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LANTIFADAS - Page 58

  • Gastronomie dominicale: les cèpes farcis de La Lionne

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    L’automne est le temps où sur les hautes terres

    Du Ventoux, de Provence, d'Ardèche ou de Lozère

    Dans les sombres forêts que cerfs et daims recèpent

    Surgit, mystérieux, Sa Majesté le Cèpe.

    Mais pour le découvrir, sous sapins et fougères

    Il faut expérience, œil vif et main légère.

    Tôt levé le matin, dans la sylve mouillée

    Le bâton d'une main, dans l'autre le panier,

    Il faut marcher, ramper, jouer au sanglier,

    Pour atteindre ce lieu secret et singulier:

    Sa "bouletière" cachée même à ses familiers!

    Le cèpe, s'il est là, tu le sais par le nez,

    Son parfum délicat te le fait deviner.

    Avance à quatre pattes dans les épais fourrés

    Respire à petits coups, tout comme un chien d'arrêt,

    Cherche sous les plus basses branches des sapins

    Et si tu trouves un cèpe, cherche aussi ses copains:

    Il est rarement seul le Prince des forêts.

    Il te faut le couper et non le déterrer,

    En respectant ainsi le cèpe et son domaine

    Tu t'y retrouveras à la saison prochaine.

    Range bien sur des feuilles, dans un large panier,

    Ce dont tu as besoin, pour ne pas gaspiller.

    Boletus Edulis procure trois plaisirs:

    Le plus primordial, c'est bien de le cueillir,

    Puis le plus cérébral, c'est de le cuisiner,

    Enfin le plus charnel, c'est de le déguster.

    Je vais te raconter comment fait La Lionne

    (C'est l'élue de mon cœur, grande, fière et mignonne)

    Pour préparer, farcis, les cèpes les plus gros,

    Superbes dômes bruns dépassant le kilo.

    Elle nettoie le cèpe sans pourtant le laver,

    À la brosse, au couteau, sans jamais s'énerver.

    Elle enlève la queue qu'elle hache menu,

    Deux aulx, deux échalotes, du persil, revenus,

    Elle poêle cent grammes de chair à saucisse,

    Incorpore échalotes puis queues de cèpes; épice

    Avec du sel, du poivre noir, un peu de thym,

    En tournant elle y introduit la mie de pain.

    Hors du feu elle lie par un œuf et du beurre.

    Sa farce est terminée. Tu sens ce qu'elle fleure !

    C'est alors qu'elle fait rissoler le chapeau

    Environ cinq minutes de chaque côté

    Un peu plus côté mousse qu'elle n'a pas ôtée,

    Le fait de le saler lui fait rendre son eau.

    Elle beurre le fond d'un plat à gratin rond

    D'un diamètre à peine égal au champignon.

    Elle garnit le fond de pâte feuilletée

    Et y pose dessus son cèpe renversé

    Elle étale sa farce harmonieusement

    Façonnant de la sorte un dôme culminant.

    Le tout est recouvert de pâte feuilletée,

    Au sommet elle ménage une cheminée.

    Léger nappage à l’œuf pour fournir le brillant

    Qui donnera au plat un côté attrayant.

    Cuisson à four moyen pendant une bonne heure.

    On sert le plat sur table! C'est alors le bonheur!

    Cessons pour aujourd'hui ce conte culinaire,

    Ma tripe est assoiffée, remplis raz bord mon verre

    D'un de ces vins subtils, poussés en Languedoc

    Qui te rendent gaillard, solide comme un roc.

     

    Ingrédients et proportions pour six personnes:

    - Un gros cèpe de 25 à 30 cm de diamètre (ils ne sont pas rares), - 2 gousses d'ail, - 3 échalotes hachées, - 2 branches de persil hachées, - 1 à 2 hectos de chair à saucisse, - 1 demi-bol de mie de pain trempée au lait, - sel, poivre noir, thym, - 1 œuf, - 3 noix de beurre, - 2 feuilles de pâte feuilletée, - 1 jaune d'œuf (pour nappage).

     

    Les vins conseillés:

    Accordez ce plat avec des vins rouges à base de syrah, qui donnent des parfums de sous-bois, d'animal. En côtes-du-rhône : Saint-Joseph, Cornas, Crozes-Hermi­lage, Saint-Désirât, Saint-Pierre-de-Bœuf, Mauves. Certains Lirac. En vins du Languedoc: Saint-Chinian. Fitou. En vins de Provence, Bandol. Coteaux des Baux

     

     

  • Qu’est-ce qui vous ferait plaisir, docteur ?

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    Depuis ce matin, on entend, dans les machines à bruit, les conclusions d’une étude menée par des médecins, chercheurs et ingénieurs à l’université et au CHU de Rennes. Etude publiée non pas en France mais… ce mercredi 6 novembre dans la revue scientifique British Medical Journal !

