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LANTIFADAS - Page 55

  • Après le brexit, refonder l'Europe ? Mouais… On peut toujours rêver, le père Noël s'approche.

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    Allez, encore quelques semaines et les sujets de Sa Gracieuse Majesté britannique vont « libérer l'Europe », comme ils l'ont déjà fait. On les regrettera ? Ou pas…

    Revenons quelques décennies en arrière. Depuis les premiers pas de l’Europe (CECA puis Marché commun), les Anglais se sont posé cette question : quelle est la meilleure place pour la foutre en l’air, être dedans ou rester dehors ? L’histoire a montré que lorsque les Anglais entrent dans une organisation, c’est soit pour la dominer et la réduire à servir ses seuls intérêts, soit pour la faire foirer. Vieux réflexe impérialiste que nous connaissons bine, nous aussi...

    Lorsqu'ils étaient là, ils ont obtenu une telle foultitude de dérogations, avantages, exemptions, chèque de retour, statuts particuliers, etc., que ça foutait les boules à bien d'autres nations européennes.

    Mais peut-on jeter la pierre aux Anglais de vouloir sortir de cette Europe de la déception ? Ils ont au moins eu le courage de poser la question à leur peuple et, après bien des péripéties, ils respectent le verdict des urnes, contrairement à nous, qui avons laissé un président tricheur se torcher sans vergogne avec la victoire du « Non » à la constitution européenne.

    L’UE salopée par l'idéologie ultraliérale, ce sont d’abord des réalités sociales lourdes et connues.

    C'est la Loi Travail dite loi El Khomri née des recommandations pour ne pas dire des injonctions de la Commission européenne au gouvernement français et du marchandage de François Hollande avec Angela Merkel en matière de déficit.

    Ce sont les services publics dévastés par la libéralisation du rail, de l’énergie, etc. et par les politiques d’austérité.

    C’est la délocalisation à domicile institutionnalisée avec le système de détachement de travailleurs qui permet de faire travailler en France un salarié d’un autre pays de l’UE en payant les cotisations sociales de son pays d’origine.

    C’est évidemment le libre-échange absolu, par exemple en matière de sidérurgie : les multinationales ferment les usines en Europe mais peuvent importer librement de l’acier chinois.

    L’UE, c’est enfin la concurrence déloyale et le dumping social et fiscal comme seule méthode « d’harmonisation », c’est-à-dire l’harmonisation par le bas.

    Les Grands Bretons « libérant le territoire », un espoir se fera jour : une refondation de l’Europe basée sur une réelle alliance, sinon de coeur au moins de raison, entre France et Allemagne ouverte à ceux qui voudront en accepter les règles.

    Oui mais quelles règles ? Il faudrait instituer une diplomatie, une armée, voire une police commune, une organisation sociale, des règles fiscales compatibles sinon communes, tout en laissant s’épanouir séparément la culture, le mode de vie, la langue évidemment, l’éducation. Ceci impliquant une prise de distance avec les « amis » et « alliés » étasuniens. Mais comment la France peut-elle parler d’égal à égal avec l’Allemagne ? Macron en a fait l'amère expérience...

    Parce que ce ramdam autour de la sortie de la Grande-Bretagne cache le véritable problème de l’Europe devenue une colonie allemande. Ceci ne l’oublions pas, à cause de la faiblesse et du renoncement politique de la France. Frau Merkel à la baguette a mené l’orchestre et la danse européenne, mais avec une musique exclusivement allemande. Avec des effets désastreux pour les nations de l’U.E. sauf… pour l’Allemagne.

    Pourtant la France est un des deux pivots de l’équilibre continental avec l’Allemagne. Mais il n’y a pas de signe égal entre ces deux nations, la seconde ayant prolongé dans la paix les méthodes de violences et d’annexion économique qu’elle gérait autrefois par la guerre. Les Grecs en savent qurlque chose.

    Son économie est prospère ? Oui mais elle est basée sur l’exploitation éhontée de la main-d’œuvre des ex-pays de l’Est, sous payée, supportant des conditions de travail « à la chinoise ».

