Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

humour - Page 40

  • Ouiquinde gastronomique: nourrissons-nous l'esprit avec François Cavanna et Omar Khàyyàm

     

    Il y a cinq ans, le 29 janvier 2014, François Cavanna allait rejoindre Omar Khayyàm pour cultiver l'Humour et la Raison dans les vignes du seigneur. Savourons en leur mémoire ces quelques lignes.

    franàois cavanna,omar khàyyàm


    François Cavanna :

    Un dieu salaud est capable de tout. Il n'y a pas d'autre terme à l'alternative: ou pas de dieu, ou un dieu salaud. J'ai choisi pas de dieu. Et si, pour improbable que soit la chose, Dieu existe quand même, ce dieu infiniment bon, infiniment intel­ligent qu'on nous présente, alors il ne peut pas m'en vouloir de ne pas croire en lui, puisqu'il fait tout pour cela. Je joue gagnant à tous les coups.

     

    Omar Khàyyàm :

    Si assuré et ferme que tu sois, ne cause de peine à personne ; 
    Que personne n’ait à subir le poids de ta colère.
    Si le désir est en toi de la paix éternelle,
    Souffre seul, sans que l’on puisse, ô victime, te traiter de bourreau. 

     

    Combien de temps jeterai-je des pierres dans la mer !
    Je suis écœuré des idolâtres de la pagode :
    Kháyyám ! Qui peut assurer qu’il habitera l’Enfer ?
    Qui donc jamais visita l’Enfer ? Qui, jamais, revint du Ciel ?

     

    François Cavanna :

    Peu importe

    Peu importe que la vie soit un accident, une chimie de hasard,

    Peu importe que se soient condensées galaxies et soleil, planètes et satelittes,

    Peu importe que quelques molécules se soient accolées en uhe première gelée vivante,

    Peu importe que la vie ai emplie les océans, et puis en soit sortie, et puis soit devenue crapaud, lézard, singe et enfin homme,

    Peu importe,

    Tu es là.

    Au bout de tout cela,

    Tu es là.

    Tout cela s'est fait pour toi.

    Ces milliards d'années, ces univers, ces hécatombes,

    Tout cela pour aboutir à toi.

    Et voilà : tu es là.

    Toi tout seul.

    Tu es un point infime de l'espace, un instant fugitif du temps,

    Mais tu es toi,

    Toi tout seul.

    Tu n'es pas la continuation de ton père, ni du père de ton père, ni des pères des pères de tes pères.

    Tu n'as pas demandé à être là,

    Mais tu y es,

    Tu es là,

    Tu es toi,

    Toi tout seul.

    Tu ne dois rien à personne ni à rien.

    Tu ne peux savoir pourquoi tu es là, ni si quelqu'un t'y a mis, pas même s'il y a un « pourquoi » ni s'il y a un « quelqu'un »,

    Et qu'importe ?

    Tu es là.

    N'écoute pas les menteurs.

    N'écoute pas les peureux.

    N'écoute pas la peur au fond de toi,

    N'écoute pas la tentation de la peur au fond de toi,

    N'écoute pas les profiteurs de la peur.

    Surtout,

    Surtout,

    Ne crois pas.

    Ne crois en rien, jamais,

    Ni pas peur,

    Ni par amour,

    Ni par pitié,

    Ni par faiblesse,

    Ni par convenance.

    Ne crois pas !

     

     

    omar khàyyàm.jpg

    Omar Khàyyàm :

    Tu n’as pas aujourd’hui de pouvoir sur demain ;
    L’anxiété du lendemain est inutile.
    Si ton cœur n’est pas insensé, ne te soucies même pas du présent ;
    Sais-tu ce que vaudront les jours qu’il te reste à vivre ? 

    Sache ceci : que de ton âme tu seras séparé,
    Tu passeras derrière le rideau des secrets de Dieu.
    Sois heureux…tu ne sais pas d’où tu es venu;
    Bois du vin…tu ne sais où tu iras.

