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art de vivre - Page 33

  • Vive l'année VINVIN !

    Une année à déguster sans modération

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    Amies, amis !

    Que 2020, l'année VINVIN soit une anno vinum à déguster sans modération !

    Je nous souhaite de boire, manger, baiser, fumer, pétarder, prendre son pied de toutes manières.

    Je nous souhaite plein de foie gras, de gras-double, de tripes à la mode de Caen ou de Provence, de tripoux de Lozère, de pintades farcies aux truffes et de tourne-dos-Rossini.

    Je nous souhaite plein de cochonnailles chaudes et odorantes, de caillettes, de sauciflards, de jambons à l'os.

    Je nous souhaite d'entendre avec les yeux qui pétillent et les papilles qui vibrent le pop léger et festif d'un bouchon qui saute, qu'il soit de Côtes-du-Rhône, du Languedoc, de Bourgogne, de Bordeaux, d'Alsace, de la Loire et même d'Italie, d'Espagne, de Hongrie, du Chili...

    Je nous souhaite plein d'amours, qu'elles soient sentimentales ou vénales. Avec de gros nichons et de gros culs pour les hommes, de gros pafs solides et vigoureux pour les femmes.

    Je nous souhaite de l'espoir si nous sommes malades, du réconfort si nous sommes déprimés et de la sérénité si la Camarde nous fait de l’œil et que le trou nous guette.

    Je nous souhaite même du travail pour ceux qui aiment ça, mais aussi et surtout le pognon minima pour vivre (revenu universel, pourquoi pas ?)

    Je nous souhaite beaucoup d'humour, de provocations, de rires, d'impertinence, d'insolence, de blasphèmes contre toutes les névroses collectives appelées religions.

    Je nous souhaite de rire à s'en faire péter l'embourigue en se moquant de tous les « dieux », de Jésus, d'Allah, de Jéhovah, de Vishnou, de Bouddha, d'Odin, de Râ, de Jupiter, de Zeus et même de Mitterrand (qui fut dieu en son temps !). Tiens, il n'y a que des mâles parmi ces tyrans de l'esprit...

    Je nous souhaite une presse libérée des marchands d'armes et de béton, avec plein de nouveaux Cabu, de nouveaux Wolinsky, de nouveaux Charb, de nouveaux Tignoux.

    Et une mention particulière Siné à qui je souhaite, dans les vignes du seigneur, plein de canons, pleins de jolis culs de femmes à peloter, pleins de dessins iconoclastes à faire.

    Je nous souhaite plein de livres « à l'index », plein de tableaux boutefeux, de musiques étranges, de ballets provocateurs.

    Je nous souhaite plein de spectacles grivois, « osés », blasphématoires.

    Je nous souhaite plein de Rabelais, plein de Molière, plein de François Villon, plein de Diderot, plein de Voltaire.

    Je nous souhaite plein de Brassens, plein de Ferré, plein de Desproges, plein de Jean Yanne, plein de Pierre Dac, plein de Coluche.

    Je nous souhaite plein de Chaplin, plein de Mocky, plein de Rivette, plein de Pasolini, plein de Marco Ferreri, plein de Woody Allen

    Je nous souhaite plein de Jean Jaurès, plein de Léon Blum, plein de Mendès-France, plein de Mandela.

    Et je ne nous souhaite pas de Trump bien sûr, pas de Le Pen même au féminin, plus de Macron à la prochaine gare, mais qui trouver dans le désert sinistre ?

    Bonnes années (au pluriel), et large soif pour vous et ceux qui vous aiment et que vous aimez !

     

    Victor Ayoli !

     

    Illustration: merci à Geluck - agenda 2020

  • Pour terminer l’année : Histoire de culs

     

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    Il y a quelques années, un ami parisien, connaissant mes goûts pour le fondement des choses, m’a amené en un lieu savoureux entre tous, le Musée de l’érotisme, qui dispensait ses trésors quelque part à Pigalle. Sur six étages on y découvrait photos ou publicités des lupanars célèbres des années 1930, un kâma sutra indien, d’innombrables phallus en bronze ou en bois d’Afrique, de Thaïlande ou d’ailleurs, un automate musical français de la fin du XVIIIe siècle représentant deux personnages en plein acte sexuel, des poupées russes obscènes, des dessins coquins de Wolinski, des sculptures et gravures érotiques du monde entier…

    Ce lieu, hélas, n’a pas résisté à la folie des loyers et a dû ferme ses portes…

    Mon ami m’a fait connaître ce discret temple du bonheur à l’occasion d’une exposition sur les fesses, signée Alexandre Dupouy, auteur d’une Anthologie de la fessée et de la flagellation (éd. La Musardine), grand collectionneur de clichés anciens. Ce fut l’occasion de passer en revue quelques millions d’années d’histoire de fesses.

