Hier, je suis allé avec ma compagne dans une des zones commerciales de ma ville. Rien d’original, c’est partout les mêmes merdes architecturales genre boite à chaussure et d’énormes panneaux de pub criards. Pour y arriver, j’ai longé des friches industrielles. Il y a quelques années on y fabriquait des produits en polystyrène expansé, à côté c’était une fonderie… Maintenant ruines, toits affalés, murs tagués… L’image de la désindustrialisation.
Dans la zone commerciale, nous sommes entrés dans un gigantesque entrepôt de vente où s’offraient à la convoitise de gens pauvres des monceaux de produits fabriqués en Chine, au Bangladesh, en Inde. Probablement par des semi-esclaves ou des enfants, au mieux par des travailleurs exploités. Il y a quelques années, à la place de ces bâtiments se trouvait le centre de recherche très moderne, très performant, d’une entreprise lideur en France dans le domaine des bétons précontraints. Parti ailleurs… L’image de la délocalisation.
J’ai vainement cherché dans ces illustrations l’image de la « mondialisation heureuse » prônée il y a quelques années par le pittoresque Alain Minc. Cette image, ce sont des entrepôts logistiques, des hypermarchés, des franchisés vendant partout les mêmes merdes mais plus aucune industrie, plus aucune PME, encore quelques artisans essayant de s’en sortir. Un pays en voie de tiers-mondisation…
Eh ouais ! Coco, faut être moderne ! C’est ça la libre circulation mondiale des produits, c’est ça la libre circulation mondiale des capitaux ! Moderne le fait de permettre à quelques multinationales mafieuses à vocation uniquement financière de mener leur prédation partout dans le monde en piquant la plus-value financière et en laissant la casse sociale aux autochtones ? Va fanculo…
Sauf à appliquer en France les mêmes salaires qu’en Chine ou – pire – au Bangladesh - et la même (non) protection sociale, il est impossible pour les industries françaises et européennes d’être concurrentielles. Sauf à être débile, on ne peut pas mettre en concurrence des pays où les coûts de main-d’œuvre varient de un à quatre-vingt ! Eh bien oui, on est débile. En tout cas les têtes d’œuf qui nous gouvernent tant au niveau national qu’au niveau de l’Europe. Une konnerie (angélisme on dit pour être à la mode, Coco !) qui fait se bidonner de rire les dirigeants chinois qui, eux, ne sont pas si kons : leur marché est solidement verrouillé et ils n’acceptent que les produits qu’ils ne peuvent pas encore construire eux-mêmes, comme les avions par exemple. Et dans ce cas, ils exigent qu’on leur transfère toutes les technologies… afin qu’ils puissent quelques années plus tard concurrencer dans le monde les débiles naïfs qui leur ont donné le bâton pour se faire battre. Exemple Siemens et ses TGV !!! Exemple les Airbus !!! Exemple l’essentiel des ordinateurs et autres smartphones grand public.
Mouais… Alors on fait quoi ? Ben, on pourrait peut-être s’inspirer de cet affreux goujat de Trump qui se révèle à l’usage moins kon qu’il voudrait le faire croire : taxer aux portes de l’Union européennes les importations en provenance de la Chine et autres pays à très bas coût salariaux, protections sociales inexistantes et jemenfoutisme écologique. Mais c’est du protectionnisme ça Coco ! Ben oui, et c’est pas un gros mot. Il n’y a que ça pour mettre un peu d’équité dans les échanges commerciaux. Si les pays qui subiront ce protectionnisme veulent atteindre notre marché, soit ils paieront des droits de douane spéciaux remettant de l’équité, soit ils installeront des usines pour produire en France, donc ils créeront de l’emploi et tout le monde sera content. C’est le pari de Trump.
La Chine – puisque c’est essentiellement ce pays qui est en cause – devrait alors se tourner un peu plus vers son énorme marché intérieur, augmentant d’autant les conditions de vie de ses populations. De plus, la planète y gagnerait une moindre pollution par les transports…
Ce protectionnisme « intelligent », pour être honnête, devrait aussi s’appliquer, en sens contraire, à l’Afrique dont l’économie locale est laminée, ruinée par des accords de « libre-échange, » donc de suppression de droits de douane qui permettent aux produits européens subventionnés d’inonder les marchés.
Alors qu’est-ce qu’on attend ?
Des dirigeants honnêtes, lucides et courageux.
Ça existe ça Coco ?
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