Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

art de vivre - Page 43

  • Gastronomie dominicale rafraîchissante : la Bouillabaisse.

    bouillabaisse web.jpg

     

     

     

    La bouillabaisse de Juvénal

     

    « Pour faire une bonne bouillabaisse

    Il faut se lever de bon matin

    Préparer le pastis et sans cesse

    Raconter des blagues avec les mains…

     

    Ainsi dit le refrain devenu immortel

    Depuis qu'il fut chanté par le grand Fernandel.

    Avec beaucoup d'humour, talent et allégresse

    Il dit tout ce qu'il faut pour une bouillabaisse.

    Ce fleuron flamboyant des tables de Marseille

    Populaire partout au pays de Mireille.

    Je vais vous raconter celle de Juvénal

    Qui, bien que président auprès du Tribunal,

    Était un personnage hautement sympathique

    Dont les seules rigueurs étaient gastronomiques.

    Devant le Roucas-blanc, des amis dévoués

    Installaient son quintal dedans le tranvoué.

    À l’époque, il roulait encore sur des rails,

    Ses passagers riaient, galéjaient, sentaient l'ail.

    Les trous de la chaussée remuaient les wagons,

    Particulièrement le dernier des fourgons,

    À tel point qu'à Marseille, en parlant d'une fille

    Ayant l'arrière-train sur roulement à billes

    On disait: « Celle-là elle bouge les miches

    Presqu'autant que le tranvoué de la Corniche! »

     

    Arrivé au Vieux Port, Juvénal descendait

    Et, suivant sa bedaine, en quelques embardées,

    Saluant les chalands sans faire de façons,

    Il gagnait le superbe marché aux poissons

    Où pointus marseillais (1) et bettes martéguales (2)

    Débarquaient la marée du profond de leurs cales.

    Juvénal inspectait l'étal des poissonnières,

    De solides matrones, fortes en gueule et fières,

    Justement redoutées par clients et pêcheurs

    Parce qu'intransigeantes sur l'état de fraîcheur

    Des poissons colorés qu'elles mettaient en vente.

    Leurs bordées de paroles pouvaient être violentes!

    Juvénal s'arrêtait devant Berthe Chouli

    Une maîtresse femme nourrie aux raviolis,

    À la pastasciuta (3) et aux chichi-frégi (4),

    Aussi large que haute: cent kilos d'énergie.

    Ils se congratulaient de façon très mondaine

    En se claquant le dos, ventre contre bedaine.

    Juvénal commandait à sa chère acolyte :

    - « Berthy, servez-moi bien: ce soir j’ai mes petites !

    - Je vous mets un beau loup, des vives et du fiala (5),

    Une queue de baudroie, un saint-pierre un peu là !

    Des roucaou (6), des rascasses, un kilo de favouilles (7)

    Qui donnent si bon goût quand on les écrabouille,

    Deux langoustes en vie. Vé ! Si elles sont belles !

    Et puis, zou ! en cadeau, deux poignées de girelles.

    - Aco vaï ben (8), Berthy. Je vous aime beaucoup !

    Vous me préparez ça, le temps de boire un coup ... »

    Juvénal s'en allait vers les terrasses peintes

    Déguster un violet en buvant son absinthe.

    Enfin, l'air réjoui, content de ses emplettes,

    Il reprenait le tram vers son repas de fête.

    Maître de la cuisine pour cette bouillabaisse,

    Il chassait ses "petites" en leur claquant les fesses

    Affectueusement. Chantonnant l'Opéra,

    Sans quitter son chapeau, la canne sur le bras,

    Il vidait, écaillait et lavait les poissons.

    Selon leur gabarit les coupait en tronçons.

    Puis lorsque tous étaient nettoyés et parés

    Enfin il les rangeait en deux plats séparés.

    Dans l'un les poissons tendres à la chair délicate:

    Loups, Saint-Pierre, roucaou, poissons aristocrates.