    Parmi les 193 espèces vivantes de primates, une seule, l’espèce humaine, possède des fesses. C’est une caractéristique anatomique unique. D’après Yves Coppens, l’apparition des fesses date d’il y a trois ou quatre millions d’années — en Tanzanie — quand l’australopithèque afarensis (Lucy) adopte la marche bipède.

    Un animal obtient cependant l’honneur de voir son arrière-train nommé « fesses ». Lequel ? Pour le savoir, continuez à lire.

    Alfred Binet (1857-1911) observe que chez l’homme la morphologie de la fesse est dominée par les muscles fessiers, et chez les femmes par des tissus graisseux « harmonieusement » répartis, qui — comme la bosse du chameau — servent de ration alimentaire d’urgence. Normal : les hommes ont 20 milliards de cellules graisseuses, contre 40 milliards chez les femmes.

    Pour attirer les mâles, les femmes préhistoriques étaient stéatopyges, c’est-à-dire dotées de fesses monstrueusement énormes. Si énormes, que les mâles seraient passés de la position en levrette à la position du missionnaire… D’après le philosophe Desmond Morris, les seins des femelles humaines auraient alors pris du volume pour rappeler par mimétisme un gros cul…

    Dans le chapitre sur l’art de griffer, les Kama-sutra (manuel de savoir-vivre écrit entre le IVe et le VIIe siècle) précisent qu’on peut marquer les fesses dans l’ardeur de la passion. Parmi ces marques, citons : la griffe du tigre, le pied de faon ou la feuille de lotus. Ce sont des signes de possession.

    Le mot « derrière » apparaît en 1080. Il vient du latin deretro composé de retro (en arrière) et reste d’abord cantonné au vocabulaire militaire pour indiquer les bases arrières d’une armée : « C’était donc plutôt un soutien de renfort », explique Jean-Luc Hennig, historien et critique d’art de la fesse.

    Le mot fessée ne vient pas du mot fesse (fissa, la fente) mais de l’ancien français faisse qui désigne les courroies avec lesquelles on administre la correction. En 1498, fesser veut dire flageller, ce qui — pour Anatole France — est la « meilleure façon de faire entrer les vertus par le cul ».

    En 1532, Luther — tourmenté par des visions nocturnes — dit au diable : « Lèche-moi le cul. » Au Moyen-Âge, on pense en effet que le diable — privé de fesses — est jaloux de nos postérieurs. Pour se protéger des forces du mal, les Allemands mettent leurs derrières aux portes et aux fenêtres pendant les orages.

    Les Italiens, spécialistes du pinçon, distinguent le pizzicato (pincement sec et rapide, avec deux doigts, pour débutants), le vivace (vigoureux, avec plusieurs doigts en rapides torsions) et le sustenuto (pincement rotatif soutenu et prolongé). En France, l’hommage des mains aux fesses se disait « patinage » au XVe siècle, « pelotage » au XVIIe puis, vers 1890, « la main au panier ».

    En 1602, le père Sanchez indique que la seule position acceptable pour faire l’amour — aux yeux de l’Église — est la position du missionnaire. La position « en levrette » est impie car la vue du « podex » occasionne un surcroît de plaisir et peut même inciter le lubrique à coïter « hors du vase » réservé à la procréation.

    À part les tatouages, il n’existe au monde qu’une seule forme recensée de décoration de fesse. Au XVIIIe siècle, l’Anglais John Bulwer, rapporte en effet dans L’Homme Transformé : « J’ai souvenir… d’un certain peuple qui, par une forme d’absurde bravoure, se fait des trous dans les fesses où l’on suspend des pierres précieuses. Ce qui doit être une mode fort peu commode et fort préjudiciable à une existence sédentaire. »

    Le cul le plus connu de la peinture française appartient à Miss O’Murphy : en 1752, cette jolie vierge délurée pose pour Boucher, à plat ventre sur des coussins, le cul cambré et les cuisses écartées dans une pose charnue qui lui attire les foudres de Diderot et… les faveurs du roi Louis XV. L’Odalisque blonde (titre du tableau) devient maîtresse royale grâce à ses fesses.

