Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

LANTIFADAS - Page 26

  • Gastronomie calendale: Les cardons à l'anchois

    cardons.jpg

     

    On les voit à l'étal des marchands de légumes,

    Ils y sont tout l'hiver. On les prend, on les hume,

    Puis, généralement, on les remet en place,

    Car de les préparer, peu de gens ont l'audace.. .

    Parce qu'on ne sait pas bien comment les apprêter,

    Les cardes et cardons sont souvent contestés.

    Et pourtant, en Provence, ils sont indispensables

    Quand vient le "Gros souper" des tables calendales.

    Le cardon à l'anchois est un plat rituel

    Du grand repas festif de la nuit de Noël,

    Autant que la morue, l'àpi (1), les escargots,

    Le muge (2) et les desserts à tire l'arigo.

    On appelle cardon la cote de la carde,

    Espèce d’artichaut qui, l'hiver, s'acagnarde

    À l'abri des cébisses (3) et des haies de cyprès.

    Les meilleures sont celles qui sont serrées très près

    Du sol pour qu'elles restent bien tendres et blanches

    Et non fibreuses, raides comme de vieilles branches.

    Compte deux bons kilos pour quatre ou cinq personnes:

    Il y a du déchet plus qu'on ne le soupçonne.

    Jette toutes les feuilles et les côtes squameuses,

    Ôte soigneusement les parties filandreuses,

    Puis coupe tes cardons en tronçons de trois doigts,

    Dans de l'eau vinaigrée plonge-les tout de suite,

    Par cette précaution le cuisinier évite

    Que les cardons brunissent sans qu'on sache pourquoi.

    Puis, en eau abondante, salée et citronnée,

    Tu les fais cuire une heure. Lorsque c'est terminé,

    Tu va les égoutter et réserver au frais

    Jusques au lendemain. C'est là l'un des secrets

    Pour réussir ce plat, parce que, je le prétends

    La carde est un légume qui se cuit en deux temps.

    Attaquons maintenant notre phase finale,

    Mais sers-moi un canon: il faut mouiller la dalle!

    Dans de l'huile d'olive chaude au fond d'un faitout

    Tu fais suer tes cardes doucement, à feu doux.

    Pendant ce temps tu prends dix beaux anchois salés,

    Sous l'eau du robinet, sépare les filets.

    Fait une Béchamel avec un quart de lait,

    Ajoute les anchois et, en tournant, fond-les

    Dans la préparation avec une cuiller.

    Dans le premier faitout, tu verses alors ceci,

    Tu mélanges aux cardons en ayant le souci

    De ne point écraser tes tronçons légumiers.

    Un quart de lait de plus, de noix muscade un peu,

    Sel, poivre du moulin, puis retire du feu.

    Tu incorpores, alors, du râpé de gruyère,

    Enfin verse le tout dans un plat à gratin

    Saupoudre de fromage de façon régulière,

    Puis tu mets à four chaud sans plus de baratin.

    Lorsque c'est gratiné, tu sers chaud et fumant.

    Ce plat est idéal en accompagnement

    D'une côte de bœuf ou d'un poisson au four.

    C'est un plat du terroir, simple comme bonjour,

    Mais un plat succulent et, de plus, diététique

    Que l'on mange en Provence depuis les temps antiques.

    Cessons pour aujourd'hui ce conte culinaire

    Ma tripe est assoiffée, remplis raz bord mon verre

    De ce nectar divin de la Vallée du Rhône

    Et laisse près de moi la coupe et la bonbonne.

     

    Ingrédients et proportions pour six personnes:

     

    - Trois kilos de cardes, - 1 verre de vinaigre, - 1 jus de citron, - 1 poignée de gros sel, - 3 cuillerées d'huile d'olive de la Vallée des Baux, - 10 anchois salés, - 1 demi-litre de lait, - muscade, - poivre du moulin, - 3 hectos de gruyères râpé.

     

    Les vins conseillés:

    Les cardons étant surtout un plat d'accompagnement, le choix du vin dépend du plat principal. Avec une côte de bœuf, des vins rouges jeunes ou même primeurs. En Côtes-du-Rhône: Sainte-Cécile-les-Vignes, Rochegude, Tulette, Saze, Domazan, Gallician. En vins du Languedoc: Aspiran, Berlou, Cournonterral, Poujols. En vins de Provence: Allauch, Châteauneuf-Ie-Rouge, Cuers, Flassans-sur-Issole.

