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politique - Page 19

  • Grandes voix : le visionnaire Bernanos sur la Civilisation des Machines.

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    Dans son pamphlet posthume « La France contre les robots », Georges Bernanos peint « à destination des imbéciles », avec une verve féroce, les grands traits de la civilisation qui s’annonçait alors : celle de l’Homme attaché par sa servitude volontaire à la Machine. Ce texte prémonitoire a...71 ans ! Chapeau l’artiste !

    Quand la société impose à l’homme des sacrifices supérieurs aux services qu’elle lui rend, on a le droit de dire qu’elle cesse d’être humaine, qu’elle n’est plus faite pour l’homme, mais contre l’homme. Dans ces conditions, s’il arrive qu’elle se maintienne, ce ne peut être qu’aux dépens des citoyens ou de leur liberté ! Imbéciles, ne voyez-vous pas que la civilisation des machines exige en effet de vous une discipline chaque jour plus stricte ? Elle l’exige au nom du Progrès, c’est-à-dire au nom d’une conception nouvelle de la vie, imposée aux esprits par son énorme machinerie de propagande et de publicité. Imbéciles ! Comprenez donc que la civilisation des machines est elle-même une machine, dont tous les mouvements doivent être de plus en plus parfaitement synchronisés ! Une récolte exceptionnelle de café au Brésil influe aussitôt sur le cours d’une autre marchandise en Chine ou en Australie ; le temps n’est certainement pas loin où la plus légère augmentation de salaires au Japon déchaînera des grèves à Detroit ou à Chicago, et finalement mettra une fois encore le feu au monde.

    Imbéciles ! Avez-vous jamais imaginé que dans une société où les dépendances naturelles ont pris le caractère rigoureux, implacable, des rapports mathématiques, vous pourrez aller et venir, acheter ou vendre, travailler ou ne pas travailler, avec la même tranquille bonhomie que vos ancêtres ? Politique d’abord ! disait Maurras. La Civilisation des Machines a aussi sa devise : « Technique d’abord ! technique partout ! » Imbéciles ! Vous vous dites que la technique ne contrôlera, au pis-aller, que votre activité matérielle, et comme vous attendez pour demain la « semaine de cinq heures » et la foire aux attractions ouverte jour et nuit, cette hypothèse n’a pas de quoi troubler beaucoup votre quiétude.

    Prenez garde, imbéciles ! Parmi toutes les Techniques, il y a une technique de la discipline, et elle ne saurait se satisfaire de l’ancienne obéissance obtenue vaille que vaille par des procédés empiriques, et dont on aurait dû dire qu’elle était moins la discipline qu’une indiscipline modérée. La Technique prétendra tôt ou tard former des collaborateurs acquis corps et âme à son Principe, c’est-à-dire qui accepteront sans discussion inutile sa conception de l’ordre, de la vie, ses Raisons de Vivre. Dans un monde tout entier voué à l’Efficience, au Rendement, n’importe-t-il pas que chaque citoyen, dès sa naissance, soit consacré aux mêmes dieux ? La Technique ne peut être discutée, les solutions qu’elle impose étant par définition les plus pratiques. Une solution pratique n’est pas esthétique ou morale. Imbéciles ! La Technique ne se reconnaît-elle pas déjà le droit, par exemple, d’orienter les jeunes enfants vers telle ou telle profession ? N’attendez pas qu’elle se contente toujours de les orienter, elle les désignera. Ainsi, à l’idée morale, et même surnaturelle, de la vocation s’oppose peu à peu celle d’une simple disposition physique et mentale, facilement contrôlable par les Techniciens.

    Croyez-vous, imbéciles, qu’un tel système, et si rigoureux, puisse subsister par le simple consentement ? Pour l’accepter comme il veut qu’on l’accepte, il faut y croire, il faut y conformer entièrement non seulement ses actes, mais sa conscience. Le système n’admet pas de mécontents. Le rendement d’un mécontent – les statistiques le prouvent – est inférieur de 30 % au rendement normal, et de 50 ou 60 % au rendement d’un citoyen qui ne se contente pas de trouver sa situation supportable – en attendant le Paradis – mais qui la tient pour la meilleure possible. Dès lors, le premier venu comprend très bien quelle sorte de collaborateur le technicien est tenu logiquement de former.

