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art de vivre - Page 26

  • 1er mai confiné : jouissons de l’art de GLANDER !

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    GLANDEURS de tous les pays, unissons-nous !

    Mais c’est qu’ils risquent d’y prendre goût, les confinés, à ce subtil bonheur : glander ! Marcher avec le temps au lieu de se laisser dévorer par lui. Ecouter sa vie. Réfléchir au lieu de s’agiter.

    En ex-Indochine, un proverbe dit : « Les Vietnamiens plantent le riz, les Cambodgiens le regardent pousser, les Laotiens l’écoutent pousser ». Toute une philosophie de vie qui désacralise le « travail ». « Travail » (du latin tripalium, instrument de torture). Ils sont bien plus valorisants les termes italien lavorare « labeurer » ou « labourer » plus spécifique et espagnol obrare « œuvrer », accomplir une œuvre.

    Le travail implique contrainte, souffrance, malédiction divine. Le sacré l’a imprégné profondément de son odeur fétide de malheur, de mystère, le préservant de toute remise en cause. Le sinistre M. Thiers, dans le sein de la Commission sur l’instruction primaire de 1849, disait : « Je veux rendre toute-puissante l’influence du clergé, parce que je compte sur lui pour propager cette bonne philosophie qui apprend à l’homme qu’il est ici-bas pour souffrir et non cette autre philosophie qui dit au contraire à l’homme : "Jouis". » Thiers – fossoyeur de la Commune - formulait la morale de la classe bourgeoise dont il incarna l’égoïsme féroce et l’intelligence étroite.

    Apprends à glander ami Confiné. Le COVID te donne cette chance, saisis-la au lieu de te morfondre en attendant qu' « on » te donne de nouveau, en te « déconfinant », le droit de te vautrer dans la servitude volontaire. Le chômage partiel, c’est en quelque sorte ce revenu universel qui plane depuis quelques années. Tu te lèves le matin, et tu trouves sous le paillasson assez de thunes pour vivre tout en glandant ! Il n’en faut pas trop car le fric pourri tout ce qu’il touche. Assez pour ne pas avoir la hantise de la rue, la hantise de la faim. Elle est pas belle la vie ?

    La paresse, la fainéantise, le glandage sont l’apanage d’une élite. On naît fainéant. C’est une chance immense et une injustice pour les autres. L’art de ne rien faire est difficile et ne semble pas donné à tout le monde. Même les loisirs en prennent un coup : le temps libre est de plus en plus confisqué par la télévision et les industriels des loisirs. Nombreux sont ceux qui redoutent l’inaction et réclament un ordre du jour même pendant leurs vacances. Comme s’ils craignaient de se laisser aller, de se laisser guider par la fantaisie. Peut-être par peur de se retrouver seuls avec eux-mêmes ?

    Nous sommes influencés par cette culture où le religieux ("Tu te nourriras à la sueur de ton front !") se mêle à l’économique (travailler plus pour gagner plus) et condamne l’oisif à travailler. Sauf s’il est rentier ou/et actionnaires ! Dans ce cas, c’est son capital qui travaille pour lui, c’est-à-dire vous, moi, les cochons de payants de la France d’en-bas. C’est le pognon qui manque, pas le boulot qui n’a rien de sacré. D’ailleurs dès qu’ils sont assez ferrés, qu’est-ce qu’ils font les riches ? Ils arrêtent de travailler !

    Après des siècles de christianisme et avec l’esprit du capitalisme, on n’imagine pas passer sa vie dans l’inactivité, à moins de passer pour un marginal ou un illuminé. Et malheur à vous si vous avez la malchance d’être au chômage ou si vous avez choisi de faire passer votre vie personnelle avant le travail. On aura vite fait de vous soupçonner de paresse, fainéantise ou de manque d’ambition. Et vous perdrez votre vie à la gagner. Et pourtant ! Dans une autre vie, j’ai même été « chef d’entreprise ». Et je n’embauchais que des fainéants avoués. Ils sont les plus fiables, les plus efficaces des collaborateurs : un fainéant œuvre vite pour avoir plus vite fini et bien pour ne pas avoir à y revenir !

    Il y a dans l’art de ne rien faire le signe d’une conscience vraiment affranchie des multiples contraintes qui, de la naissance à la mort, font de la vie une frénétique production de néant. Niquer ces contraintes est une libération.