    Elle exporte ainsi ses produits industriels avec le label « made in Germany » alors qu’ils sont souvent faits ailleurs, Tchéquie, Hongrie, Roumanie, etc. et seulement assemblés voire juste étiquetés en Allemagne.

    Elle fout en l’air l’industrie laitière et l’élevage des autres pays européens, en industrialisant l’agriculture avec ses usines à lait ou à viande, exploitant là encore la main d’œuvre détachée de ses marches de l’Est.

    Ses décisions en matière de politique internationale sont catastrophiques, comme toujours lorsqu’elle se laisse griser par sa puissance.

    Ainsi elle a étranglé et humilié la Grèce avec une brutalité et une morgue qu’on croyait rangées aux poubelles de l’Histoire.

    Ainsi elle a ouvert toutes grandes, avec une effarante stupidité, les portes de l’Europe à une immigration sans limite… pour ensuite faire marche arrière.

    Elle veut agrandir ses marches en ouvrant les portes de l'Union à l'Albanie musulmane et à la Macédoine du nord.

    Elle est allée (Frau Merkel) négocier la gestion des immigrés du Moyen-Orient - de sa propre initiative sans mandat ni même concertation de ses partenaires européens - avec le dictateur turc Erdogan qui s’est fait une joie de lui imposer ses diktats, et qui continue, brandissant la menace de « lâcher sur l'Europe » plus de trois millions d'immigrants.

    Elle négocie avec la Chine ses seuls intérêts, s’implique en Ukraine comme un toutou docile des Yankees, donnant toutes facilités à l’Otan pour provoquer le voisin Russe, elle pousse à la roue pour remettre en route l’horreur économique qu’est le traité Tafta.

    Mais elle se garde bien de s’impliquer dans les problèmes du Moyen-Orient et de l’Afrique, laissant la France s’épuiser par son effort militaire bien solitaire au profit pourtant de toute l’Europe.

    Et pourtanr qui peut faire face à cette Allemagne à volonté hégémonique ? Comme le montre l’Histoire, seule la France est en mesure de le faire. Dès lors, l’avenir de l’Europe dépend en grande part de nous. Encore faut-il que nous le voulions.

    La réalité du« Brexit », conjugué aux difficultés de l'Allemagne découvrant la fragilité relative de son économie trop tributaire de l'exportation, peut être ce coup de pied dans la fourmilière qui permettra de rebattre les cartes.

    Il faut pourtant avoir l'idée européenne chevillée au corps pour s'enthousiasmer encore de ce que les ultralibéraux ont fait de cette Europe qui ne fait plus rêver personne. Parce qu'elle est laide, injuste, sans ambition humaine.

    Le progrès social ? Avec la directive service, l’interdiction de l’harmonisation sociale et fiscale, il ne saurait en être question. Depuis le traitement infligé à la Grèce, on sait que de cette Union européenne ne viennent que chômage et misère.

    Le rêve spatial ? Galileo, le GPS européen n'est pas encore opérationnel et si les Chinois et même les Indiens ambitionnent d'envoyer quelqu'un des leurs sur la Lune, les Européens sont aux abonnés absents.

    La paix ? Oui. C'est ce qui est le ciment de tous ceux qui n'ont pas encore abandonné cette belle idée de l'Europe unie. Mais il faudrait pourtant expliquer pourquoi nous avons repris la guerre froide et parfois chaude comme en Ukraine avec la Russie.

    Où est le « projet européen » ? Tout juste l'ambition d'un groupement d'épiciers rances… On se demande dès lors pourquoi « ce peuple de boutiquiers vindicatifs » – comme Napo qualifiait les Rosbifs – la quitte.

