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  • Grandes voix. Régis Debray sur LA DÉFENSE EUROPÉENNE.

     

    Régis-Debray-2016.jpgLA DÉFENSE EUROPÉENNE C’est sans doute pour remonter cette pente à la facilité qu’un entreprenant mais très inexpérimenté Président français (2018) a relancé l’idée, on ne peut plus louable, d’une Armée européenne, en rajoutant un sigle, l’IEI (l’Initiative européenne d’intervention) aux nombreux précédents. C’est la coutume maison, la preuve managériale du sérieux. Quiconque, suite à la CED (1952), ouvre le dossier PESD (Politique européenne de sécurité et de défense) plonge dans une forêt de sigles ininterrompus (dont seule une trentaine de spécialistes, en France, connaissent la signification) : UEO, HTVP, COPS, GTVE, PSDC, EUFOR. Peu importe si les initiales restent sans contenu, comme les Conventions, sans effet (ainsi de la CSP, ou Coopération structurée permanente, prévue en 2007 par le Traité de Lisbonne). Ce qui compte, c’est le quick de l’abréviation, version techno de l’art oratoire, le parler cash sonnant efficace. On retrouve ici, à la bonne heure, le dédoublement banquet/banquier, prédication/exécution. Le votif d’un côté, source d’espoir, le factuel de l’autre, source d’embarras (le réel, c’est ce qui résiste).

    La Belgique venait d’acquérir le F-35 de Lockheed-Martins, en 35 exemplaires, pour équiper son armée de l’air (et non l’Eurofighter ou le Rafale de Dassault, made in Europe), avion de chasse dont les informations en vol remontent en temps réel au fabricant américain, donc au Pentagone, choix qui avait également été celui des Royaume-Uni, Italie, Pays-Bas, Danemark, et serait bientôt celui de la Grèce, Roumanie, Pologne, Finlande, quand il ne fut plus bruit, dans les médias et les hémicycles, que d’une Défense souveraine. L’incantation n’a pas fait mention du coup de Jarnac flamand, sans commentaires en haut lieu. Un expert en armement, laconique, conclut : « Tous les Européens voleront en 2045 sur des avions américains. Le reste, c’est de la philosophie. » Le nom noble du bla-bla en langue militaire.

    Mutualiser des services d’intendance ou de logistique reste toujours possible, mais s’il s’agit d’une force opérationnelle, une flopée de questions toutes bêtes vient à l’esprit du pékin. Quelle nationalité, le haut Commandement ? Quelle langue parlera-t-on au mess des officiers entre un Letton, un Espagnol, un Français, un Allemand…? Et les ordres transmis aux différents échelons, en volapük intégré ? L’esprit de corps laisserait à désirer. Combien de doigts sur le bouton nucléaire ? Quel sanctuaire sera couvert par la dissuasion existante, à quelle ligne rouge franchie se déclencherait « l’ultime avertissement » avant le feu nucléaire ? Mais surtout, comment s’accorder sur une stratégie, un ciblage commun, une même évaluation des menaces, ou, en d’autres termes, comment s’opérera la fusion des intérêts nationaux, des antagonismes historiques, des situations géographiques ? Que faire, pour un déploiement rapide, voire une réaction en quelques minutes, de la règle de l’unanimité requise – notamment en Allemagne, où le statut de protectorat garantit la morale pacifiste, et où l’armée est contrôlée par le Bundestag. Combien de jours l’indispensable concertation, quelle durée la délibération préalable ? Exigera-t-on d’un soldat polonais d’exposer sa vie au Mali, ou d’un Français de se battre à mort en Lettonie ? Mourir pour l’Europe quand mourir pour sa patrie n’est déjà pas une idée très courante ?

    Les professionnels ont beau jeu de répondre que l’armée européenne existe déjà, qu’elle s’appelle l’OTAN et que l’interopérable est made in USA. Il s’agit donc en fait de partager le fardeau, non la décision bien sûr, vu que Washington, et on peut le comprendre, trouve injuste de payer 70 % des frais de l’Organisation, et ne voit pas pourquoi 28 pays prospères pourraient se la couler douce avec un budget cumulé de 200 milliards d’euros, quand le sien est de 700 milliards. Le deuxième pilier de l’OTAN, évidemment, nos atlantistes le recherchent depuis un demi-siècle, mais pourquoi une Armée sécessionniste, quand presque tous les systèmes d’armes, d’alerte, de détection et de communication déjà en usage proviennent d’outre-Atlantique ? Le Boss a pu faire cracher au pot, en 2003, la « nouvelle Europe » pour subvenir aux frais d’occupation de l’Irak, mais peut-on envisager que la même accepte de payer pour les interventions de la France en Afrique ? Tout indique qu’il n’est pas dans ses vues de lâcher la proie pour l’ombre – un système établi et fort, pour un autre incertain et faible, risquant, précise-t-on, de saborder la première.

