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art de vivre - Page 23

  • Avignon sans son Festival… Masquée et « emmasquée ».

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    La place de l'Horloge VIDE !

     

     

    - Alors Loulle, tu déconfines ?

    - Tu sais Victor, nous, les mastroquets, nous sommes habitués à être confinés dans notre rade. Pour vous apporter de la joie, de la convivialité, voire du réconfort lorsque vous avez le tracsir. Mais on est fermé depuis deux mois… Voilà pourquoi vous me manquez, toi, Bert, Ali, Jeannot, Nadia-carte-bleue, la grande Jeannine et même les jeunes glandeurs qui passent leur temps derrière l’écran timbre-poste de leur étrange machine…

    - La ville n’est plus la même Loulle. Les rues sont quasi vides malgré la levée partielle et peut-être provisoire de l’assignation à résidence. Et puis, tiens regarde-les les survivants de la covid, regarde-les marcher avec leur muselière, évitant soigneusement l’autre, ne parlant que par onomatopées incompréhensibles sous leur barrière textile. C’est la burka pour tout le monde.

    - Et puis cette année Victor, oualou pour le Festival… Coronaviré le Festival. Interdits de séjour les artistes et les festivaliers…

    - Eh ouais Loulle. Cette année, Avignon ne sera pas cette somptueuse salope, alanguie au bord du Rhône et cambrée sous les caresses du mistral, qui s’ouvre et qui s’offre pour son grand rut de l’été. Abstinence cette année. On ne verra pas, comme chaque année, à l’intérieur du collier de pierres blondes des remparts une foule cosmopolite et bigarrée d’artistes et de touristes, d’intellos et de clodos, de saltimbanques et de rêveurs, de poètes et de voleurs, tous attirés comme les éphémères par la flamme vers cette scène planétaire de l’illusion théâtrale, ce grand marché du rêve.

    - Nostalgie Victor… D’habitude, près de note rade, ou chez Tony, place de l’Horloge, c’est un tourbillon de couleurs et de bruits, un forum grec où la cité festivalière joue, chante, danse, boit à longs gorgeons des nectars anisés odorants et capiteux sous l’ombre bruissante des platanes aux larges poitrails. Ici, les monuments, les livrées et les tours semblent fumer sous la tremblante réverbération des murs gorgés de lumière.

    - Ouais… Cette année il n’y aura que les cigales qui auront soif à force de déclamer leur staccato d’amour dans les toisons vertes des grands platanes. Enfin, de ceux qui restent parce que la plupart tombe sous les tronçonneuses. Parait qu’ils ont le chancre. Mais enfin, Loulle, soyons francs, les Avignonnais ont une approche contradictoire de leur festival. Lorsqu’ils sont à l’extérieur de leur ville, ils ne tarissent pas d’éloge sur lui. Et à les entendre pérorer, tous ont bu le pastis avec Jean Vilar, joué aux boules avec Gérard Philippe où mangé l’aïoli avec Jean-Pierre Darras. Ils sont fiers de ce monument virtuel même si beaucoup n’y mettent jamais les pieds. Mais pourtant, lorsque juillet annonce le grand chambardement, les Avignonnais, en masse, fuient leur ville chérie, l’abandonnant pour une lune entière aux hordes lutéciennes et franchimanes, outre-quiévrines et bataves, albioniennes et tudesques, helvètes et transalpines, ibères et lusitaniennes, africaines et orientales, américaines et nipponnes. Ils retrouveront plus tard leur ville, cette somptueuse salope comblée, apaisée et fécondée par les semences mêlées de ses milliers d’amoureux de l’été.

    - Eh bien cette année, Victor, on est emmasqué.

    - « Emmasquée », c’est un beau néologisme Loulle. En provençal, les « masq », ce sont les sorcières. Être « emmasquée » c’est être sous le coup d’un sort. Alors cette année notre belle salope, avec ce coquin de sort de coronavirus, elle restera chaste, et masquée…

    - Ce qui ne nous empêchera pas de boire un coup. À la nôtre !


    Photo Michel Benoit

     

  • Ouiquinde érotique déconfiné avec cette fine lame de Ronsard !

    Il n'allait pas voir que la rose notre Pierrot national,

    prince des poètes et poète des princes !

     

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    Lance au bout d'or, qui sais poindre et oindre,

    De qui jamais la roideur ne défaut,

    Quand, en camp clos, bras à bras, il me faut

    Toutes les nuits au doux combat me joindre ;

     

    Lance, vraiment, qui ne fus jamais moindre

    A ton dernier qu'à ton premier assaut,

    De qui le bout, bravement dressé haut,

    Est toujours près de choquer et de pondre !

     

    Sans toi le Monde un Chaos se feroit

    Nature manque inhabile seroit,

    Sans tes combats, d'accomplir ses offices ;

     

    Donc si tu es l'instrument du bonheur

    Par qui l'on vit, combien à ton honneur

    Doit-on de vœux combien de sacrifices ?

     

     

    Je te salue, ô merveillette fente,

    Qui vivement entre ces flancs reluis ;

    Je te salue, ô bienheureux pertuis,

    Qui rend ma vie heureusement contente !