     

    Illustration X - Droits réservés

  • Ouiquinde érotique biblique avec Musset

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    Les filles de Loth

    Le vieux Loth ronflait au fond de sa caverne ;
    Assises à côté d'une pâle lanterne,
    Ses deux filles en pleurs se rappelaient tout bas
    Les plaisirs de Sodome et ne s'endormaient pas.
    L'aînée avait vingt ans, une figure altière,
    L'œil bleu et des cheveux rejetés en arrière,
    Des trésors sous sa robe et des doigts exercés...
    La plus jeune était blonde, avait seize ans passés,
    Des fruits s'arrondissaient sur sa blanche poitrine
    Et son poil frissonnait où l'esprit le devine ;
    Les yeux pleins de langueur et de timidité
    Cachaient sous leurs cils d'or l'ardente volupté.
    Vierges ! Comprenez que deux filles à cet âge
    N'ont pas quitté Sodome avec leur pucelage.
    Elles avaient goûté le breuvage amoureux,
    Et leur soif insatiable avait fait des heureux,
    Jusqu'au jour redouté du divin châtiment,
    Leur vie entière fut détruite en un moment,
    Tous les hommes perdus, car il n'en restait pas
    Qui pussent désormais jouir de leurs appas !
    D'où viendra la rosée à leur bouche altérée ? ...
    "Ne pleure pas ma sœur, ma sœur, que ton âme éplorée
    Retrouve quelque espoir. Tiens ! Déshabillons-nous,
    J'ai trouvé pour jouir, un moyen simple et doux."
    Ainsi parla l'aînée. Déboutonnant sa robe,
    Elle montre à sa sœur, avec un double globe
    Un ventre satiné qui se trouve en bas
    Par un petit triangle couvert de poils ras,
    Noirs comme de l'ébène, et doux comme de la soie,
    Sarah sourit, s'approche et écarte avec joie
    Les lèvres de la trousse, ainsi les vieux Hébreux
    Nommaient l'endroit charmant qui les rendait heureux.
    " Que faut-il faire Agass ? - Du bout de ton doigt rose,
    Chatouille-moi - J'y suis, attends que je me pose
    Pour que mon doux bouton s'érige sous ton doigt
    Et que j'écarte les cuisses comme toi. "
    Et sous leur main, servie d'une amoureuse ivresse,
    La symphyse se gonfle et palpite et se dresse.
    Enfin n'en pouvant plus et d'amour se pâmant,
    Agass donne à sa sœur un doux baiser d'amant.
    Mais celle-ci lui dit : " Faisons mieux, ma charmante
    Remplaçons notre doigt à la place amusante
    Par une langue agile ; et tu verras, ma sœur
     
    Que nos attouchements auront plus de douceur.
    Oui, sur ton petit ventre, attends que je me couche,
    Ta bouche sur mes lèvres, ton poil dans ma bouche
    Qu'une douce langue chatouille en l'excitant
    Notre bouton de rose encore tout palpitant.
    Que nos corps enlacés se tordent et se roulent,
    Que le jus de l'amour sur nos cuisses s'écoule. "
    Sitôt dit, sitôt fait, et bientôt ce doux jeu
    Arrose leur trésor d'un liquide onctueux.
    Mais ce sperme infécond ne rappelle les hommes
    Que de manière vague. " Ah ! Sottes que nous sommes,
    A quoi rêvons-nous donc quand on a ce qu'il nous faut :
    Notre père est bien vieux, mais il est encore chaud.
    Il peut bander encor quand les femmes sont belles,
    Bien heureux qu'il n'ait pas affaire à des pucelles.
    Mais il ne voudra pas, tant il est scrupuleux,
    Nous donner la bouteille où jadis toutes deux
    Avons puisé la vie,... où notre pauvre ère,
     
