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art de vivre - Page 10

  • BONS BOUTS D'ANS !

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    Je vous, je nous souhaite non pas une bonne année, c’est trop restrictif et radin, mais de BONNES ANNÉES !

    Je vous, je nous souhaite que notre viande – pas celle qui nous nourrit, celle qui nous constitue - soit saine. Enfin, la plus saine et la moins covidée possible.

    Je vous, je nous souhaite que nos cervelles fument bien.

    Je vous, je nous souhaite des torrents de rires.

    Je vous, je nous souhaite que la bouffe soit bonne, abondante et variée.

    Je vous, je nous souhaite de boire, manger, baiser, fumer, pétarder, prendre son pied de toutes manières.

    Je vous, je nous souhaite plein de foie gras, de gras-double, de tripes à la mode de Caen ou de Provence, de tripoux de Lozère, de pintades farcies aux truffes et de tourne-dos-Rossini.

    Je vous, je nous souhaite plein de cochonnailles chaudes et odorantes, de caillettes, de sauciflards, de jambons à l'os.

    Je vous, je nous souhaite d'entendre avec les yeux qui pétillent et les papilles qui vibrent le pop léger et festif d'un bouchon qui saute, qu'il soit de Côtes-du-Rhône, du Languedoc, de Bourgogne, de Bordeaux, d'Alsace, de la Loire et même d'Italie, d'Espagne, de Hongrie, du Chili...

    Je vous, je nous souhaite que l’amitié, la générosité, la tolérance nous réchauffent.

    Je vous, je nous souhaite que l’Amour nous fasse chanter la viande dans une lumière bleue où crépitent des étincelles d’or.

    Je vous, je nous souhaite à tous, nous les Humains, poussières d’étoiles ou fiente du cosmos, des palanquées de bonheurs.

    Je vous, je nous souhaite ce bonheur, toujours furtif, dont on s’aperçoit – comme disait Prévert - qu’il existe au bruit qu’il fait lorsqu’il s’en va.

    BONNES ANNÉES et longo maï.

    A l’an qué vèn

    E qué si sian pas maï, o men siguèn pas mens !



    Et puis, après avoir fêté cet étrange Bout d'An omicroné :

    Ne te cuite pas (de Jacques Brel et Victor Ayoli)

     

    Ne te cuite pas,

    Ne te cuite pas,

    Fais gaffe à ton foie

    Ne te cuite pas,

    Ne te cuite pas

    Comm’ la dernièr’ fois

     

    Tu étais rentré bourré de Tavel

    A six heur’ du mat’ comme un infidèle

    Tu te trimbalais une tel’ biture

    Que t’arrivais pas à trouver la serrure

    Tu as renversé les quatre fauteuils

    Si j’étais descendu, j’te dit pas l’accueil

    Ne te cuite pas

    Ne te cuite pas

    Ne te cuite pas

     

    Ne te cuite pas,

    C’est pas rigolo,

    Espèce de soûlot,

    Ne te cuite pas

    Je suis tracassée

    Quand t’es fracassé

     

    Et quand t’as voulu aller au pissoir

    Bé, tu as ouvert la porte de l’armoire

    Tu as pissé sur mes piles de draps

    Dans la penderie

    Sur mes beaux habits

    Quand tu as voulu venir dans mon lit

    Je t’ai repoussé dans ton dégueulis

    Ne te cuite pas

    Ne te cuite pas

    Ne te cuite pas

     

    Et puis y’a moins drôle

    Prend pas ta bagnole

    Imbibé de gnole

    Ne te cuite pas

    Ne te cuite pas

    Ne te cuite pas

    Tu peux te tuer

    Tu peux me tuer

    Tu peux massacrer

    Et verser le sang

    De gens innocents

    Ne te cuite pas (ter)

     

    Illustration: merci à Philippe Geluck



  • Au bistro de la Toile : la journée des chiottes ! Enfin, des toilettes...

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    - Oh ! Victor, ça fait plaisir de te revoir. Je sais la raison de ton absence qui nous touche tous dans mon rade. On est tous de cœur avec toi.

    - Eh ouais les amis. Nicole est partie… Me laissant un vide abyssal tellement nous étions ensemble tout le temps. Trente-huit ans de vie commune, d’amour fusionnel...