    Avec un poisson au four, des blancs capiteux. En Côtes-du-Rhône: Laudun, Uchaux, Châteauneuf-de-Gadagne, Codolet. En Languedoc: Argeliers, Bize-Minervois, Puichéric, Roubia. En Provence: Camps-la-­Soure, Rocbaron, Meyreuil, Le Tholonet.

     

    (1) L'api : le céleri.

    (2) Muge: encore appelé mulet - c'est un poisson de mer qui monte frayer dans fleuves et rivières et particulièrement dans le Rhône.

    (3) Cébisses : haies coupe-vent faites en cannes de Provence.

     

    Illustration originale Vincent Barbantan

     

  • Revenu universel : le retour ?

     

    revenu universel.jpg

    Un des effets induits du COVID est de chambouler complètement l’organisation économique et sociale de notre société. Un des fondamentaux de celle-ci est la redistribution du fruit des richesses produites par les entreprises par la rémunération du travail. Or du travail, à cause de la redoutable petite bête et des travers de la société ultralibérale, il y en a de moins en moins. Les machines, les robots, insensibles au virus, remplacent au maximum les humains. Les machines au lieu de libérer l’homme en diminuant sa charge de travail le privent parfois totalement de son emploi. Le COVID fausse encore plus l’injuste compétition entre la machine et l’homme. Et le télétravail fini de flinguer les structures sociales des entreprises.

    Le travail n’est pas seulement un facteur de production, il joue aussi un rôle social. C’est par lui que chacun a une chance de sentir qu’il occupe une place dans la société. Si le travail devait disparaître, même si c’est pour le temps d’une période d’adaptation, c’est le fonctionnement de la société qui en serait altéré. Il faut trouver autre chose faute de voir la société se déliter en crises sociales qui, en France, pays des révolutions, risquent d’être redoutables.

    Une des pistes pourrait, et même devrait logiquement être le fameux « revenu universel de base ». On se souvient que Benoit Hamon, qui en avait fait son cheval de bataille, a été moqué et blackboulé ! Mais le COVID n’était pas encore passé par là. Benoît Hamon voulait un revenu de base pour tous, quel que soit le revenu du bénéficiaire. Ce qui est profondément inégalitaire. Il rétablissait ensuite l’égalité par la fiscalité : ce revenu touché par une personne ayant un bon salaire sera en fait restitué en partie par l’impôt puisqu’il changera de tranche ! Dans son système, toute la protection sociale demeure, tant l’assurance maladie que l’assurance chômage. Le financement serait assuré en partie par les économies réalisées grâce à la fusion de toutes les aides existantes et par une rénovation de la fiscalité, notamment avec la création d’une taxe carbone, d’une taxe sur les transactions financières, d’une taxe sur les robots.

    Avec ce revenu universel, les salariés retrouveraient un pouvoir de négociation face aux patrons puisqu’ils ne seraient plus tenus de s’incliner toujours plus bas par crainte du chômage. La situation actuelle, avec un chomage retrouvant la zone insupportable des 10 % rend cette approche moins utopique.

    Il y a aussi la manière ultralibérale de voir ce revenu universel. C’est l’école de l’économiste étasunien Milton Friedman. Le fait que Bill Gates en soit partisan suffit à la rendre suspecte ! On donne à chaque adulte une somme (pas très importante, de l’ordre du RSA actuel). Ce « revenu de liberté » serait financé par une « flat tax », un impôt uniforme autour de 22 à 25 % pris sur tous les revenus, y compris ceux du patrimoine. Un impôt qui remplacerait l’impôt progressif sur le revenu mais aussi tous les prélèvements obligatoires. Avec évidemment suppression de toutes les aides existantes, prestations familiales, minima sociaux, bourses, etc. De plus, la simplification administrative permettrait de se débarrasser de milliers de fonctionnaires. Censée lutter contre la pauvreté, ce système reviendrait en fait à supprimer tous les filets de sécurité des plus fragiles tout en effectuant un transfert de fric vers les plus hauts revenus. Là, c'est une sordide arnaque.

    Les esprits mal tournés pourraient aussi redouter que les patrons en profitent pour déduire du salaire qu’ils proposent le montant de ce revenu universel qui ne serait dès lors plus qu’une subvention généralisée aux entreprises, abaissant d’autant le coût du travail ! Allons, allons, comment peut-on penser ça ?