    Allait remplir ses fleurs, teindre son cratère.
    Tâchons de l'enivrer, il aime le bon vin,
    Et s'il veut nous baiser, sauvons le genre humain... "
    Chacune sur le chef portait un grand voile noir ;
    Loth avec sa lanterne, a demandé, hagard :
    " A qui sont ces tétons dont la blancheur rayonne ?
    Ces globes opalins, dont la pointe frissonne ? "
    Il jette sur Agass des regards polissons,
    Ecoute en soupirant les charmeuses chansons
    Qu'ensemble ont commencé ses filles toutes nues,
    Il croit être à Sodome et, sur ses propres filles
    Haletant de planter le bâton de famille,
    Il s'élance soudain. Agass l'avait prévu.
    Au ventre paternel, elle saisit tout nu
    Le membre recherché par l'ensemble des femmes
    S'aperçoit qu'il faut encore qu'elle l'enflamme,
    Et, pour mieux en jouir, elle roule à la main
    L'instrument qui doit féconder le genre humain.
    " J'enfanterai, dit-elle, et pour être plus sûre
    Adoptons pour jouir la meilleure posture. "
    Elle tombe à genoux, découvre son cul blanc ;
    Le vieux Loth inclinant la tête et s'approchant
    Voit le cul : Oh ! Jeune Femme ! Oh ! ma toute belle",
    Dit-il alors, jetant ses deux bras autour d'elle.
    Agass, poussant le cul, accroît le mouvement
    Car elle connaissait l'effet du frottement.
    Elle se sent mouiller. Aucune jouissance
     
    N'a pourtant assouvi sa brutale espérance.
    Un soupir la saisit ; elle porte la main
    Je ne sais où. " Tu n'es pas dans le bon chemin,
    C'est à recommencer ", dit-elle à son vieux père.
    Et l'ivrogne à nouveau recommence l'affaire ?
    En craignant de manquer, il se laisse guider
     
    A travers les replis qu'il devra féconder.
    Agass tressaille. Enfin tout son beau corps frissonne ;
    Les os ont craqué. Le père Loth s'en étonne
    " Qu'as-tu donc ? Mon enfant : va donc que je jouisse !
    Si je m'en suis douté, que le ciel m'engloutisse ! "
    Dit le vieux Loth. Agass dit alors à sa sœur :
    " Viens goûter à ton tour la divine liqueur. "
    L'autre aussitôt s'approche et dans ses douces cuisses
    Elle montre à son père un doux nid de délices.
    Elle chatouille alors les couilles du taureau,
    Prend l'arme tout à coup et la met au fourreau.
    Entre ses blanches mains, saisit la vieille épée
    Pour la faire entrer plus grosse et mieux trempée.
    Enfin elle se pâme, laisse tomber ses bras,
    Le sceptre paternel inondant ses appas.
    " Gloire à Dieu " se dit-elle, " à présent j'ai conçu. "
    Loth, en se réveillant n'avait rien vu, ni su.

     

    Illustration: Hendrik Goltzius "Loth et ses filles" - 1616

  • Au Bistro de la Toile. La « viocrophobie » Loulle, tu connais ?

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    - La viocrophobie? Ah non. C’est nouveau ? Ça vient de sortir ?

    - En quelque sorte. On peut aussi dire « gérontophobie » si on veut faire savant. Ça veut dire la phobie (peur ? Rejet ?) des vieux.

    - Qui a peur des vieux Victor ? Qui les rejettent ? Attends, si je fermais la porte de mon rade à tous ceux qui ont dépassé la date de retrait – eh ! La « retraite », c’est ça – je pourrais fermer boutique !

    - Aqueste cop Loulle. As ben parla. Allez, tournée générale pour les viocres, c’est moi qui paie ! Je te parle de ça parce que je viens de surprendre, dans la machine à bruit, un comique laborieux en pleine « viocrophobie ». En l’occurrence, il se foutait - en prenant une voix chevrotante et en prononçant des propos débiles - du ci-devant Collomb ancien ministre de l’intérieur et maire de Lyon. Facile et irritant.