    Il n’y a rien de plus mélancolique que d’entendre les imbéciles donner encore au mot de Démocratie son ancien sens. Imbéciles ! Comment diable pouvez-vous espérer que la Technique tolère un régime où le technicien serait désigné par le moyen du vote, c’est-à-dire non pas selon son expérience technique garantie par des diplômes, mais selon le degré de sympathie qu’il est capable d’inspirer à l’électeur ? La Société moderne est désormais un ensemble de problèmes techniques à résoudre. Quelle place le politicien roublard, comme d’ailleurs l’électeur idéaliste, peuvent-ils avoir là-dedans ? Imbéciles ! Pensez-vous que la marche de tous ces rouages économiques, étroitement dépendants les uns des autres et tournant à la vitesse de l’éclair va dépendre demain du bon plaisir des braves gens rassemblés dans les comices pour acclamer tel ou tel programme électoral ? Imaginez-vous que la Technique d’orientation professionnelle, après avoir désigné pour quelque emploi subalterne un citoyen jugé particulièrement mal doué, supportera que le vote de ce malheureux décide, en dernier ressort, de l’adoption ou du rejet d’une mesure proposée par la Technique elle-même ? Imbéciles ! Chaque progrès de la Technique vous éloigne un peu plus de la démocratie rêvée jadis par les ouvriers idéalistes du faubourg Saint-Antoine.

    Il ne faut vraiment pas comprendre grand-chose aux faits politiques de ces dernières années pour refuser encore d’admettre que le Monde moderne a déjà résolu, au seul avantage de la Technique, le problème de la Démocratie. Les États totalitaires, enfants terribles et trop précoces de la Civilisation des Machines, ont tenté de résoudre ce problème brutalement, d’un seul coup. Les autres nations brûlaient de les imiter, mais leur évolution vers la dictature s’est trouvée un peu ralentie du fait que, contraintes après Munich d’entrer en guerre contre l’hitlérisme et le fascisme, elles ont dû, bon gré mal gré, faire de l’idée démocratique le principal, ou plus exactement l’unique élément de leur propagande. Pour qui sait voir, il n’en est pas moins évident que le réalisme des démocraties ne se définit nullement lui-même par des déclarations retentissantes et vaines comme, par exemple, celle de la Charte de l’Atlantique, déjà tombée dans l’oubli.

    Depuis la guerre de 1914, c’est-à-dire depuis leurs premières expériences, avec Lloyd George et Clemenceau, des facilités de la dictature, les Grandes Démocraties ont visiblement perdu toute confiance dans l’efficacité des anciennes méthodes démocratiques de travail et de gouvernement. On peut être sûr que c’est parmi leurs anciens adversaires, dont elles apprécient l’esprit de discipline, qu’elles recruteront bientôt leurs principaux collaborateurs ; elles n’ont que faire des idéalistes, car l’État technique n’aura demain qu’un seul ennemi : « l’homme qui ne fait pas comme tout le monde » – ou encore : « l’homme qui a du temps à perdre » – ou plus simplement si vous voulez : « l’homme qui croit à autre chose qu’à la Technique ».

     

    in : Georges Bernanos. « La France contre les robots ».

     

    Illustration X - Droits réservés

     

  • Donald et Kim : « Marions-les, marions-les, je crois qu’ils se ressemblent… »

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    On pourrait se marrer avec ce « soap opera » qui voit deux clowns de seconde zone mobiliser les regards et l’attention du monde entier. Seulement dans la corbeille de mariage, il y a les Bombes. Pas les bombinettes de Caen, de Dresde ou du Vietnam, même pas les bombes de Hiroshima et Nagazaki, non, des Bombasses capables de détruire notre belle planète qui perd la boule.

