de casser quelques symboles du centralisme parisien, cette colère serait plus efficace si elle se tournait contre les vrais pollueurs qui sont, eux, exemptés de ces taxes « écologiques » punitives : les transports maritimes et aériens. En bloquant les ports et les aéroports. Quant à saccager, foutre le feu, vandaliser, il aurait mieux valu s’en prendre aux symboles de l’oppression ultralibérale qu’à ceux de la république. La Défense plutôt que l’Étoile…

    Et puis, les « élites » ne devraient pas oublier que l’histoire montre que les colères du peuple, des « feignants », des « Gaulois irréformables », chez nous, prennent souvent des expressions « tranchantes » !

    Il serait temps, avant qu’il ne soit trop tard, que les « zélites », tant politiques qu’économiques et intellectuelles prennent conscience de l’ampleur du mouvement, du fait que le pays est en train de se déchirer, et qu’elles acceptent de prendre leur part de l’échec résultant de leur manière de (mal) gouverner la France.

    En 1789, c’est le prix du blé qui a déclenché la révolution. En 2018, sera-ce le prix du gazole ? Dans les deux cas, le prix d’un produit indispensable à la vie du peuple a été le prétexte, puis le détonateur.

    Pour que l’explosion ne s’ensuive pas, il serait de simple bon sens de décréter un moratoire général sur l’ubuesque taxation écologique, le report de la fameuse « transition » et l’affectation des économies ainsi réalisées au pouvoir d’achat. Simplement et immédiatement. Les écolos bobos à trottinette électrique hurleront, mais « le peuple » respirera mieux, même avec quelques particules fines dans les narines.

    Puis il serait utile – s’il en est encore temps ! - de s’inspirer des anciens : ouvrir des États généraux, demander aux populations de coucher sur des cahiers de doléances tout ce qu’ils rejettent mais aussi ce qu’ils proposent. Dans chaque ville, dans chaque quartier, dans chaque village, il ne serait pas compliqué pour les collectivités locales d’organiser des comités ouverts à toutes les couches de la population : ouvriers, professeurs, paysans, fonctionnaires, flics, patrons, juges, aides-soignantes, mères de famille, chômeurs, retraités… Ce serait le lieu et le moment pour demander des comptes, pour regarder en face les difficultés, les incompréhensions, les peurs, pour exprimer les exigences, les espoirs.

    De ce bouillonnement d’idées, de cette confrontation sortiraient des idées directrices, des propositions, émergeraient des représentants plus légitimes que les auto nommés porte-parole des gilets jaunes. Cela structurerait ce mouvement et permettrait au gouvernement provisoire chargé de liquider les affaires courantes pendant les trois mois des États Généraux de corriger le tir et, à travers une Constituante, au peuple de construire une sixième république avec pour devise « Liberté, Égalité, Sorofraternité, Laïcité ».

    Faute de quoi, comme dans bien des révolutions, on verra surgir un « homme providentiel ». De Napoléon à Hitler et Staline, on sait où ils mènent.



    Photo X - Droits réservés

     

  • En avant première : le discours du président que l’on aimerait entendre !

    macron jupiter et philippe hercule.png

    Françaises, Français. Mes chers compatriotes.

     

    Je vous ai vus venir avec vos gilets jaunes

    Occuper les ChampsZés comme autant de cyclones,

    Dans le feu et le bruit, les cris, l’agitation

    Vous avez exigé, hurlant, ma démission.

    Vous êtes excédés, fourbus, ruinés, furax

    Parce que vous subissez un déluge de taxes.

    Je ne vous promets pas des larmes et du sang

    Mais pas non plus des jours toujours beaux et dansants

    Si vous m’avez élu, c’est comme antitoxine

    Pour barrer le pouvoir aux troupes de Marine

    Mais c’est moi qui hérite du terrible bilan

    D’un pays ravagé par les sombres ruffians

    Qui dix années durant ont saccagé la France,

    L’ont pillée, l’ont volée pour se gaver la panse.