    Qui a peur des vieux ? Qui les rejettent ? Me demandais-tu ? Ben, la république et donc les politiques qui sont censés assurer une vie digne et décente à nos anciens, à ceux à qui ils doivent la société dans laquelle nous vivons tous, plus ou moins bien. Les vieux sont des citoyens à part entière, des membres essentiels au bon fonctionnement de la société par leurs activités bénévoles dans les associations y compris dans les partis politiques et les conseils municipaux. Ils empêchent aussi que la machine sociale grippe en mettant de l’huile dans les rouages, c’est-à-dire en aidant leurs enfants et petits-enfants. La république les rejette en ne leur assurant pas les moyens d’une fin de vie digne. Elle les rejette tout en leur épongeant toutes leurs éconocroques d’une vie en les parquant dans des Ehpad souvent indignes bien que hors de prix. Indignes par leur mode de « management », pour parler « moderne », qui privilégie le comptable à l’humain. C’est hélas vrai dans les EHPAD publics ou associatifs mais c’est bien pire dans les EHPAD privés où les actionnaires sont mieux traités que les résidents ! Ainsi, les dividendes distribués par Orpea – un des lideurs des EHPAD privés - ont quasi doublé entre 2012 et 2016, passant de 32 millions à 60 millions d’euros. La détresse des vieux est un « produit rentable et attractif ».

    - Ah ! Je vois. Le viocre est une matière première rentable… Mais comment sont financés ces Ehpads ?

    - Le financement des EHPAD se compose de trois parties : le forfait soins (32 % des charges totales), financé par l’Assurance-maladie via les agences régionales de santé (ARS) ; le forfait dépendance (15 % des charges), financé en partie par les résidents (ou leurs familles) et par le conseil départemental avec l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) ; et le forfait hébergement, payé par les résidents et leurs familles (53 % des charges). Dans le public, la médiane de celui-ci atteint 1 630 euros par mois (la moitié des résidents paient plus, l’autre moitié moins) ; dans le privé associatif, elle est de 1 800 euros, et dans le privé lucratif, de 2 460 euros, avec des tarifs pouvant grimper jusqu’à 8 000 euros.

    Nettement plus onéreux, les établissements commerciaux ne garantissent pas pour autant une meilleure qualité de soins. Ils comptent actuellement vingt à vingt-cinq aides-soignants et infirmiers (équivalent temps plein) pour cent résidents, contre trente pour cent résidents dans le secteur public. Et le niveau de rémunération y est beaucoup plus bas.

    - Eh ! Ils sont là pour faire du fric. Mais ça coûte un pognon de dingue, pour parler comme not’bon président ! Comment les vieux peuvent-ils payer ça ?

    - En vendant la baraque, en se ruinant. Il existe aussi pour les V.P (viocres pauvres) une aide sociale à l’hébergement financée par les départements. Elle permet de prendre en charge la différence entre leurs moyens et le prix de l’hébergement pour les établissements dits « habilités », dont le tarif hébergement est plafonné.

    En 2015, 120 000 personnes bénéficiaient de l’aide sociale à l’hébergement. Trois résidents sur quatre y seraient éligibles, mais ils ne sont qu’un sur deux à la demander, ce qui s’explique par la menace d’une demande d’obligation alimentaire des enfants et petits-enfants, et par la possibilité pour l’État de récupérer les aides versées sur la succession.

    - Mouais… On comprend que les héritiers soient réticents. On aime bien ses vieux mais tout de même, pas au point de leur sacrifier l’héritage, même si c’est le pognon qu’ils ont laborieusement amassé au cours d’une vie… Des résidents pas toujours bien traités, des coûts supérieurs à la pension retraite dans les trois quarts des cas et un personnel sous tension : si je comprends bien, le système des EHPAD est dans une impasse.

    - C’est le moins que l’on puisse dire.

    - Alors qu’est-ce qu’on en fait des vieux ? On les pousse au suicide, comme les paysans ? On les « euthanasie » lorsqu’ils sont trop vétustes, comme en Belgique et au Pays-Bas et peut-être même un peu chez nous, mais sournoisement, sans le dire ?