    Trump file le parfait amour avec le rusé Kim Jong-un qui le promène mais en même temps il déchire unilatéralement l’accord sur le nucléaire iranien alors que ce pays respecte scrupuleusement l’accord, comme l’atteste régulièrement, rapport après rapport, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) chargée de vérifier la réalité des accords.

    D’un côté des mamours ridicules et de l’autre des menaces. Pour une seule et bonne raison, c’est que la Corée du Nord a des armes nucléaires capables d’atteindre les États-Unis. Et ça change tout. Les États-Unis restent égaux à eux-mêmes : fort avec les faibles, faibles avec les forts. Ils ont beau dire (Pompeo) que la Corée du Nord, « contrairement à l’Iran, ne déstabilise pas le Yemen ni la Syrie », ce qui est faux, Pyongyang fournissant aux rebelles Houtis du Yemen des armes, tout comme l’Iran, la réalité de l’arsenal nucléaire nord-coréen change radicalement la donne.

    Résultat des courses : pour être respecté il faut avoir La BOMBE. C’est la seule assurance contre les velléités belliqueuses des États-Unis. Et donc les Iraniens ne vont pas tarder – si ce n’est déjà le cas – de reprendre dare-dare leurs travaux afin d’obtenir enfin la Bombe salvatrice. Ils ont sous les yeux le sort de Saddam Hussein et celui de Khadafi que seraient toujours au pouvoir s’ils avaient eu la terrible Bombe !

    Et pourquoi croyez-vous que des puissances moyennes comme nous la France, nos voisins Britanniques, ou encore Israël bien que ne l’ayant jamais officiellement reconnu, soyons respectés et à l’abri d’une menace militaire majeure ? Parce que l’ennemi potentiel sait qu’il risque gros, très gros, trop gros.

    Kim Jong-un connaît ces évidences et s’en sert. Il ne lâche rien, balade le gros Donald et joue remarquablement le coup en Asie tandis que Trump a totalement décrédibilisé la parole étasunienne en écrasant son gros cul sur les accords difficilement obtenus avec les dangereux religieux iraniens. Dès lors, on peut s’attendre à une course à l’armement nucléaire. L’Iran et l’Arabie saoudite au Moyen-Orient, le Japon en Extrême-Orient, voire l’Afrique du Sud, le Brésil le Mexique. Bonjour les dégâts… Et même en Europe, l’Allemagne peut avoir la Bombe quand elle veut, idem pour l’Italie et d’autres…

    Cette menace nucléaire prend une dimension pré apocalyptique avec ce qui se passe actuellement entre l’Inde et le Pakistan, toutes deux puissances nucléaires.

    Bref, on est mal barré !

     

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  • Élections en Algérie. "Cinq interdit"!

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    On nous bourre le mou avec le Venezuela et les saloperies étasuniennes, avec la comédie loufoque de Trump recevant son homologue en clownerie de Corée du nord au Vietnam, pays qui a foutu la pâtée aux USA, mais on oublie curieusement ce qui se passe juste en face de nos côtes méditerranéennes, dans ce pays si proche et si loin tant au niveau géographique qu’affectif : l’Algérie.

    On va voter au mois d’avril en Algérie. On va voter et très probablement élire Bouteflika pour un cinquième mandat, un zombie manipulé par un clan qui tient le pays depuis des décennies. L’Algérie, c’est 40 millions d’habitants, dont la moitié a moins de vingt ans. Le chaos politique signifierait un tsunami d’immigration vers la France. Voilà ce qui fait trembler nos dirigeants qui préfèrent encore voir se continuer la situation actuelle que de devoir faire face à une grave crise géopolitique.

    Les manifestations contre un cinquième mandat du président actuel se multiplient et rappellent la situation qui, il y a quelques années en Tunisie a abouti au départ de Ben Ali. Vendredi dernier, ils étaient des dizaines de milliers dans les rues d’Alger clamant leur rejet de Bouteflika. Lundi c’étaient les avocats revendiquant un état de droit et ce mardi on attend les étudiants.