    C’est comme ça.

    Elle n’était pas malheureuse malgré cette horreur d’Alzheimer. J’arrivais à la faire rire et à égayer sa vie.

    J’ai eu la chance d’être soutenu sans réserve par son fils, d’être entouré d’une famille unie et active à mes côtés, d’amis solides, dévoués et efficaces, ainsi que des formidables équipes de jeunes femmes du SSIAD, de l’Accueil de jour et de l’association Présence 30 qui nous apportaient, tant à Nicole qu’à moi, non seulement leur compétence mais aussi et surtout leur enthousiasme, leur sourire, leur générosité, car elles font un métier difficile, pas assez valorisé, alors que leur matière première, c’est de l’humain.

    Mille mercis à elles.

    L’épreuve de Nicole m’a permis de me découvrir des qualités de patience, d’écoute, d’altruisme, de générosité que je ne me soupçonnais pas.

    Merci à elle.

    Dans les derniers temps, elle m’a offert encore quelque chose de formidable : un sentiment que les hommes ne connaissent pas et ne peuvent pas connaître, celui d’une maman pour son bébé, d’une mère-poule prête à tout pour défendre bec et ongle son poussin.

    Quel merveilleux cadeau !

    Voilà. Je me remonte. Je suis solide et ne baisse jamais les bras. Tè, mets une tournée générale en la mémoire de ma Lionne. Et raconte-moi quelque chose de plus gai.

    - Tè, aujourd’hui, c’est la Journée internationale des chiottes ! Et aussi, en même temps comme dirait l’Autre, la Journée internationale des Hommes. Drôle de rapprochement.

    - Peut-être parce que certains hommes ont des goûts de chiotte. Où que d’autres, adeptes de la junk-bouffe yankee sont des mange-merde. Tiens, ça me rappelle une histoire, celle des cochons de merde que nous faisait griller Jésus-le-Cuistot à Goa, du temps où j’étais hippie. Le Jésus dont je vous cause, c’était une fleur çuila ! Un grand blond, frisé, à la peau blanche, avec quatre poils au menton. Costaud comme le granit de sa Bretagne natale. Une force de la nature. Lui, sa défonce, à part le hasch évidemment, comme tout le monde, c’était la bouffe ! Il se défonçait non seulement à bouffer, mais à faire la Cuisine ! Fabuleux ! Son livre de chevet, c’était un livre de cuisine : « La physiologie du goût » de Brillât-Savarin ! Il partait parfois deux, trois jours méditer dans les dunes avec son bouquin. Puis il nous faisait des petits plats que je vous en dis que ça ! 

    Une de ses spécialités, c’était le cochon de merde rôti à la broche.

    - Le cochon de merde ?

    - Ouais ! Le cochon de merde ! Sur la plage traînaient des dizaines de cochons noirs qui appartenaient aux pêcheurs. Ils participaient, tout comme les gros corbeaux, les vautours et les chiens jaunes pelés, à la voirie ! Ils bouffaient tous les détritus qu’ils trouvaient, mais avec une prédilection marquée pour la merde des habitants. Les cagoinces, sur la plage de Calangute, c’étaient une petite boite rectangulaire, faite avec quatre claies de feuilles de palmiers tressés, posées verticalement au-dessus de deux pierres sur lesquelles le cagueur posait les pieds pour se ramoner la tripe. Dès qu’ils entendaient le froissement végétal de la porte qui s’ouvrait, les cochons noirs arrivaient en courant, heureux de l’aubaine du succulent gueuleton qui s’annonçait. C’était surtout des porcelets, les gros cochons étant généralement gardés dans un enclos fermé, près des maisons. Pendant que - accroupi, les coudes sur les genoux, les mains te tenant le menton dans la position de grande réflexion qui a inspiré Rodin pour son Penseur - tu coulais, toi aussi, un beau bronze, les petits cochons noirs passaient le groin sous les claies et, entre les pierres, dégustaient les fruits de tes efforts ! Directement du producteur au consommateur ! Et, suprême raffinement, ils te nettoyaient l’oignon de quelques délicats coups de leur langue rose délicieusement râpeuse ! Un bonheur !