    Il en résulte que les médecins généralistes français qui reçoivent des cadeaux des laboratoires pharmaceutiques ont tendance à faire « des prescriptions plus chères et de moindre qualité ». Et, à l’inverse, que ceux « qui ne reçoivent aucun avantage de la part de l’industrie pharmaceutique sont associés en moyenne à de meilleurs indicateurs établis par l’Assurance Maladie quant à l’efficacité de leurs prescriptions, et celles-ci coûtent globalement moins cher ». C’est quoi ces cadeaux ? Ben ça peut aller d’un bn gueuleton offert à une invitation à un congrès sus les palmiers. Ça crée des liens de sympathie… et de renvoi d’ascenseur !

    Eh, attention, pas d’amalgame, pas de stigmatisation ! Ces résultats ne démontrent pas de lien de cause à effet mais « renforcent l’hypothèse selon laquelle l’industrie pharmaceutique peut influencer les prescriptions des médecins généralistes » disent les auteurs de l’étude qui rajoutent, que « cette influence, parfois inconsciente chez les médecins, peut conduire à choisir un traitement qui n’est pas optimal, au détriment de la santé du patient et du coût pour la collectivité ». L’étude met aussi en évidence qu’«en moyenne », « le groupe de médecins n’ayant reçu aucun avantage […] est associé à des prescriptions moins coûteuses, plus de prescriptions de médicaments génériques par rapport aux mêmes médicaments non génériques » (pour trois types de médicaments), « moins de prescriptions de vasodilatateurs et de benzodiazépine pour des durées longues », dont l’usage est déconseillé par l’Assurance Maladie.

    Et comment ils ont trouvé tout ça les chercheurs de Rennes ? Ben, ils ont croisé deux bases de données : la première est le portail Transparence Santé, sur lequel doivent être déclarés tous les « liens d’intérêt » des professionnels de santé, et notamment les équipements, repas, frais de transport ou d’hôtel offerts par des entreprises du secteur (laboratoires pharmaceutiques, fabricants de dispositifs médicaux, etc.), à partir d’un montant de 10 €. La seconde base est le Système national des données de santé (SNDS) qui recense consultations, actes médicaux, prescriptions de médicaments et hospitalisations remboursés en conservant l’anonymat des assurés. L’étude concerne les prescriptions de 41 000 médecins généralistes (sur 102 000), ce qui lui donne une fiabilité.

    Les labos pharmaceutiques dépensent 27 % de leurs CA pour la promo, plus que pour la recherche. Les dépenses marketing, comprenant également les frais d’administration, ont atteint 276,1 milliards de dollars en 2014. Les dépenses de recherche et développement des 131 plus gros laboratoires pharmaceutiques mondiaux se sont élevées à 135 milliards de dollars en 2014 d’après les chiffres exclusifs de GlobalData Health. 14 % de leur CA voir http://www.pharmaceutiques.com/phq/mag/pdf/phq138_36_dossier.pdf

    Deux fois plus de fric pour inciter la population à acheter des médicaments que pour chercher et développer des médicaments nouveaux et efficaces !

    Sacrés labos, va ! Tous les laboratoires pharmaceutiques ont mis en place des doubles et triples comptabilités. Si cette pratique est légale (?!), elle a pour but de rendre impossible la moindre visibilité.

    La première comptabilité est destinée au fisc et abaisse le bénéfice fiscal par des politiques d’optimisation et de prix de transferts insultant la raison. La deuxième est pour le management local, et permet uniquement de suivre les dépenses (marketing, promotion…) et les ventes. La dernière est pour le groupe, qui suit et pilote ses marges réelles sur les produits vendus partout dans le monde avec une extrême attention. Ces marges réelles, produit par produit ne sont pas rendues publiques. Secret des affaires, vous répondra-t-on. Mais quand votre unique client est la Sécurité sociale qui a financé des années de bénéfices record et que vos produits sont achetés pour sauver des vies, cette opacité est-elle justifiable ?

    Pour se faire une idée de la profitabilité globale d’un laboratoire, il est possible de regarder leur rapport annuel, public et disponible sur internet en quelques clics : on pourra constater que l’industrie pharmaceutique est plus rentable que la banque, les télécoms, la finance, le luxe, l’énergie. Ces profits sont ceux réalisés après financement de la R & D (largement subventionnée avec nos sous en France), et ne servent qu’à la rémunération des actionnaires ou au rachat de concurrents, et non au financement de la recherche, comme veulent le faire croire les laboratoires dans leur communication publique.

    Tè, c’est à vous dégoûter d’être malade…



    Sources :

    https://www.francetvinfo.fr/sante/medicament/les-medecins-recevant-des-cadeaux-des-laboratoires-pharmaceutiques-font-des-prescriptions-plus-cheres-et-de-moindre-qualite-d-apres-une-etude_3690753.html

    https://rmc.bfmtv.com/emission/ils-prescrivent-plus-et-moins-bien-ce-que-l-on-sait-des-medecins-qui-recoivent-des-avantages-des-laboratoires-pharmaceutiques-1800390.html

    https://www.alternatives-economiques.fr/labos-pharmaceutiques-champions-de-lopacite/00082283#footnote2_27j0dba

    https://www.alternatives-economiques.fr/labos-pharmaceutiques-champions-de-lopacite/00082283#footnote2_27j0dba

    www.journaldunet.com/economie/sante/1162469-les-laboratoires-pharmaceutiques-qui-depensent-le-plus-en-r-d-et-marketing/

    https://www.transparence.sante.gouv.fr/flow/main ; jsessionid = AFA4D0067D3422D35C04AF96CE0AFF65 ? execution = e1s1