    Leur héritage ? Ce sont des millions de chômeurs,

    Des usines parties se faire voir ailleurs,

    Des riches qui se goinfrent et des pauvres qui crèvent,

    Des banquiers qui s’empiffrent, des travailleurs en grève,

    Et partout l’ostracisme et l’insécurité

    Tristes enfants bâtards de l’inégalité.

    Alors qu’attendez-vous ? Que me faut-il vous dire ?

    Que l’on rase gratis ? Que tout va refleurir

    Quand revient le printemps ? C’est faux, vous le savez.

    On va tous en chier, on va tous en baver.

    Mais on s’en sortira si on combat ensemble

    Debout dans la tourmente, et sans que la main tremble !

    Terrasser le chômage n’est pas une utopie

    Si nous faisons enfin renaître l’industrie

    Que des patrons voyous ont délocalisé

    Pour que leurs actionnaires soient de fric arrosés.

    Pour cela nous allons rétablir des frontières

    Contre tous les produits que des pays gangsters

    Font faire à des esclaves traités comme des chiens

    Puis nous vendent en dessous de leur prix de revient.

    Relancer la recherche, revoir l’éducation,

    Redonner à chacun l’espoir en son action,

    Ressouder le pays et croire en sa nation.

    Redonner au Français plus de pouvoir de vivre

    En débarquant enfin de ce gros bateau ivre

    Qu’est un pays dont le service de la dette,

    Première dépense que le pays budgète,

    Gaspille, chaque année, à des fonds étrangers

    Quarante gros milliards qu’il faut bien allonger.

    Pour cela, citoyens, mobilisons l’épargne

    Et rachetons la dette, avec constance et hargne,

    Pour que tous ces milliards ne partent pas ailleurs

    Mais servent à relancer, et l’emploi, et le beurre.

    Mais pour ça, citoyens, que pouvons-nous tout seuls

    Sinon, c’est évident, aller au casse-gueule ?

    C’est avec plus d’Europe que nous réussirons,

    Non pas de cette Europe de corrompus poltrons

    Au service des banques, des multinationales

    Et de toutes leurs merdes ultralibérales,

    Mais d’une Europe unie au service des Hommes,

    Solidaire, puissante, respectée, autonome,

    Capable, s’il le faut, de taper sur la table,

    Et pas cette limace impuissante et minable

    Qui se couche en bavant devant tous les diktats

    Des Ricains, des Chinois, des nations scélérates

    Qui pillent son pognon, ses actifs, son savoir.

    Pour cela, citoyens, je ferais mon devoir :

    Faire face à Merkel, pas comme un simple pion

    Foutre la zizanie dans cette Commission

    De boutiquiers marrons se laissant enfiler

    Par les lobbies voraces émanant du privé.

    Debout peuple français, debout peuple éternel

    Ô peuple forgeron du droit universel

    Peuple qui abattit les tours de la Bastille,

    Peuple dont les idées de par le monde brillent,

    Qui, lorsqu’il se fâchait, brisait sous son bâton

    Le géant Robespierre et le titan Danton.

    Mes chers compatriotes, vous voulez un patron ?

    Je serais celui-là, couillu et pas poltron !

    Et si, après mon temps j’ai mal fait mon boulot

    Je poserai moi-même mon cou sur le billot !

     

    Victor Ayoli

     

    Bon. On peux toujours rêver...

     

    Illustration X - Droits réservés

  • Connaissez-vous le Salon de l’évasion fiscale ?

    évasion fiscale Charb.jpg

     

     

    Il s’en passe de belle dans notre hexagone.

    Bien sûr, la révolte des « sans-dents », de la « France d’en-bas » qui vêtue de jaune – la couleur des cocus - manifeste depuis ce ouiquinde contre des taxations excessives.