    Dans le système capitaliste d’exploitation de l’humain, il y a de la malice, assurément, à en faire le moins possible pour un patron, à s’arrêter dès qu’il a le dos tourné, à saboter les cadences et les machines, à pratiquer l’art de l’absence justifiée. La paresse ici sauvegarde la santé et prête à la subversion un caractère plaisant. Elle rompt l’ennui de la servitude, elle brise le mot d’ordre, elle rend la monnaie de sa pièce à ce temps qui vous ôte huit heures de vie et qu’aucun salaire ne vous laissera récupérer. Elle double avec un sauvage acharnement les minutes volées à l’horloge pointeuse, où le décompte de la journée accroît le profit patronal. Voler ainsi un patron, n’est-ce pas de la récupération ?

    Pourtant, il plane sur la paresse une telle culpabilité que peu osent la revendiquer comme un temps d’arrêt salutaire, qui permet de se ressaisir et de ne pas aller plus avant dans l’ornière où le vieux monde s’enlise. Encore que ! Certaines entreprises découvrent les bienfaits de la sieste !

    Qui, des allocataires sociaux, proclamera qu’il découvre dans l’existence des richesses que la plupart cherchent où elles ne sont pas ? Ils n’ont nul plaisir à ne rien faire, ils ne songent pas à inventer, à créer, à rêver, à imaginer. Ils ont honte le plus souvent d’être privés d’un abrutissement salarié qui les privait d’une paix dont ils disposent maintenant sans oser s’y installer.

    La culpabilité dégrade et pervertit la paresse, elle en interdit l’état de grâce, elle la dépouille de son intelligence. Pourtant ils feraient dans la fainéantise d’étonnantes découvertes : un coucher de soleil, le scintillement de la lumière dans les sous-bois, l’odeur des champignons, le goût du pain qu’il a pétri et cuit, le chant des cigales, la conformation troublante de l’orchidée, les rêveries de la terre à l’heure de la rosée, sans oublier les formidables rêves érotiques !

    Ce brave coronavirus nous donne la possibilité de découvrir tout ça.

    « Nous aurons bien mérité la retraite » soupirent les travailleurs. Ce qui se mérite, dans la logique de la rentabilité, a déjà été payé dix fois plutôt qu’une !

    Si la paresse s’accommodait de la veulerie, de la servitude, de l’obscurantisme, elle ne tarderait pas à entrer dans les programmes d’État qui, prévoyant la liquidation des droits sociaux, mettent en place des organismes caritatifs privés qui y suppléeront : un système de mendicité où s’effaceront les revendications qui, il est vrai, en prennent docilement le chemin si l’on en juge par les dernières supplications publiques sur le leitmotiv « donnez-nous de l’argent ! ». L’affairisme de type mafieux en quoi se reconvertit l’économie en déclin ne saurait coexister qu’avec une oisiveté vidée de toute signification humaine.

    La paresse est jouissance de soi ou elle n’est pas. N’espérez pas qu’elle vous soit accordée par vos maîtres ou par leurs dieux. On y vient comme l’enfant par une naturelle inclination à chercher le plaisir et à tourner ce qui le contrarie. C’est une simplicité que l’âge adulte excelle à compliquer.

    Que l’on en finisse donc avec la confusion qui allie à la paresse du corps le ramollissement mental appelé paresse de l’esprit - comme si l’esprit n’était pas la forme aliénée de la conscience du corps.

    L’intelligence de soi qu’exige la paresse n’est autre que l’intelligence des désirs dont le microcosme corporel a besoin pour s’affranchir du travail qui l’entrave depuis des siècles.

    La paresse est un moment de la jouissance de soi, une création, en somme ! Le fainéant est un créateur naturel. Un créateur de bonheur !

     

    Victor Ayoli, fainéant robuste.


    Illustration: merci à Faujour



  • Confinérotisme: "T'as un beau masque, tu sais..."

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    J’ai rencontré Sylvie dans la queue du Leclerc,

    Lunettes de soudeurs cachant ses beaux yeux clairs

    Et malgré la distanciation sociale,

    L’espace d’un caddie, j’appréciai son hâle.

    Je pensais : elle est belle, elle me met en fièvre

    Mais sous son masque, peut-être y a-t-il un bec-de-lièvre ?

    J’admirais sa façon de tousser dans son coude

    Avec autant de grâce que les stars d'Hollywood.

    Je rêvais ses parfums, son porte-jarretelles

    Je rêvais plus encor d’effeuiller ses dentelles.

    Je rêvais de ses doigts gainés de fin latex

    Déroulant un condom tout le long de mon sexe…

    Je rêvais de humer ses fragrances anales,

    Je rêvais de goûter sa flore vaginale.

    Je rêvais de l’avoir pour la nuit, pour la vie,

    Je me serais damné tant j’en avais envie

    Peu m’importait alors de courir à ma perte,

    Je la voulais à moi, amoureuse et offerte.

