Le 11 septembre 1973 au matin, les trois armées factieuses attaquent la « Moneda, siège du gouvernement chilien régulièrement sortie des urnes. Salvator Allende, le président élu, se suicide (ou est « suicidé ») dans son palais. Ses dernières paroles radiodiffusées furent : « Continuez et sachez que s’ouvriront bientôt les grandes avenues où l’homme digne s’avancera pour construire une société meilleure.
Les grands profiteurs et exploiteurs du pays, alliés à l’armée et à la police fomentèrent un coup d’état militaire sous la direction d’Augusto Pinochet, une caricature de troufion borné au nom d’opérette. S’ensuivirent la dissolution du Congrès national, des conseils municipaux, des syndicats et des partis politiques. La liberté de la presse fut abolie, le couvre-feu instauré.
Dès lors la barbarie de la soldatesque donna toute sa mesure sanglante : des dizaines de milliers de militants parqués dans le Stadio nacional, les doigts du chanteur Victor Jara sectionnés à la hache (« Et maintenant, joue de ta guitare ! »), les rumeurs de tortures et d’assassinats en masse, l’agonie de Pablo Neruda dans sa maison pillée...
Le Chili s’enfonça dans une nuit sanglante de 17 ans…
Derrière ce désastre, derrière cet attentat terroriste contre la démocratie, un pays : les Etats-Unis d’Amérique et un assassin qui sera couronné du prix Nobel de la paix : Henri Kissinger…
Alors les tours du World Trade Center… Va fan culo !
God blesse America
Pourquoi donc riez-vous ?
Et applaudissez-vous ?
Sitting Bull le guerrier, et toi Geronimo,
Et les millions d’Indiens chassés comme animaux,
Massacrés par le plomb, par la croix, par la gnole,
Par les loques données chargées de variole.
Pourquoi donc riez-vous ?
Et applaudissez-vous ?
Lorsque s’écroule en feu le World Trade Center,
Orgueil de la nation des voleurs de vos terres …
Pourquoi donc riez-vous ?
Et applaudissez-vous ?
Esclaves noirs trimant dans les champs de coton,
Achetés, exploités et payés au bâton,
Humiliés, niés, traités pire que bêtes
Par des culs bénis blancs crispés sur leur gâchette.
Pourquoi donc riez-vous ?
Et applaudissez-vous ?
Lorsque s’écroule en feu le World Trade Center,
Orgueil de tous ces Wasps qui ont forgés vos fers…
Pourquoi donc riez-vous ?
Et applaudissez-vous ?
Salvador Allende, du fond de ton tombeau,
Et vous, Chiliens, assassinés par les Rambo
Lâchés sur vos richesses comme des chiens féroces
Pour que vos exploiteurs puissent rouler carrosse.
Pourquoi donc riez-vous ?
Et applaudissez-vous ?
Lorsque s’écroule en feu le World Trade Center,
Orgueil des spadassins de Henri Kissinger…
Pourquoi donc riez-vous ?
Et applaudissez-vous ?
Paysans communistes nés en Indonésie.
Vous étiez un million accusés d’hérésie,
Massacrés pour avoir soutenus Sokarno
Alors que les yankees préféraient Suharto.
Pourquoi donc riez-vous ?
Et applaudissez-vous ?
Lorsque s’écroule en feu le World Trade Center,
Orgueil du dollar roi qui nourrit les gangsters…
Pourquoi donc riez-vous ?
Et applaudissez-vous ?
Héroïques soldats paysans du Viet-Nam.
Vous avez écrasé l’armée de l’Oncle Sam,
Vous avez triomphé de cette soldatesque
De violeurs, de tueurs et de pasteurs grotesques.
Pourquoi donc riez-vous ?
Et applaudissez-vous ?
Lorsque tombent enfin les murs du Pentagone,
Vains remparts de la vanité anglo-saxonne…
Pourquoi donc riez-vous ?
Et applaudissez-vous ?
Enfants crevants de faim des faubourgs irakiens,
Disputant la pitance aux vautours et aux chiens,
Depuis que la « croisade » menée par l’Oncle Sam
Massacre les civils pire qu’au temps de Saddam.
Pourquoi donc riez-vous ?
Et applaudissez-vous ?
Lorsque tombent enfin les murs du Pentagone,
Qui vous envoie missiles et bombes félonnes…
Pourquoi donc riez-vous ?
Et applaudissez-vous ?
Paysans, ouvriers, écoliers yougoslaves,
Que les bombes yankees écrasaient dans les caves,
La défense du “ Droit ” fut un bon alibi :
L’ordre americana règne sur la Serbie.
Pourquoi donc riez-vous ?
Et applaudissez-vous ?
Lorsque tombent enfin les murs du Pentagone,
Qui ne supporte pas de pensées autochtones.
Pourquoi donc riez-vous ?
Et applaudissez-vous ?
Civils vitrifiés par la Bombe yankee
Rayant Hiroshima comme Nagasaki
Non pas, comme il fut dit, pour terminer la guerre
Mais pour tester sur vous les horreurs nucléaires.
Pourquoi donc riez-vous ?
Et applaudissez-vous ?
Lorsque les feux du ciel par des mains fanatiques
En un bouquet de mort tombent sur l’Amérique.
Relève-toi ! Debout, peuple des Zuhessa !
Libère-toi des fers, des chaînes de forçats
Dans lesquels te maintient l’ultra capitalisme
Par sa télé débile et son consumérisme.
Renverse le pouvoir aveugle du dollar
Et celui des banquiers et boursiers vicelards.
Rafale les “ chairmen ” des multinationales
Qui ravagent le monde par leurs actions bestiales.
Demande-toi enfin, réflexion citoyenne,
Pourquoi donc ton pays suscite tant de haine !
Redevient cet ami qui nous a fait rêvé,
Qui a laissé sa vie pour venir nous sauver.
Tu viens du monde entier, partout tu as des frères.
Valent-ils moins que toi ? Arrache tes œillères
Afin que la statue prénommée Liberté
Ne tourne plus le dos à la Fraternité.
VictorAyoli
Illustration: Merci au regretté Jacobazzi