     

    C'est toi qui fais que plus ne me tourmente

    L'archer volant qui causait mes ennuis ;

    T'ayant tenu seulement quatre nuits,

    Je sens sa force en moi déjà plus lente.

     

    Ô petit trou, trou mignard, trou velu,

    D'un poil follet mollement crespelu,

    Qui, à ton gré dompte les plus rebelles :

     

    Tous verts galants devraient, pour t'honorer,

    A beaux genoux te venir adorer,

    Tenant au poing leurs flambantes chandelles !

     

     

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    Adieu, cons rondelets, corralines fossettes,

    L'entretien de Nature et de tout l'Univers ;

    Adieu antres velus, plains de plaisirs divers,

    Fontaines de nectar, marbrines motelettes.

     

    Ores, en votre lieu sont les fesses molettes,

    Et les culs blancs de chair, de tout poils découverts ;

    Les culs plus que les cons sont maintenant ouverts :

    Les mignons de la cour y mettent leurs lancettes.

     

    Le Roi ne m'aime point, pour être trop barbu ;

    Il aime ensemencer le champ qui n'est herbu,

    Et, comme vrai Castor, chevaucher le derrière ;

     

    Lors qu'il foute les culs, qui sont cons estrecis ;

    Il tient le naturel de ceux de Médicis,

    En prenant le devant, il imite son père !

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    Illustrations X - Droits réservés

     

  • Gastronomie confinée : La blanquette de veau

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    Lorsqu’arrive l’été, redoutable en Provence,

    Je fais ma transhumance :

    Je monte à la fraîcheur des terres de Lozère

    Où j’ai un pied-à-terre.

    Cette année, j'irai pas, je suis discipliné

    Puisqu'on est confinés...

    Mes voisins, y élèvent des vaches et des veaux

    Race Aubrac : les plus beaux.

    Leur robe beige tendre, leurs grands yeux de biches

    Et leurs superbes miches

    Sont un régal pour l’œil, de vie et d’élégance

    Mais aussi pour la panse !

    Ils sont tous baptisés par des noms pittoresques

    Presque gargantuesques.

    L’un s’appelle Tendron, l’autre c’est Côtelette

    Le plus beau c’est Blanquette !

    - Stoppe ton baratin, Victor, parlons pitance

    Au diable l’abstinence.

    - D’accord. Alors parlons de mon pote Blanquette.

    Mais sers-moi un canon, et pas de la piquette.

    Il te faut de l’épaule de veau désossée ;

    Coupe en morceaux moyens, épais et cabossés,

    Mets-les dans un faitout et recouvre d’eau froide,

    Tu blanchis cinq minutes. Plus, c’est des couillonnades.

    Jette l’eau, rafraîchis, remet dans ton faitout,

    Mouille avec de l’eau froide ou, bien meilleur atout :

    Avec un fond de veau fait main ou du commerce.

    Ma tripe est assoiffée : mets un tonneau en perce !

    Ah ! Tè, ça fait du bien. Bon, où en étions-nous ?

    - Tu avais mis la viande et l’eau dans le faitout.

    - Monte ton feu à fond. Quand ça bout, tu écumes

    Puis tu va ajouter aromates et légumes.

    Deux gros oignons piqués, quatre belles carottes

    Deux poireaux émincés, céleri, échalotes,

    Gousses d’ail écrasées, et un bouquet garni.

    N’oublie pas de saler. Cuis une heure et demie.

    Tu écumes souvent avec une écumoire

    Et n’oublie pas, surtout, de me servir à boire !

    Ça te donne le temps de préparer ta sauce

    Sur ton plan de travail, prépare ton matos.

    Il te faut éplucher un quart d’oignons grelots

    Même si cela doit t’arracher des sanglots,

    Et les glacer « à blanc », avec eau, sucre et beurre,

    Tu les cuis à couvert, petit feu, un quart d’heure.

    Fais sauter dans du beurre, un peu d’eau, du citron

    Un quart de champignon de Paris environ.

    Réserve de côté et prépare un roux blanc :

    Beurre, farine et crème fouettés gaillardement.

    Le temps étant venu, tu chinoises ta viande

    Récupérant ainsi une liqueur friande.

    Porte à ébullition et verse sur ton roux

    Pour que ça épaississe, tu cuis sur un feu doux

    En fouettant vivement pour une sauce lisse.

    Puis dans un cul-de-poule, une jatte d’office,

    Fouette trois jaunes d’œuf et de la crème fraîche,

    Verse cet appareil dans ta sauce et dépêche

    Toi d’ajouter le jus d’un citron en fouettant.

    Dans ton plat de service, ajoute à ton veau

    Les champignons et les oignons cuits et bien chauds.

    Nappe avec la sauce que tu passes au chinois,

    Mélange et sers chaud ce plat de super choix.

    Buvez très largement de la tétée d’automne

    Ces vins de large soif de la Côtes-du-Rhône,

    Et pour laisser le monde des végans, des sans-goûts,

    Alors resservez-vous !

     

     

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