    « Viens chez moi j’ai du gel hydroalcoolique,

    J’ai de l’Efferalgan, des trucs pour la colique

    Et puis, rien que pour toi, j’ai de la chloroquine

    Mais pour ça il faudra te montrer bien coquine !

    Je t’offrirais une surblouse, une Jeannette

    Si tu voulais me faire une bonne branlette.

    Voudrais-tu, avec moi, échanger, ma chérie,

    En un baiser cent vingt millions de bactéries ? »

    Mais je ne puis que dire, tant j’étais médusé :

    « T’as un beau masque, tu sais ! »

     

    Victor Ayoli

     

    Photo X - Droits réservés

  • Pas que confinés

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    Les Pâques à New York

    (Fragments)

    Je descends à grands pas vers le bas de la ville,
    Le dos voûté, le cœur ridé, l’esprit fébrile.
    Votre flanc grand ouvert est comme un grand soleil
    Et vos mains tout autour palpitent d’étincelles.
    ... C’est à cette heure-ci, c’est vers la neuvième heure,
    Que votre Tête, Seigneur, tomba sur votre cœur.
    Je suis assis au bord de l’océan
    Et je me remémore un cantique allemand,
    Où il dit, avec des mots très doux, très simples, très purs
    La beauté de votre Face dans la torture.
    ... Peut-être que la foi me manque, Seigneur, et ta bonté
    Pour voir ce rayonnement de votre Beauté.
    Pourtant, Seigneur, j’ai fait un périlleux voyage
    Pour contempler dans un béryl l’intaille de votre image.
    Faites, Seigneur, que mon visage appuyé dans mes mains
    Y laisse tomber le masque d’angoisse qui m’étreint;
    Faites, Seigneur, que mes deux mains appuyées sur ma bouche
    N’y laissent pas l’écume d’un désespoir farouche.
    Je suis triste et malade,

    Peut-être à cause de Vous
    Peut-être à cause d’un autre,

    Peut-être à cause de Vous.
    Seigneur, la foule des pauvres pour qui Vous fîtes le Sacrifice
    Est ici tassée, parquée, comme du bétail, dans les hospices.
    D’immenses bateaux noirs viennent des horizons
    Et les débarquent pêle-mêle sur les pontons.
    Il y a des Italiens, des Grecs, des Espagnols,
    Des Russes, des Bulgares, des Persans, des Mongols.
    Ce sont des bêtes de cirque qui sautent les méridiens
    On leur jette un morceau de viande comme à des chiens.
    C’est leur bonheur à eux que cette sale pitance.
    Seigneur, ayez pitié des peuples en souffrance.


    Blaise CENDRARS.

    * * * * *

    OH ! ET PUIS, RIGOLONS UN PEU !

     

    Jésus

     

    Il y a 3 bonnes raisons de penser que Jésus était Noir : 
    1) Il appelait tout le monde « mon frère »
     
    2) Il aimait chanter la gloire de Dieu
     
    3) Il n'a pas eu un procès équitable
     

    Il y a aussi 3 bonnes raisons de penser que Jésus était juif : 
    1) Il a repris l'affaire de son père
     
    2) Il est resté à la maison jusqu'à l'âge de 33 ans
     
    3) Il était sûr que sa mère était vierge, et sa mère était sûre qu'il était Dieu.
     

    Il y a aussi 3 bonnes raisons de penser que Jésus était Italien : 
    1) Il parlait avec les mains
     
    2) Il buvait du vin à tous les repas
     
    3) Il mangeait exclusivement de la cuisine à l'huile d'olive

    Il y a aussi 3 bonnes raisons de penser que Jésus était Californien : 
    1) Il avait les cheveux longs et il était toujours bronzé
     
    2) Il aimait marcher pieds nus
     
    3) Il a lancé une nouvelle religion

    Il y a aussi 3 bonnes raisons de penser que Jésus était Tsigane : 
    1) Il n'a jamais travaillé un seul jour
     
    2) Il n'a jamais écrit une seule ligne
     
    3) La police l'a arrêté dans un jardin public où il campait sans autorisation
     

    Il y a aussi 3 bonnes raisons de penser que Jésus était un publicitaire : 
    1) Son livre est nº 1 au hit-parade depuis sa parution
     
    2) Ses successeurs ont créé un paradis fiscal à Rome
     
    3) Après plus de 2000 ans de réflexion, personne n'est encore sûr d'avoir compris ce qu'il a dit !


    Il y a enfin 3 bonnes raisons de penser qu'il était socialiste : 
    1) Il partageait le bien des autres (Ex : les 5 pains et les 2 poissons)
     
    2) Il faisait croire aux lendemains qui chantent
     
    3) Ses potes l'ont laissé tomber à la première occasion
     

     

    Illustration: merci à l'irremplacé Reiser