    Et puis, avec ce système, les femmes au foyer toucheraient ce revenu, ce qui serait une façon de reconnaître leur énorme travail domestique. Elles resteraient à la maison et feraient des petits ? Eh ! Oh ! Ce serait peut-être bon pour la démographie du pays tout en résorbant le chômage mais bonjour l’épanouissement des femmes ! Ce serait plutôt un piège pour les remettre sous la coupe des mâles…

    On touche du doigt la complexité de la chose. Mais rien que le fait d’en parler fait avancer le schmilblick. Le revenu universel est une utopie brillante, à notre portée ! En la finançant en partie avec la taxation des robots ? C’est une piste de plus en plus raisonnable.

    Taxer les robots n’est pas une réaction contre le progrès, au contraire. Il ne s’agit pas de « brûler les métiers à tisser » mais de mettre en place une taxe équitable. Bien sûr qu’il faut taxer à un taux différentiel en fonction de leur utilité non seulement les robots des usines mais il faut aussi et surtout faire payer toutes ces machines (caisses automatiques d’autoroute, d’hypermarché, etc.) qui prennent la place de personnes qui cotisaient, elles ! Cette taxe toucherait les petits ordinateurs comme les gros systèmes, lecteurs de cartes, distributeurs, robots, pompes à essence automatiques, billetteries, trieuses postales et serait une « taxe sur la capacité de production » basée sur un ratio évaluant la capacité de production d’une machine par rapport à l’homme. Serait ainsi établie une cotisation mensuelle sur tous les robots, ordinateurs et systèmes experts à un taux en fonction de leur capacité de production mesuré en équivalent-hommes qui serait la base de la taxation. Comme la puissance fiscale des véhicules est mesuré en équivalents-chevaux.

    Eh ! Monsieur le président. Un peu d’imagination, un peu de hardiesse. Il y en a là du pognon à prendre ! Et une idée formidable dans le droit fil de la justice, de la liberté retrouvée, de l’égalité homme-machine, de la sorofraternité (?!) patrons-employés.

    L'après COVID ne sera pas comme avant disent tous les « zéconomistes distingiés ». Alors pourquoi ne pas creuser la question ?

    Chiche, Monsieur not’bon président ?

     

    Photo X - Droits réservés

     

  • Défense européenne. Va-t-on enfin trouver la « 28° armée » ?

    armée européenne don quichotte.jpg

    « On ne protégera pas les Européens si on ne décide pas d’avoir une vraie armée européenne. Face à la Russie qui est à nos frontières et qui a montré qu’elle pouvait être menaçante […] on doit avoir une Europe qui se défend davantage seule, sans dépendre seulement des États-Unis et de manière plus souveraine ». (lien)

    Il lui arrive de rouler des épaules à not’bon président (lien), mais il est bien seul. Enfin, il était bien seul mais les choses semblent bouger. En effet, cette idée de défense européenne est reprise par le social-démocrate espagnol Josep Borrell nommé Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. Pour lui, l’Europe doit « renforcer son autonomie stratégique, mieux gérer ses capacités et nous protéger efficacement » si elle veut pouvoir exploiter pleinement les opportunités qu’offrirait une nouvelle ère de partenariat entre l’UE et les États-Unis dans l’après-Trump. N’a-t-il pas déclaré que l’UE devait apprendre « le langage du pouvoir » et défendre activement ses intérêts, sur le plan diplomatique comme militaire ! Un langage de fermeté qu’on n’a pas l’habitude d’entendre dans la bouche des hauts responsables européens ! Pour passer des paroles aux actes, l’Espagnol milite pour le déploiement de soldats en Libye, et ne serait pas non plus opposé à un renforcement de la présence militaire européenne dans le Sahel. « L’ère de l’Union européenne conciliante, quand ce n’est pas naïve, a vécu », a écrit le chef de la diplomatie européenne dans le journal allemand Die Welt. « Le soft power vertueux ne suffit plus dans le monde d’aujourd’hui. Il faut y ajouter une dimension de hard power. » (lien)

    Seulement voilà : Les décisions de politique extérieure requièrent l’unanimité des 27 États membres, tandis que le recours à l’armée reste du ressort des gouvernements nationaux. Il existe bien les « Battlegroups », des troupes de combat européennes. Il s’agit de deux dispositifs militaires composés de 1 500 soldats chacun, qui sont mis à la disposition de l’UE afin de lui permettre de réagir rapidement à d’éventuelles crises. Ces bataillons sont équipés de matériel lourd comme des chars et des hélicoptères de combat, et sont dirigés pendant six mois par une nation cadre. Ces troupes « européennes » ne sont jamais intervenues en l’absence d’accord politique quasi impossible avec la règle de l’unanimité entre les 27 membres de l’UE.