    Au XVIIIe siècle, Goya peint la duchesse d’Albe, nue, allongée sur lit, dans un tableau titré Maja desnuda qui fait fantasmer toute l’Espagne. Dans son roman Sade, Sainte Thérèse, Pierre Bourgeade raconte qu’un lieutenant de la garde — désespéré de ne pouvoir la voir de dos — se suicida devant le tableau.

    1770 : Jean-Jacques Rousseau découvre le plaisir sexuel en recevant une fessée sur les genoux de sa tante (Les Confessions). Il faut savoir que, jusqu’au XVIIe siècle, la punition corporelle s’applique au-dessus des reins : sur le dos. Puis, comme attirée vers des régions plus expressives, plus sensuelles, elle vise cette zone « apte à la rougeur », où va se nicher la pudeur offensée. L’humiliation de la déculottée double le châtiment corporel d’un sentiment trouble de transgression.

    Vers 1810, Géricault dit « J’aime les hommes aux grosses fesses. » Pour trouver ses modèles, il traîne dans les écuries impériales de Versailles. Les chevaux — et ceux qui les montent — lui inspirent des visions viriles, musclées, de cavaliers aux croupes superposées sur celle de leur monture en de suggestives chevauchées. Géricault devient le peintre absolu du cul triomphant.

    En 1894, « avoir le cul sur le visage » signifie avoir une mine florissante de santé. Comme quoi le cul peut être synonyme de gaieté. En 1914 les expressions le confirment : « avoir le cul verni », « avoir du fion », « avoir du bol » ou « avoir une chance d’enculé ».

    D’une femme qui bouge bien, on dit qu’elle remue de la croupière, travaille du cul, marche sur des œufs, trémousse du valseur, ondule de l’anneau, tortille du popotin, etc. Balzac parle de « torsion lascive » et Léo Ferré dit « Ton style, c’est ton cul ».

    En 1864, Alfred Delvau, qui a le sens du calembour, dit que la fesse et la femme sont toutes deux des moitiés. À la même époque, on désigne les bordels sous le nom peu flatteur de « magasin de fesses ». Les mots fesse et femme semblent en effet avoir les mêmes origines latines : culus-cunus («cul-con »).

    Entre 1890 et 1940, c’est la folie de la fessée : il sort entre 700 et 800 parutions « flagellationistes », romans coquins à déculottade et percutants récits d’éducation anglaise… « Historiquement, la "mode" de la fessée est souvent liée à la montée du féminisme, explique le psychanalyste Jean-Pierre Bourgeron. Dans les années 30, quand les femmes se coiffent à la garçonne, revendiquent le droit de vote et deviennent androgynes, les hommes prennent leur revanche en faisant panpan-cul. »

    En 1919, Marcel Duchamp colle une moustache sur La Joconde et appelle ce tableau L.H.O.O.Q. Et si La Joconde était un cul ? Vue dans un miroir, ses lèvres révèlent en effet deux fessiers masculins ! Léonard de Vinci, accusé d’homosexualité en 1476, aurait donc dissimulé dans ce portrait son amour des éphèbes aux belles fesses ? Il disait lui-même qu’une peinture est plus belle vue dans un miroir.

    Dans les années quarante, Dali s’entoure de femmes aux beaux culs. « Par le cul les plus grands mystères deviennent sondables », dit-il. Il prétend avoir découvert une analogie entre les fesses d’une de ses invitées et le continuum universel qu’il appelle alors « continuum à quatre fesses » (c’est-à-dire l’atome).

    Après les femmes, c’est au tour des hommes de se faire bien châtier. Dans les années cinquante, Eric Stanton, dessinateur de génie, publie ses illustrations de « Guys in gowns » (mecs en nuisette) et de « male maid » (soubrette à quéquette) déculottés et martyrisés par des dominatrices… « Frappez votre homme. Vos ongles rouges s’accordent si bien avec la couleur de son derrière ! »

    En 1963, Godard tourne la fameuse scène du Mépris («Et mes fesses, tu les aimes mes fesses ? ») à la demande expresse des producteurs. Mais il la place dès le début du film… Pour en finir avec les fesses de Brigitte Bardot.