     

    François Cavanna :

    Œcuménisme

    Qu'ont en commun les inquisiteurs, les brûleurs de sorcières, les massacreurs de populations au nom de la foi (soixante mille égorgés lors de la prise de Jérusalem pendant la première Croisade), les bénisseurs d'armées, les pendeurs d'hérétiques, les incitateurs à l'assassinat pieu, les lapideurs de femmes adultères, les qui-vont-à-la-messe, bouffent du foie gras et laisse un abbé Pierre leur astiquer la bonne conscience en se faisant le bouc émissaire de la charité ?

    Ils ont en commun le mot clé de tous les culs-bénits :

    AMOUR

    Omar Khàyyàm :

    Nous et le vin et le banc de la taverne et nos corps d’ivrognes nous sommes
    Insoucieux de l’espoir de la miséricorde et de la terreur du châtiment ;
    Nos âmes et nos cœurs, nos coupes et nos vêtements tachés de lie
    Sont indépendants de la terre et du feu et de l’eau

    Ah ! Malheur à ce cœur d’où la passion est absente,
    Qui n’est pas sous le charme de l’amour, joie du cœur !
    Le jour que tu passes sans amour
    Ne mérite pas que le soleil l’éclaire et que la lune le console.

    Au printemps, sur la berge d’un fleuve ou sur le bord d’un champ,
    Avec quelques compagnons et une compagne belle comme une houri,
    apportez la coupe…ceux qui boivent la boisson du matin
    sont indépendants de la mosquée et libre de la synagogue. 

     

    Photos X - Droits réservés

  • Au bistro de la toile : la phobie des phobies

    chimulus bistro copie.jpg

     

    - Je suis βλάκαςφοβίας, j’assume et j’en suis fier !

    - Keskidi le Victor ? Tu parles quelle langue ? On dirait du Russe, ou du Grec.

    - C’est du Grec Loulle. Et ça veut dire « crétinophobe ». La « phobie » φοβία, la peur, la crainte générant le rejet des « crétins » βλάκας vlakas !

    - Ben mon pauvre ! T’es pas sorti de l’auberge, parce que les crétins, c’est une espèce envahissante… Mais pourquoi tu te crois obligé de nous en foutre plein la vue en nous disant ça en Grec ? Je sais bien que la Provence et les Grecs, c’est une vieille histoire mais tu aurais aussi bien pu nous dire que la proximité des calus, des chiapacans, des gougnafiers, des goulamas te faisaient gonfler les aliboffis ! Tout le monde aurait compris alors que là degun y entrave nibe.

    - Je vous l’ai dit en Grec parce qu’on assiste, on subit l’invasion d’une palanquée de ces mots en « phobe » que l’on nous assène à tout bout de champ : tu es « agoraphobe » si tu crains la foule, tu es au contraire « claustrophobe » si tu as peur d’être enfermé, tu es « arachnophobe » si tu as peur des araignées. Mais les « phobes » les plus populaires, les plus envahissants ce sont « homophobe » et « islamophobe ». Si l’on te traite de l’un de ces deux vocables, ça a valeur d’excommunication au Moyen-Âge. Tu es montré du doigt, ostracisé, rejeté comme un lépreux. Parce que tu oses critiquer les homos ou l’islam. Ce concept révèle la volonté d’une certaine population de sacraliser certaines manières de vivre, certains sujets que l’on ne doit même plus pouvoir critiquer, envers lesquels on ne doit plus avoir la moindre réticence, ni réclamer le plus élémentaire droit d’examen sans être aussitôt marqué, stigmatisé par cette nouvelle étoile jaune du phobisme infamant.

    Notre civilisation réinvente à fond la caisse la démonologie, les procès en sorcellerie. Les bûchers ne sont pas loin. On assiste à l’émergence d’une flopée de sectes de crétins dont la lutte a pour finalité de surveiller, de punir, d’interdire. Mais les plus nocifs, les plus nuisibles ce sont ceux qui massacrent pour un dessin au nom d’une religion.