    Dans l'autre les plus fermes: fiala, vives, baudroie,

    Langoustes et favouilles, poissons que l'on rudoie.

    Au fond d'une marmite, Juvénal disposait

    Trois oignons émincés, beaucoup d'ail écrasé,

    Trois tomates pelées, écrasées au mortier,

    Férigoule et fenouil, zest d'orange et laurier,

    Dessus il déposait son choix de poissons fermes,

    Un verre de bonne huile d'olive de la ferme,

    Du poivre du moulin et du safran en brins,

    Quelques grosses pincées de bon gros sel marin.

    Il mouillait tout cela avec de l'eau bouillante,

    Juste un doigt au dessus, c'est la valeur courante.

    Il enlevait alors les ronds de la "Rosières" (9),

    Pour que la flamme entoure son oulo (10) presqu'entière.

    Il montait ça au bouilh (11), cinq minutes, à feu vif,

    Alors il ajoutait les poissons de récifs.

    Encore cinq minutes de grosse ébullition

    Pour bien amalgamer l'huile avec le bouillon.

    - « Ma bouillabaisse est prête. Humez-moi ce parfum !

    C'est toute la Provence, la mer et ses embruns! »

    Il versait le bouillon, fumant dans la soupière,

    Sur du pain frotté d'ail et en tranches entières.

    Il servait les poissons à part, sur un grand plat.

    Et tous appréciaient ce repas de gala.

    Un grand Châteauneuf blanc servi dans du cristal

    Sublimait les saveurs du plat de Juvénal.

    Cessons pour aujourd'hui ce conte culinaire

    Ma tripe est assoiffée, remplis raz-bord mon verre

    De ce nectar divin de la Coste-du-Rhône

    Et laisse près de moi la coupe et la bonbonne.

    Et pour laisser le monde des maigres, des sans-goûts,

    Alors resservez-vous !

     

     

    Ingrédients et proportions pour six personnes:

    - trois petits loups (un kilo en tout), - un demi-kilo de fiala (congre) pris dans le ventre. - un kilo de poissons de roches (vives, girelles, roucaou ),

    saint-pierre (5 à 700 g), - une queue de baudroie (800 g), - un kilo de favouilles (petits crabes), - une langouste (pas obligatoire), - trois ou quatre tomates, - trois oignons, - quatre gousses d'ail, - trois cuillères à soupe de gros sel marin, - poivre noir du moulin, - safran en brins, - un gros bouquet garni (thym, laurier, persil plat), - trois branches de fenouil. - un zeste d'orange. - un grand verre d’huile d'olive.

     

    Les vins conseillés:

    Les vins blancs frais, joyeux et embaumés de Cassis sont le complément naturel de la bouillabaisse. On peut les remplacer avec bonheur par des blancs de Bandol, de La Ciotat, de Draguignan, de Vidauban, de Pierrefeu. Tous les grands vins blancs secs de la vallée du Rhône: Saint-Peray, Châteauneuf-du-Pape, Saint-Gervais, Uchaux, Laudun, Villedieu, Saint­Victor-Lacoste, Pujaut.

    Les blancs puissants et parfumés des Coteaux du Languedoc de Quatourze, La Clape, La Méjanelle, Picpoul de Pinet

     

    (1) Pointus marseillais: bateau de pêche à étrave pointue e tfond en forme. Commun à tous les pêcheurs de la Méditerranée. Une forme qui n'a pas changé depuis les phéniciens et les grecs.

    (2) Bette martégua!e : bateau de pêche pointu mais à fond plat, originaire de Martigues.

    (3) Pastacciuta : plat de pâtes à l’italienne.

    (4) Chichi-frégi : beignet marseillais enforme de boudin à hase de farine de pois-chiche cl l'origine, de froment à présent.

    (5) Fiala : congre.

    (6) Roucaoû : poisson de roche .

    (7) Favouilles : petits crabes de la Méditerranée.

    (8) Aco vaï bèn : ça va bien.

    (9) Rosières : marque de cuisinière en fonte.