    « L’Europe, combien de divisions ? » pourrait-on dire en paraphrasant un terrible moustachu célèbre. Ben, trois mille soldats pas aguerris du tout. Alors que l’Europe compte environ 1,4 million de soldats actifs, soit autant que les États-Unis, plus que l’armée russe (1,1 million) ou celle de la Corée du nord (1,2 million), mais sensiblement moins que l’armée chinoise (2,millions).

    Les choses bougent disions-nous. En effet Manuel Macron et Josep Borrell ont reçu du soutien de la part des socio-démocrates allemands. « La situation géopolitique et les valeurs européennes obligent l’UE à assumer un rôle actif en matière de politique de sécurité » qui ajoutent que dans les situations de crise « la Commission dépend encore trop de la volonté des uns et des autres ». L’heure serait donc venue « de franchir un pas courageux vers la création d’une armée européenne ».

    Les experts en politique de défense du SPD proposent la création d’une « 28e armée » : Plutôt que de se concentrer sur le développement de la coopération entre les 27 armées nationales, une armée propre serait ainsi créée, en parallèle des troupes nationales. La 28e armée serait directement soumise à la Commission et placée sous la responsabilité d’un nouveau Commissaire à la défense. Le contrôle politique serait assuré par un Comité de défense du Parlement européen, les eurodéputés décideraient ainsi du déploiement des troupes à la majorité simple sur proposition de la Commission.

    Le SPD, dans ce rapport appelle à un « élan révolutionnaire pour stimuler le processus évolutif » de création de l’armée européenne. Dans un premier temps, cette « 28e armée » aurait des capacités opérationnelles limitées mais elle pourrait, en évoluant, « assumer de nombreuses missions des forces armées nationales dans les domaines de l’armée de terre, de la marine, de l’aviation et de la cybersécurité, et ainsi déboucher sur une véritable armée européenne ». Le rapport conclut en soulignant qu’en l’absence d’un tel projet, la seule alternative serait d’accepter que l’Europe continue de pâtir de son impuissance en matière de politique de sécurité.

    Ben dis donc! Ils relèvent le casque nos cousins germains!

    Une armée, mais contre quel ennemi ? Macron désigne le Russe, pas l’Islamiste ! Lorsqu’il évoque ces « puissances autoritaires qui réémergent et se réarment aux confins de l’Europe », il ne cite pas la Turquie d’Erdogan, qui étend son action belliqueuse jusqu’à nos portes mais « la Russie, qui a démontré qu’elle pouvait de nouveau se montrer menaçante ».

    Les Russes sont comme les autres, ils ont peur de la guerre et ils vont tout faire pour l’éviter. La dernière leur a coûté plus de 28 millions de morts… Mais ils sont aussi prêts s’il faut la faire. Ceci est une caractéristique culturelle russe unique, que l’Occident a mal interprétée un nombre incalculable de fois au cours des 1 000 dernières années. Maintes et maintes fois, les Européens ont attaqué la Russie pour se retrouver dans un combat qu’ils n’auraient jamais imaginé, même dans leurs pires cauchemars. Napoléon et Hitler y ont creusé leurs tombeaux. Voilà pourquoi les Russes aiment à dire que « la Russie ne commence jamais les guerres, elle les termine ».

    Pourtant, la Russie est évidemment européenne. De Gaulle ne parlait-il pas de « l’Europe de l’Atlantique à l’Oural » ? Elle est européenne par la géographie, par la population, par la (les) religion(s), par la civilisation, par l’histoire. Cette grande nation a donné au monde les écrivains Pouchkine, Tolstoï, Dostoïevski, mais aussi les musiciens Borodine, Rimski-Korsakov, Moussorgski, Rachmaninov, Tchaïkovski, mais encore Mendeleïev, génie de la physique qui a réalisé la classification des éléments de la nature, etc., etc. et - cerise sur le vatrouchka – c’est le pays qui a envoyé le premier homme dans l’espace. C’est une civilisation jumelle, imbriquée depuis toujours à la nôtre. Ils connaissent nos penseurs, nos artistes, nos idées. Ils ont parlé français dans les hautes sphères pendant deux siècles.

    Une armée européenne ? Oui, enfin. Mais encore ne faudrait-il pas se tromper d’ennemi.

    Sinon le « 28° armée » risque de se perdre comme la fameuse « 7° compagnie ».

     

    Sources :

    https://www.liberation.fr/direct/element/macron-propose-une-vraie-armee-europeenne_89551/

    https://atlasocio.com/classements/defense/effectif/classement-etats-par-effectif-militaire-total-monde.php

    https://www.lefigaro.fr/international/bientot-une-armee-europeenne-20201120

     

    Photo X - Droits réservés