    Ce pays est assis sur un tas d’or noir et pourtant stagne économiquement. Il n’a pas su utiliser sa manne pétrolière pour créer une économie florissante et désespère sa jeunesse condamnée au chômage ou à l’exil. L’oligarchie qui monopolise le pouvoir et les profits en s’abritant derrière la fiction Bouteflika commet une grave erreur : les jeunes Algériens n’ont connu ni le romantisme de l’indépendance ni les affres de la guerre civile contre les islamistes.

    « C’est un peu la génération des voyeurs Internet, galvanisés par l’idée du visa et du départ, victimes de la virtualisation de leur réel par Internet ou l’islamisme. Ils sont jeunes, casquette retournée, coupe de cheveux soignée, amateurs de motos, de Facebook et d’Instagram, oisifs et enthousiastes. Cette tranche d’âge représente près de 65 % de la population et est sans… représentation politique au pays de la gérontocratie. On aurait juré ne jamais les voir s’intéresser à la politique et, pourtant, ce sont eux qui, aujourd’hui, se rassemblent par dizaines de milliers, scandent, crient et inventent les slogans.

    Leur héros ? Rachid Nekkaz. Un personnage franco-algérien à peine visible en France, 47 ans, né dans le Val-de-Marne. » dit le journaliste et écrivain Kamel Daoud.

    Rachid Nekkaz ? Qui c’est celui-là ? Un politicien opposant au régime ? Non. Il est né en France, dans le Val de Marne. Il fait partie de cette génération de Beurs qui a réussi. Il a fait fortune dans l’immobilier et internet. Il s’est fait une réputation dans la communauté d’origine maghrébine en surfant sur des prises de position populaires dans son milieu : en payant les amendes des porteuses de burka, en soutenant le burkini, en attisant le malaise des banlieues, etc. Une sorte de bigot à la sauce internet qui a débarqué en Algérie en affichant son ambition de devenir calife à la place du vieux calife ! C’est une sorte de Bepe Grillo à la mode algérienne. 

    Daoud: « Ce n’est pas un notable de l’opposition ni un employé du régime, mais un clown de 47 ans qui erre partout, se prend en photo et s’impose dans la planète Internet. Et c’est là qu’il va rencontrer son public : des jeunes séduits par sa « réussite », sa franco-algérianité avec ce baroud d’honneur qu’il rendit public : sa renonciation à la nationalité française. On peut y ajouter son bigotisme, sa « musulmanité » folklorisée. À force de le moquer et de l’ignorer, le régime lui délégua, par mépris, la génération démographiquement la plus forte en Algérie, mais politiquement la plus invisible. »

    Sans discours, sans programme, c’est surtout une présence, une incarnation face à l’invisible zombi Bouteflika. C’est pourtant un héros venu d’ailleurs aux yeux des sans-visa, des sans-emploi, des sans-perspectives.

    Pourtant il ne gagnera pas. Pour une raison constitutionnelle : Pour être éligible en Algérie, il faut répondre à des conditions particulières, dont la résidence permanente en Algérie depuis… dix ans. Ce qui n’est pas le cas de Nekkaz, bien qu’il ait spectaculairement renoncé à sa nationalité française et aux délices « haram » de l’Occident. Sauf en cas de bouleversements révolutionnaires…

    Et nous dans cette histoire ? Eh, tout ce qui se passe en Algérie - ce pays frère ami-ennemi – a des répercussions importantes chez nous. Une déstabilisation enverrait des centaines de milliers de jeunes à travers la Méditerranée vers nos rivages. On ferait quoi ? On les coulerait ? Au risque de susciter des troubles énormes parmi les Français descendants de Maghrébins ? Et si les djihadistes tiraient les marrons du feu à la suite de chaos en Algérie, exportant chez nous une vague d’attentats ? Sans oublier, plus prosaïquement, notre approvisionnement gazier largement tributaire de l’Algérie…

    Mektoub…

    https://www.youtube.com/watch?v=q5jPi99dXGA&feature=youtu.be

     

     

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