    En avril 1986, le cannibale Issei Sagawa raconte à un journaliste qu’après avoir tué son amie Hollandaise il lui a mangé la fesse droite : « Comme c’était très bon, j’en ai mangé une grande quantité. Il faut dire que pour moi les fesses sont la partie la plus attirante du corps de la femme. »

    Pour se refaire les fesses, certaines femmes ont recours aux prothèses de fesse en silicone solide. Un seul problème : certaines, en s’asseyant, font partir la silicone dans les cuisses, obtenant une culotte de cheval. « C’est ce qu’on appelle en terme médical une migration de la silicone, explique Jean-Luc Hennig (Brève histoire des fesses, éd. Zulma). Ou plus simplement une coulée de fesse ».

    Le photographe Jean-loup Sieff affirme préférer les fesses aux visages parce que « c’est la partie la plus secrète, la plus émouvante, c’est celle qui se souvient, qui est tournée vers le passé, alors que nous allons inexorablement de l’avant, et qui regarde le chemin parcouru. »

    Voilà. Et sachez Mesdames que certaines d’entre vous, bénie par Cupidon et Aphrodite sont tellement callipyges qu’on peut dire qu’elles s’assoient sur une œuvre d’art.

    Eh ! Victor, crois-tu que cette chronique restera dans les annales ?


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  • Les pères Noël « Gilets jaunes » !

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    Dans une pièce quelque part dans le Grand Nord se tiennent quatre personnages. Au centre, un homme d’affaires avec l’uniforme de sa fonction : costumes sombres, cravate, attaché-case. Il fait les cent pas nerveusement. À ses côtés, trois pères Noël qui, sur leur robe rouge, on enfilé un gilet jaune. Sur lequel ils ont écrit au large feutre « EN GRÉVE »

    L’homme d’affaires, fou de rage, les tance :

    - Non mais qu'est-ce que c'est que ce déguisement ? Un gilet jaune. Non mais je cauchemarde. Anarchistes ! Bolchéviques ! Français ! Messieurs les pères Noël, votre attitude est inadmissible ! Vous mettre en grève, dans le monde entier, la veille de Noël ! C’est un coup de force inacceptable. FIRED ! VIRES ! Virés ! Tous ! Vous allez tous être virés ! Un plan social planétaire !

    Auriez-vous oublié, Messieurs que c’est nous — le monde des affaires, les usines de jouets, le grand commerce — qui vous avons créés ? Qui vous avons inventés pour servir les intérêts de nos actionnaires ?

    Auriez-vous oublié que vous n’avez d’autre légitimité que celle du commerce ? Votre existence même est liée à l’efficacité avec laquelle vous incitez les enfants, et surtout leurs parents à acheter, acheter, ACHETER ! Acheter toujours plus de jouets toujours plus chers, toujours plus compliqués. Ceci afin que nos usines tournent, que nos établissements vendent, que nos profits se gonflent. Pour le plus grand bien de nos actionnaires, les retraités américains. Votre seule fonction est de faire en sorte que les enfants engraissent les retraités du Wisconsin et de Dallas ! Compris ?

    Le PNGJ - père Noël gilet jaune - le plus barbu prend alors la parole :

    - Nous savons pertinemment que c’est vous, les gens des affaires, qui nous avez inventés. Nous savons très bien que nous n’avons pas de légitimité religieuse ou mythique, comme Saint-Nicolas, comme la Babouchka, comme la Béfana. Autant de personnages sympathiques, reflets de cultures ancestrales à travers le monde, et que vous avez — à travers nous — ridiculisés, ringardisés et jetés aux oubliettes. Nous savons tout cela.

    - Alors fermez-la et travaillez ! Travaillez ! Vous m’entendez ? Jetez-moi à la poubelles votre insupportable gilet jaune et allez TRAVAILLER ! Le TRAVAIL ! Le TRAVAIL ! Pour notre PROFIT. Il n'y a que ça. Prenez vos rennes — un troupeau dont l’entretien toute l’année nous coûte des containers de dollars. Tout comme ce siège social en Laponie, dans le grand nord de la Suède. Enfin, encore ça, c'est de la promo, pour bourrer le crâne des gogos. Prenez vos rennes et partez livrer les produits de nos usines qui font travailler des enfants chinois. Nous avons investi en promotion et publicités des milliards et des milliards. Ce n’est pas pour que le profit qu’en attendent nos actionnaires soit mis à mal par les états d’âme d’employés subalternes tels que vous !