    (10) Oulo : récipient de cuisson métallique profond, qu’on suspend au dessus de la cheminée ou que l’on pose sur la cuisinière.

    (11) Bouilh : ébullition.

     

    Illustration originale Vincent Barbantan

     

    in "GROSSIR (ou pas!) sans peine et sans régime"

     

  • Ouiquinde torride avec Claude de Chouvigny

    bouche mange femme (2017_11_29 16_52_20 UTC).jpg

     

    Or, adieu donc, mes camarades,
    Quittons les péchés de jadis,
    Putains, bouteilles, mascarades,
    Il nous faut gagner Paradis.
    Nous y foutrons chacun un Ange,
    Dont le cul sent la fleur d'orange.

    L'un aime le con d'une fille,
    L'autre le cul d'un beau garçon,
    L'autre n'aime garçon ni fille
    Et ne chérit que son flacon.
    Pour moi, je bois, je ris, je chante,
    Et je fous ce qui se présente.

    Quant à ces pauvres sodomites,
    Que le Seigneur, dit-on, brûla,
    J'ai toujours ouï-dire aux Jésuites
    Que ce ne fut pas pour cela,
    Mais qu'ils voulurent foutre un ange,
    Ce que Dieu trouva fort étrange.

    * * * *

    Le Pape fout la Dame Olympe
    Le Cardinal Patron la grimpe :
    L'un la fout en cul, l'autre en con
    Pour s'exercer en ce manège
    Elle répète sa leçon
    Avec tout le Sacré Collège.

    * * * *

    Lorsque Vigeon vit l'assemblée,
    Qui l'assistait dans son malheur,
    D'une voix forte et non troublée
    Il lui dit :"Vous me faites honneur ;
    Vraiment voilà bien de la foule
    Pour un simple fouteur de poule !"

    "Quoi Messieurs ! quand cette potence
    Devrait soutenir aujourd'hui
    Bautru, ce grand bougre de France,
    Vous n'en feriez pas plus pour lui.
    Vraiment voilà bien de la foule
    Pour un simple fouteur de poule !

    "Si c'était le duc de Vendôme,
    Fils naturel d'un très grand Roi,
    Premier marguillier de Sodome,
    Vous n'en feriez pas plus qu'à moi.
    Vraiment voilà bien de la foule
    Pour un simple fouteur de poule !

    "A Dieu, au Roi, à la Justice,
    Je veux bien demander pardon ;
    Mais je souffrirai le supplice
    Sans m'excuser auprès du con.
    Je veux mourir en galant homme,
    A Paris, comme on fait à Rome."

    * * * *

    Musiciens, plaquez de gaillardes musiques à ces chansons de 1649 !

     

    Photo X - Droits réservés

     

  • Ouiquinde gastronomique pour temps de canicule

    soupe pistou pour blogs.jpg

    La soupe au pistou

     

    Comment peut-on servir, les soirs de canicule

    Une soupe brûlante sans être ridicule?

    Et pourtant, en Provence, terre où l'on ose tout,

    Il en existe une: c'est la soupe au pistou.

    Nous l'avons héritée de nos amis niçois,

    Eux-mêmes la tenant de nos cousins génois.

    C'est vrai que de chez nous, l'Italie est bien proche,

    Le cœur, les chants, le goût, presque tout nous rapproche.

    "Pistar", c'est "écraser" en langue provençale.

    Et le fameux "pistou" dont chacun se régale

    C'est l'ail, le basilic, le fromage mêlés

    Dans le mortier de marbre, et simplement pilés.

    Le basilic, chez nous, ce n'est pas le "pistou"

    Mais c'est" lou balicot ". Voilà. Un point, c'est tout!

    • Oh ! Doucement, Victor! Tu as les arcanettes ? (1)

    Respire, bois un coup et dis-moi ta recette!

    - Tu as raison, petit, fais péter le bouchon!

    Pour une bonne soupe, il te faut du cochon.