    Mais il s’en passe d’autres : une semaine avant, ils ont été précédés dans leur lutte contre les impôts par d’autres redoutables révolutionnaires : savez-vous que les vendredi 9 et samedi 10 novembre s’est tenu discrètement un véritable « salon de l’évasion fiscale » ? Pas n’importe où : à Cannes, dans les salons du palace Le Martinez, propriété du Qatar. Eh ! Ils n’ont pas appelé ça comme je viens de vous l’écrire mais International Emigration & Luxury Property (IELP) soit « Salon de l’émigration et de la propriété de luxe ».

    Comment ? Chercher des propriétés luxueuses pour des émigrés ? Ben oui ! En fait, il s’agit d' « émigrés » désirant obtenir une nouvelle nationalité par l’investissement ou pour mettre leur patrimoine à l’abri. Vous voulez devenir Chypriote ? Facile, il suffit d’investir au moins deux millions d’euros dans l’immobilier local. Si vous êtes un peu gêné, vous pouvez demander la nationalité de Malte, pour seulement 650 000 euros d’investissement dans l’immobilier maltais. Si vous êtes radin, vous pouvez toujours demander la nationalité portugaise, autour de 500 000 euros et même la moitié si vous investissez dans un bien de plus de 25 années.

    Environ 90 pays proposent ainsi des passeports ou "visas dorés", dont plusieurs de l’Union européenne, comme Chypre, le Portugal ou Malte, ou encore des juridictions comme les Bahamas ou les Émirats Arabes Unis, selon l’OCDE qui s’est inquiété que cela puisse servir à blanchir de l’argent ou frauder le fisc.

    Voilà ce qui était au centre des « travaux » de cet étrange salon. En fait, il s’agissait d’un grand raout international pour les schémas d’optimisation fiscale et vente de nationalités dans les paradis fiscaux. Il s’est déjà tenu à Cannes l’an passé dans la plus grande discrétion publique.

    Eh ! Ce n’était pas la fête de l’Huma ! Pas de stand merguez, que du caviar. Faut dire que c'était sur invitation et que le droit d’entrée était de mille euros. Plus 500 euros pour la soirée de gala. Bof, un pourboire pour ce public ciblé, environ 60 entreprises de trente pays et 500 visiteurs. Parmi ces « happy few », on notait la présence de banques privées, de consultants financiers, de promoteurs d’immobilier de luxe et de cabinets de juristes et d’immigration.

    Ils proposent un pack pour échapper à la fiscalité et à la justice, sachant que le salon ne s’adresse pas qu’à des gens qui se sont enrichis en toute légalité !

    Les participants ont ainsi pu s’instruire sur « la déclaration de revenus et de patrimoine dans l’Union européenne, aux États-Unis, au Canada, en Grande-Bretagne et d’autres pays développés », comment y enregistrer une société, y ouvrir un compte, ou se renseigner en matière d’optimisation fiscale.

    Il est vrai que s’il y a de plus en plus de pauvres, c’est parce qu’il y a de plus en plus de très riches ! Alors, l’augmentation du nombre de très grosses fortunes est convoitée par un nombre croissant de services et de programmes encourageant l’expatriation. L’organisateur délocalise ensuite le salon à Kiev, Moscou, Bombay et Shenzhen, avan ! t une étape réservée à l’immobilier très haut de gamme à Monaco.

    Vous aussi, ne laissez pas vos éconocroques sur le livret A ou sur une assurance vie famélique, optimisez, OPTIMISEZ ! Comment faire ? Simple, vous tapez sur Qwant (comme moi) ou sur votre moteur de recherche, et vous demandez « Cabinets conseil en optimisation fiscale » et vous aurez une profusion de rémoras prêts à vous servir de poisson pilote dans cet univers de requins sans scrupule.

    L’évasion fiscale est un acte félon pour le citoyen, c’est un crime de lèse vivre ensemble, une outrance à la première des dignités collectives : la volonté partagée de nous construire un destin commun, de nous élever au-dessus des barbaries quotidiennes produites par l’égoïsme. Elle coûte au bas mot 80 milliards par an au budget français. Alors ce pognon que Bercy laisse aux fraudeurs, il faut bien le prendre ailleurs, non ?


    Illustration: merci au très regretté Charb