    - Non. Nous ne travaillerons pas cette nuit de Noël. Nous refusons de continuer à nous faire les complices d’une gigantesque opération de racket mondial et d’abrutissement de l’enfance. Nous ne livrerons pas vos jeux électroniques basés sur la violence et la mort. Nous ne livrerons pas tous ces gadgets, très chers, trop chers, qui ruinent les parents et n’intéressent que peu les enfants.

    - Ggrrrr ! ! ! ! C’est une catastrophe ! Nos profits ! Mes stock-options ! Avec le mal que nous nous donnons depuis des années pour imposer aux enfants l’usage de nos jeux électroniques…

    - Nous qui connaissons les gosses, nous qui voyons le rêve dans leurs yeux la veille de Noël, savez-vous ce que nous avons remarqué ? C’est que les enfants, au matin tant attendu jouent surtout… avec les cartons d’emballage des jouets coûteux que vous leur imposez ! Voilà pourquoi nous refusons dorénavant de nous faire les complices de votre entreprise de négation du rêve, de négation de toute culture. Nous refusons — nous, pères Noël du monde — d’être vos instruments dans cette entreprise d’acculturation mondiale : partout une seule et même musique, partout les mêmes jouets chers et tuant l’imagination, partout une seule idéologie, celle de l’argent, du fric, du pognon.

    Nous voulons, nous, pères Noël, que les enfants du monde rêvent, réfléchissent, s’épanouissent dans la diversité et la richesse de leurs cultures.

    - Mais c’est une révolution ! Apprendre à réfléchir aux gosses… Puis quoi encore ? Ont-ils besoin de réfléchir pour devenir de bons consommateurs adultes ? Bien dociles et réceptifs à nos messages publicitaires ? Mais vous voulez tout foutre en l’air, ma parole ! Mes profits… Mes stock-options…

    Avec tout l’argent que nous dépensons dans les télévisions, dans les ordinateurs, dans les play-stations pour empêcher les gens de réfléchir. Pourquoi pas la liberté, l’égalité, la fraternité puisque vous y êtes ? Révolutionnaires ! Sans-culottes ! Anarchistes ! Bolchéviques ! Gilets jaunes ! Français ! Vous allez nous ruiner avec vos dangereuses utopies ! Mais pour qui vous prenez-vous ?

    - Pour des gens qui ont une grande responsabilité. Bien sûr, nous sommes vos créatures, mais nous tenons maintenant notre légitimité de notre succès. Des millions d’enfants du monde croient en nous et nous attendent avec espoir, la tête pleine d’étoiles. Nous ne pouvons pas les décevoir. Nous ferons donc notre tournée cette année encore…

    - Ah ! Enfin une bonne parole ! Alors finis de jaser pour ne rien dire. Remplissez vos hottes, vos traîneaux, atteler vos rennes et, Oust ! Partez !

    - Je crois que nous nous sommes mal compris. Nous allons faire notre tournée, mais pas pour livrer vos niaiseries. Nous allons porter aux enfants du monde des messages d’intelligence, des ferments de liberté, des gages d’égalité, des élans de fraternité.

    - Ah ! Ah ! Laissez-moi ricaner… Et comment donc ?

    - N’oubliez pas que nous sommes en Scandinavie, patrie des célèbres Prix Nobel. Eh bien nous, nous allons créer les « Prix Noël » ! Nous allons livrer dans les cheminées des enfants du monde des Livres ! Des LIVRES ! Car c’est dans les Livres que se trouve le Savoir, l’Intelligence, la Tolérance, la Concorde, l’Entraide, l’Amitié et l’Amour entre les enfants, entre les Hommes.

    Tandis que l’homme d’affaires se ronge les poings en morigénant, les pères Noël s’en vont, leurs hottes pleines de livres, au trot tintinnabulant de leurs rennes ailés.

    Rêve ? Heureusement qu’il reste le rêve : la dernière liberté…



    Victor Ayoli

     

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