    Une couenne, un pied, un petit jambonneau

    Que tu vas nettoyer et que tu mets en eau

    Froide dans un faitout, puis que tu fais bouillir.

    Tu laisses demi-heure et souvent tu écumes.

    Pendant que ça cuira, épluches tes légumes:

    Des haricots blancs, verts, rouges. Et sans mollir.

    Quatre grosses courgettes, quatre belles tomates

    Mondées, épépinées, et cinq ou six patates.

    Dans ta viande qui bout, met tes légumes entiers,

    Sale et fais cuire une heure. Prépare ton mortier.

    Du sel, dix gousses d'ail, deux pieds de basilic,

    Qu' avecque ton pilon, cet emblème phallique,

    Tu écrases en pommade. En tournant vivement

    Verse l'huile d'olive, et ne soit pas feignant.

    Rajoute trois tomates pelées, mondées, hachées,

    Enfin du parmesan ou de l'edam rapé.

    Vérifie si la viande est correctement cuite,

    Et rectifie le goût. Écoute bien la suite:

    Avec une écumoire, sort patates, courgettes

    Que tu vas écraser avec une fourchette.

    Elle te serviront de liant pour ta soupe.

    Enfin tu mets les pâtes. Pour pas que tu les loupes

    Tu les tastes souvent et tu les cuis" al dente".

    Quand c'est prêt, hors du feu, dans l' oulo qui chuinte,

    Introduit ton pistou en mélange homogène

    Directement à table, comme l'on fait à Gênes.

    Respire ce parfum d'ail et de balicot,

    Qui transcende cochon, tomates, haricots!

    Cette soupe est un plat complet à elle seule,

    Qui ravit les gourmets et les plus fines gueules.

    En ces temps où la mode glorifie les limandes

    Vous pouvez, pourquoi pas, ne pas mettre de viande.

    Cessons pour aujourd'hui ce conte culinaire

    Ma tripe est assoiffée, remplis raz bord mon verre

    De ce nectar divin de la Coste-du-Rhône

    Et laisse près de moi la coupe et la bonbonne.

     

    Ingrédients et proportions pour six personnes:

    Pour la soupe: - 1 couenne, - 1 pied, - 1 jambonneau de cochon, - 150 g de haricots blancs secs, - 100 g de haricots rouge (ces haricots seront mis à tremper une nuit), - 500 g de haricots verts frais, - 4 ou 5 belles courget­tes non pelées, - 4 ou 5 tomates (saint-pierre si vous en trouvez), - 5 ou 6 pommes de terre, - 500 g de pâtes genre petits macaronis, - 3 litres d'eau, - 2 cuillerées de gros sel de Camargue.

    Pour le "pistou" : - 2 pieds de basilic à grandes feuilles, - 10 gousses d'ail, - 1 cuillère à café de sel fin, - 200 g de parmesan ou d'edam rapé (évitez le gruyère qui fait trop de fils), - 2 décilitres d'huile d'olive.

     

    Les vins conseillés:

    La soupe au pistou est un plat très parfumé qui se sert très chaud, en période estivale! Il faut donc l'accompagner d'un vin frais, léger, gou­leyant et, lui aussi, parfumé. Les vins rosés sont parfaits.

    En Côtes-du-Rhône: rosés de Tavel, de Chusclan, de Travaillan, de Camaret, de Suze-la-Rousse, du Ventoux, du Luberon, des Costières-de-Nîmes, de Saint-Désirat, de Bouchet, de Nyons, de Bollène, de Roaix, de Saint­-Pantaléon-les-Vignes.

    En Coteaux du Languedoc: rosés de Cabrières, de Faugères, des Corbiè­res.

    En vins de Provence: les rosés de Pierrefeu, Brignoles, La Selle, Ollières, Saint-Zacharie, Tourves, Tavernes.

     

    (1) Avoir les arcanettes .. faire preuve d'une certaine irritation.

     

    Dessin original Vincent Barbantans

     

    in "GROSSIR (ou pas) sans peine et sans régime"