    Les religions sont des cancers de l’esprit, mais tant qu’elles étaient peuplées de déesses affriolantes sentant bon le patchouli et de dieux ne dédaignant pas de se taper quelques belles mortelles, ça allait. Mais le malheur est tombé lorsqu’une crevure de prêtre - ces escrocs - pire que les autres a inventé le dieu unique. Les névroses collectives nées d’Abraham SONT la principale source du malheur des hommes.

    Non mais vous imaginez le « père » de ces religions « du livre » - quelle horreur pour les livres - ce mec, Abraham, qui mène son fils en cambrousse, avec un grand couteau planqué dans sa gandoura, préméditant, pour obéir aux injonctions de son « dieu », d’égorger son fils, la chair de sa chair !

    Et c’est sur cette horreur intégrale que sont bâties les religions monothéistes. Comment peut-on être assez indigent de la tronche pour croire de pareilles konneries.

    Dès lors que l’on se dit descendant d’Abraham (juifs, chrétiens, musulmans), c’est donc qu’on accepte de tuer son fils pour plaire à ce dieu pervers, m’as-tu-vu, sanguinaire. Alors, tuer les autres… Broutilles.

    « La crédulité s’engraisse sur le désarroi comme la mouche verte sur la charogne » disait le grand Cavanna.

    - Ouais… Victor, je crois que je suis moi aussi βλάκαςφοβίας, crétinophobe.

    - Allez, à la nôtre, nous qui sommes κρασίφίλος, c’est-à-dire amis du vin !


    Illustration: merci au regretté Chimulus

  • Ouiquinde gastronomique : les quenelles!

    quenelles nantua.jpg

     

    Comment peut-on laisser la superbe quenelle

    Être dégueulassée par des mains criminelles ?

    Cette douceur oblongue, célèbre à Nantua,

    Fille de Lucullus et de Gargantua

    Représente pour moi le bonheur des papilles

    Et non quelque vulgaire Hitler de pacotille.

    - Oh ! Victor, calme-toi, tu deviens chatouilleux !

    - Foin de ces konneries, redevenons sérieux.

    On va donc préparer, pour ce soir, des quenelles

    Ces filles de l’amour sont aussi…queue’n-elle !

    Versez dans une casserole à fond épais,

    Un quart de litre d’eau, un bloc de beurre frais

    Une pincée de sel et montez à bouillir ;

    Deux hectos de farine et tournez sans mollir

    Jusqu’à ce que la pâte se dessèche un bon peu ;

    Incorporez alors trois beaux œufs, hors du feu.

    Lorsque la pate est tiède, faites-en un boudin

    Sur un plan fariné, la roulant dans vos mains.

    Sectionnez l’appareil oblong en six portions

    Que vous allez rouler, avec grand attention,

    Pour en faire, à la main, six accortes quenelles.

    Dans de l’eau frémissante, pochez alors les belles,

    Dès qu’elles remontent, seules, à la surface

    Mettez-les dans un plat, disposées en rosace.

    Réservez-les au chaud et attaquez la sauce.

    Au mortier et pilon, et sans être flemmard,

    Concassez les carcasses et pinces de homards

    Dans de l’huile d’olive, cinq minutes, à feu vif,

    Vous faites revenir votre dispositif,

    Rajoutez de l’oignon, du poireau émincé,

    Laissez cuire, en tournant, cinq minutes tassées,

    Singez à la farine, puis mouillez aussitôt

    Au fumet de poisson, vin blanc sec et Pineau.

    Pressez trois gousses d’ail, concentré de tomate,

    Du piment d’Espelette et quelques aromates

    (Persil, thym et laurier), laissez cuire sans hâte.

    En milieu de cuisson ajoutez poivre et sel,

    Buvez un coup de blanc pour vous remettre en selle.

    Un quart d’heure plus tard, vous passez au chinois

    En pressant bien les ingrédients sur les parois.

    Nappez de cette sauce votre plat de quenelles,

    Et alors le bonheur vous prendra sous son aile.

    Cessons pour aujourd’hui ce conte culinaire,

    Ma tripe est assoiffée, remplis raz bord mon verre,

    De ce nectar divin de la Coste-du-Rhône

    Et laisse près de moi la coupe et la bonbonne.

     

     

    Photo X – Droits réservés