    Illustration : merci à Frizou

  • Au bistro de la toile. Éloge non-funêbre de Jean-Victor Ayoli

     

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    - Oh ! Loulle, je t’aime bien. Et toi aussi L’Anguille, et toi aussi Gaby, et toi aussi Thomas, et ti aussi Bert, et toi aussi Dédé, toi aussi Steph et toi aussi Jacques, et toi aussi Antonio, et toi aussi Momond…

    - Bè… Nous aussi on t’aime bien Victor. Mais qu’est-ce qui nous vaut ce débordement d’affection ? C’est parce que c’est le jour des morts ?

    - Y a un peu de ça Loulle. L’autre jour je suis allé à l’enterrement d’une personne que j’aimais beaucoup. À cette occasion, j’ai retrouvé une palanquée d’amis. Et alors, qu’est-ce qu’on vous trouve de qualités quand vous avez passé l’arme à gauche ! On a fait les « anciens combattants », on a fait revivre une époque révolue, on a chatouillé la nostalgie et finalement on a bien rigolé ! On a évidemment encensé notre ami parti, puis on a bu des canons… Putaing, Loulle, qu’est-ce qu’on a comme qualités quand on est mort ! Et on a trouvé très kon de ne se retrouver que dans des circonstances dramatiques.

    - Ah ! Ça, c’est bien vrai…

    - Alors ça m’a donné une idée Loulle.

    - Ah ! Ah ! Accouche Victor, le temps que je mette la tournée du patron.

    - Eh bien voilà. Je vous propose que, de temps en temps, l’un d’entre nous, piliers de cet antre de perdition si chaleureux, meure. Et qu’on lui fasse de belles non-funérailles.

    - Eh ! Oh ! T’es kon ou quoi ? Tu trouveras pas beaucoup de volontaires…

    - Qu’il meure, mais virtuellement, bougre de nifle ! Alors on enverrait un faire-part de non-décés à tous ses vieux amis. On mettrait… tè, par exemple pour moi, Loulle :

    « Nous avons la non-douleur de vous faire connaître le non-décés de notre cher Victor Ayoli, non-survenue hier. Les non-obsèques de notre ami auront lieu le 45 mars à l’heure du premier apéro au Bistro de la Toile.

    C’est son grand ami Loulle qui fera son éloge non-funêbre. Votre présence, si vous le pouvez, serait appréciée. »

    Alors tu me ferais un bel éloge non-funêbre dans lequel tu me trouverais, ou tu m’inventerais plein de belles qualités. Puis on ferait un gueuleton du tron de dieu ! On picolerait, on chanterait des chansons à boire et des chansons de cul, puis on irait aux putes ! Qu’est-ce que vous en dites les mecs !

    - Oh ! Fatche ! Ça, c’est une idée qu’elle est bonne !

    - Bon alors, banco. Tè, je non-meurs tout de suite ! Et tournée générale patron ! C’est le non-mort qui paie !

     

    ORAISON NON-FUNÈBRE de Jean-Victor Ayoli

    prononcée de son vivant et en sa présence, par mesure de précaution.

    (Style Frédéric Mitterrand)

    Tu es parti Ayoli, ô toi grand Jean-Victor

    Et l’odeur de tes pieds, sur nous tous, flotte encore.

    Pour ceux qui t’ont connu, il n’est pas de seconde

    Sans que résonne en nous ton immense faconde.

    Et la vision béate du cul de la Joconde.



    (Style André Malraux)

    Entre ici, Jean-Victor, et loge ta carcasse,

    Fier vaisseau bourlingueur de toutes les Sargasse!

    Étends-toi et occupe bientôt ce grand lit

    Pour les seigneurs de bringue et de grand aïoli.



    (Style Mimi du Panier)

    Putaing de con Jeannot, fallait pas t’en aller !

    Ton colosse en avait encore à empaler.

    Et nous sommes nombreuses à l’avoir affalé

    Sans oublier celles qui voulaient l’avaler.



    (Style Pacelli)

    Ne vous y trompez pas, mes sœurs et mes frères

    Et de cette idée-là, sachez ne point défaire.

    Jean-Victor Ayoli, croyez-le, est un grand saint

    Qui abrita toujours l’Amitié en son sein.

    Oremus



    Chants d’accompagnement :

    La femme qui pète au lit, La digue du cul, Soldat Moralès, Le marché de Brive la Gaillarde, Chant de marche de la Chorale des Costes du Rhône, le cordonnier Pamphile;A Max ainsi que, pour nos amis italiens Lo spassacamino, le osterie, la mia mame me diceva.

    Libations : Champagne, Châteauneuf-du-Pape, Côte Rôtie, saint-émilion, Fernet-branca.