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Revenu universel : le retour ?

 

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Un des effets induits du COVID est de chambouler complètement l’organisation économique et sociale de notre société. Un des fondamentaux de celle-ci est la redistribution du fruit des richesses produites par les entreprises par la rémunération du travail. Or du travail, à cause de la redoutable petite bête et des travers de la société ultralibérale, il y en a de moins en moins. Les machines, les robots, insensibles au virus, remplacent au maximum les humains. Les machines au lieu de libérer l’homme en diminuant sa charge de travail le privent parfois totalement de son emploi. Le COVID fausse encore plus l’injuste compétition entre la machine et l’homme. Et le télétravail fini de flinguer les structures sociales des entreprises.

Le travail n’est pas seulement un facteur de production, il joue aussi un rôle social. C’est par lui que chacun a une chance de sentir qu’il occupe une place dans la société. Si le travail devait disparaître, même si c’est pour le temps d’une période d’adaptation, c’est le fonctionnement de la société qui en serait altéré. Il faut trouver autre chose faute de voir la société se déliter en crises sociales qui, en France, pays des révolutions, risquent d’être redoutables.

Une des pistes pourrait, et même devrait logiquement être le fameux « revenu universel de base ». On se souvient que Benoit Hamon, qui en avait fait son cheval de bataille, a été moqué et blackboulé ! Mais le COVID n’était pas encore passé par là. Benoît Hamon voulait un revenu de base pour tous, quel que soit le revenu du bénéficiaire. Ce qui est profondément inégalitaire. Il rétablissait ensuite l’égalité par la fiscalité : ce revenu touché par une personne ayant un bon salaire sera en fait restitué en partie par l’impôt puisqu’il changera de tranche ! Dans son système, toute la protection sociale demeure, tant l’assurance maladie que l’assurance chômage. Le financement serait assuré en partie par les économies réalisées grâce à la fusion de toutes les aides existantes et par une rénovation de la fiscalité, notamment avec la création d’une taxe carbone, d’une taxe sur les transactions financières, d’une taxe sur les robots.

Avec ce revenu universel, les salariés retrouveraient un pouvoir de négociation face aux patrons puisqu’ils ne seraient plus tenus de s’incliner toujours plus bas par crainte du chômage. La situation actuelle, avec un chomage retrouvant la zone insupportable des 10 % rend cette approche moins utopique.

Il y a aussi la manière ultralibérale de voir ce revenu universel. C’est l’école de l’économiste étasunien Milton Friedman. Le fait que Bill Gates en soit partisan suffit à la rendre suspecte ! On donne à chaque adulte une somme (pas très importante, de l’ordre du RSA actuel). Ce « revenu de liberté » serait financé par une « flat tax », un impôt uniforme autour de 22 à 25 % pris sur tous les revenus, y compris ceux du patrimoine. Un impôt qui remplacerait l’impôt progressif sur le revenu mais aussi tous les prélèvements obligatoires. Avec évidemment suppression de toutes les aides existantes, prestations familiales, minima sociaux, bourses, etc. De plus, la simplification administrative permettrait de se débarrasser de milliers de fonctionnaires. Censée lutter contre la pauvreté, ce système reviendrait en fait à supprimer tous les filets de sécurité des plus fragiles tout en effectuant un transfert de fric vers les plus hauts revenus. Là, c'est une sordide arnaque.

Les esprits mal tournés pourraient aussi redouter que les patrons en profitent pour déduire du salaire qu’ils proposent le montant de ce revenu universel qui ne serait dès lors plus qu’une subvention généralisée aux entreprises, abaissant d’autant le coût du travail ! Allons, allons, comment peut-on penser ça ?

Et puis, avec ce système, les femmes au foyer toucheraient ce revenu, ce qui serait une façon de reconnaître leur énorme travail domestique. Elles resteraient à la maison et feraient des petits ? Eh ! Oh ! Ce serait peut-être bon pour la démographie du pays tout en résorbant le chômage mais bonjour l’épanouissement des femmes ! Ce serait plutôt un piège pour les remettre sous la coupe des mâles…

On touche du doigt la complexité de la chose. Mais rien que le fait d’en parler fait avancer le schmilblick. Le revenu universel est une utopie brillante, à notre portée ! En la finançant en partie avec la taxation des robots ? C’est une piste de plus en plus raisonnable.

Taxer les robots n’est pas une réaction contre le progrès, au contraire. Il ne s’agit pas de « brûler les métiers à tisser » mais de mettre en place une taxe équitable. Bien sûr qu’il faut taxer à un taux différentiel en fonction de leur utilité non seulement les robots des usines mais il faut aussi et surtout faire payer toutes ces machines (caisses automatiques d’autoroute, d’hypermarché, etc.) qui prennent la place de personnes qui cotisaient, elles ! Cette taxe toucherait les petits ordinateurs comme les gros systèmes, lecteurs de cartes, distributeurs, robots, pompes à essence automatiques, billetteries, trieuses postales et serait une « taxe sur la capacité de production » basée sur un ratio évaluant la capacité de production d’une machine par rapport à l’homme. Serait ainsi établie une cotisation mensuelle sur tous les robots, ordinateurs et systèmes experts à un taux en fonction de leur capacité de production mesuré en équivalent-hommes qui serait la base de la taxation. Comme la puissance fiscale des véhicules est mesuré en équivalents-chevaux.

Eh ! Monsieur le président. Un peu d’imagination, un peu de hardiesse. Il y en a là du pognon à prendre ! Et une idée formidable dans le droit fil de la justice, de la liberté retrouvée, de l’égalité homme-machine, de la sorofraternité (?!) patrons-employés.

L'après COVID ne sera pas comme avant disent tous les « zéconomistes distingiés ». Alors pourquoi ne pas creuser la question ?

Chiche, Monsieur not’bon président ?

 

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