    - Mme Lagarde, alors patronne du Fonds monétaire international (FMI), aurait dit : « il est vrai qu’il y a un problème très sérieux. C’est que les gens vivent maintenant trop ». Par conséquent, pour atténuer ou neutraliser les effets financiers du « risque de longévité », le FMI propose, entre autres mesures de choc, d’augmenter considérablement l’âge de la retraite parallèlement à l’espérance de vie pour qu’il n’y ait pas plus d’années à payer.. La « réforme Macron-Delevoy » de la retraite ne va-t-elle pas dans ce sens ? Le rêve de tout « gestionnaire » serait une bonne épidémie récurrente qui balaie chaque année tous ceux qui ont largement dépassé la date de péremption. Mais c’est assez difficile à vendre à l'opinion

    Et puis, tant qu’on y est, pourquoi ne pas faire comme dans « Soleil vert » : fabriquer avec les protéines des vieux fermement incités à « libérer le territoire » des pastilles nourrissantes, qu’on pourrait généreusement offrir aux malheureux affamés du tiers-monde…

    - Là, t’envoie le bouchon un peu loin Victor.

    - Pas tellement Loulle. On reconnait la qualité d'une société à la manière dont elle traite ses vieux. Notons qu'on ne trouve pas d'Africains dans les Ehpad…. Pour en revenir à des solutions un peu plus décentes, le mieux n’est-il pas de permettre aux vieux de vivre chez eux ? En famille si possible – mais le mode de vie actuel ne s’y prête plus comme avant – ou chez eux, avec le concours de d’auxiliaires de vie et d’aide-soignantes qui œuvrent dans les Ssiad.

    - Quésaco ?

    - Ça veut dire « service de soins à domicile » Ssiad. J’ai une expérience personnelle, pour ma compagne, qui me fait mettre sur un piédestal les jeunes femmes qui se consacrent à ce service, quasiment un sacerdoce, une vocation. Elles sont compétentes mais surtout généreuses, capables de s'adapter et de réagir, dévouées et toujours souriantes pour un travail difficile, mal payé et mal considéré. Elles sont pourtant souvent le seul rayon de soleil qui entre dans le domicile des vieux qu’elles lavent, qu’elles habillent, qu’elles font manger, auxquels elles redonnent goût à la vie. Elles sont des héroïnes discrètes du quotidien.

    Pourtant les Ssiad sont eux aussi en crise. Les conditions de travail sont difficiles — temps partiel, nombreux déplacements, amplitude horaire importante —, et le secteur est lui aussi fragilisé par des mesures d’économie. Malgré l’importante augmentation des personnes dépendantes, le budget des SSIAD ne suit pas. Le manque de personnel est flagrant là aussi. Et les contrats précaires, d’un mois souvent, peu attractifs. Et le métier est pénible, voire dangereux. Les aides-soignantes souffrent d’une « sinistralité » trois fois supérieure à la moyenne nationale tant leur charge est lourde. Lorsqu'il faut tourner dans un lit, lever un corps difficilement coopératif tangentant parfois le quintal, les reins, le dos en prennent un coup… Enfin, leur faible rémunération, sans espoir de promotion pendant plus de 12 ans, ajoutée à la pénibilité de leur travail dissuade de s’engager dans cette profession, d’autant plus que les volontaires doivent payer leur formation ! Un scandale.

    - Pas très gai tout ça Victor. Alors qu’est-ce qu’on fait ?

    - Le mieux c’est encore de rester en bonne santé. Et pour cela, différentes études fort sérieuses ont dit : « Boire un verre de vin permet de lutter contre les maladies cardio-vasculaires ». « Boire un verre de vin permet de lutter contre certains cancers ». « Boire un verre de vin permet d’éloigner de risque d’Alzeimer ».

    - Ça fait déjà trois verres par jour Victor, qui devraient être remboursés par la Sécu. Allez, à la nôtre, c’est ma tournée !

     

    Illustration: merci au regretté Chimulus

     

    Sources

    https://www.monde-diplomatique.fr/2019/03/BAQUE/59611

    https://www.pour-les-personnes-agees.gouv.fr/

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2017/07/18/dans-le-jura-la-greve-la-plus-longue-de-france_5162040_3224.html

    https://www.liberation.fr/debats/2019/11/25/donnons-aux-aides-soignantes-les-moyens-de-s-occuper-des-personnes-agees_1765402