    Ce sont ces petits cochons que Jésus nous préparaient soit à la broche, soit encore en civet. Dé-li-cieux !

    Pour boire, nous avions du toddy frais, que les producteurs de Calangute lui livraient directement, de l’arack, du cajou fanny (c’est un tord boyau redoutable fait en distillant des noix de cajou fermentées), du rhum et, pour les grandes occasions, le Jésus se démerdait à trouver quelques bouteilles de son sang : du vin rouge ! Le grand pied !

    - Oh puteng les gars, Il retrouve la forme notre Victor.

    Allez, à la nôtre !

     

    Illustration: merci au regretté Chimulus

     

  • Au bistro de la Toile : une idée merdique.

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    - Oh puteng, Victor, tu tombes bien. Tè, assieds-toi, bois un canon et écoute la perle que je viens de trouver : « À la Stanford School of Medicine, le Wall Street Journal rapporte que des chercheurs sont en train de mettre au point un scanner capable de reconnaître « l'empreinte anale » unique de l’utilisateur, c’est-à-dire les « caractéristiques distinctives de son anoderme », c’est-à-dire la peau du canal anal. »

    - Voilà le progrès Loulle ! Fini les humiliantes prises d’empreintes digitales, vive les empreintes du trou du cul ! Mais comment ils font ces « savants » ?

    - Ben, ils ont installé une caméra à l’intérieur d’une cuvette de chiottes et utilisé des algorithmes d’apprentissage automatique pour associer des échantillons de merdes à des utilisateurs spécifiques, à des chieurs quoi. Le système peut même calculer « le débit et le volume de l’urine en utilisant la vision par ordinateur comme un débitmètre urinaire », selon une publication de 2020.

    - Évidemment, je suppose que les « chercheurs » en question arguent d’un côté utilitaire, altruiste, humaniste de leur « trouvaille ». C’est pour détecter des maladies chroniques et même des cancers qu’ils disent dans The Guardian.

    - Ben voyons. Y a même une autre entreprise, Toi Labs qui recueille, dans son chiotte, une sélection encore plus large de données biométriques. Quel est le poids du chieur ? Comment est-il assis sur le siège ? Le siège peut ensuite analyser des échantillons d’estron « en utilisant des méthodes optiques, en regardant des choses comme le volume, la clarté, la cohérence, la couleur. » - Tout ça pour la bonne cause, bien sûr. On photographie ton trou de balle, on hume, triture, analyse ton estron et ta pisse pour ton bien.

    - Sûr Victor. « Il s’agit essentiellement de comprendre quand une personne présente des schémas anormaux, puis d’être capable de documenter ces schémas et de fournir des rapports qui peuvent être utilisés par les médecins pour aider au traitement d’une variété de conditions », a déclaré Vi Kashyap, le fondateur de cette entreprise merdique.

    - Ça se défend Loulle. Mais moi qui suis un affreux rebroussier, un authentique fouille-merde, je vois autre chose derrière les travaux de ces merdologues distingués. La collecte de données sur des échantillons de merdes et de pisse permet de révéler de nombreuses informations personnelles, jusqu’à la consommation de médicaments – illicites ou prescrits – et des détails sur la santé des personnes. Imagine un monde où les toilettes intelligentes des bureaux seraient capables de dire quels employés sont enceintes, se droguent ou risquent de souffrir de troubles physiques ou mentaux, ce qui impliquerait qu’ils sont potentiellement moins productifs ou sur le point de s’absenter du travail. Je vois le DRH convoquant l’employé et lui disant « Monsieur, ou Madame, votre trou du cul vient de nous apprendre que… etc. En conséquence, nous devons revoir le contrat de travail qui nous lie ».

    Et puis, t’as les compagnies d’assurances qui doivent baver de plaisir : si elles ont accès à ces informations – et elles feront tout pour - elles vont pouvoir moduler leurs tarifs en fonction et, pire, proposer des traitements préférentiels à des personnes par ailleurs en bonne santé !

    - Ouais, t’as raison Victor, c 'est une idée de merde. Tè, pour arroser ça, je te propose un « Vin de merde ».

     

    chiotte

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