    Penser la guerre sur le modèle économique, c’est concevoir l’Armée comme un outil (de défense), quand il s’agit d’une Institution, dont les valeurs ne sont pas celle d’une entreprise (qui peut, contrairement à un pays, disparaître et se remplacer). Un soldat n’est pas un ouvrier spécialisé. Ce qu’une culture du résultat peut demander à des Préfets – « j’attends de vous que vous soyez des entrepreneurs de l’État » –, elle ne peut pas le demander à des combattants qui mettent leur vie en jeu. Le manager veut de l’efficace mais en remplaçant l’illusion lyrique par l’illusion entrepreneuriale, il retombe malgré lui dans de l’inopérant. « La guerre, comme chacun sait depuis Clemenceau, est une chose trop sérieuse pour être laissée aux militaires. » Trop sérieuse aussi pour être laissée à des inspecteurs des finances qui n’ont jamais tiré un coup de fusil. Le fonctionnel, en ces matières comme en d’autres, pour devenir opérationnel, doit inclure l’existentiel. On ne doute pas que notre présent président soit averti de ce porte à faux, envisager les problèmes de l’extérieur, sous l’angle utilitaire, quand la guerre, pour les humains qui doivent la faire, est toujours une question d’expérience, de motivation et de conviction, mais il n’est pas sûr que le public auquel il s’adresse, déshabitué de ces choses, en soit toujours conscient.

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    Régis Debray - Tracts (N°1) - L'Europe fantôme.

     

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  • Nicole Belloubet, ministre de la Justice : la France va vraisemblablement rapatrier ses djihadistes

    djihadistes brûlant leur passeport.jpg

    J’ai entendu plus qu’écouté, ce matin, un invité de France Inter s’indigner que l’on puisse redouter voire refuser le retour en France des djihadistes français prisonniers des Kurdes. La ministre de la justice elle-même l’envisage. Ma foi, toutes les opinions peuvent s’exprimer. Le mec qui parlait est, paraît-il un bavard de haute lige. Avocat au Conseil d’État et à la Cour de cassation, il a défendu aussi bien le président Nicolas Sarkozy que le tueur Yvan Colonna, Google et les VTC (voitures de tourisme avec chauffeur) et la Ligue de Football Professionnel. Il a obtenu du Conseil d’État la suspension d’un arrêté municipal qui interdisait le port du burkini sur la plage. Il a aussi obtenu plusieurs décisions dans le domaine du droit des étrangers, notamment comme avocat de la Cimade (association de solidarité active et de soutien politique aux migrants, aux réfugiés et aux déplacés, aux demandeurs d’asile et aux étrangers en situation irrégulière.)

    On comprend dès lors son attitude de défense de ces encombrants djihadistes « français ». Français qui ont, rappelons-le, brûlé leur passeport français, pris les armes contre la France, tué des « compatriotes » mais qui redécouvrent leur pays lorsqu’ils sentent la corde…

    Ce qui anime ces gens, c’est paraît-il un esprit de revanche contre les exactions, les humiliations, les spoliations subies par leurs pays d’origine de la part du colonisateur français. En oubliant que le Maghreb d’où ils viennent a lui-même été colonisé par des hordes de Bédouins sanguinaires, en oubliant les razzias sur les côtes de France, les massacres, la mise en esclavage sexuel des femmes capturées.

    Ce mépris des Français en raison de la colonisation, on le retrouve aussi dans les cours d’écoles, on le lit également dans les commentaires sur les réseaux sociaux, on l’entend même sur les plateaux de télévision. Car du djihadiste à la racaille du collège en passant par la « beurgeoisie » médiatisée, on observe toujours les deux mêmes ressorts : le mépris plus ou moins exprimé des nôtres (le blanc, le Français, nos ancêtres responsables de tous les maux) et le sentiment de revanche. Entre la haine affichée à notre égard par la racaille, le djihadiste et le « militant anti-colonial » de la 25e heure, il y a une différence de degrés, mais pas de nature.

    Et nous, comme des lâches, on subit ces insultes, ces crachats, ces assassinats de femmes, conditionnés que nous sommes par les propos de ces gens qui bavent dans les machines à bruits et dans les étranges lucarnes. Des propos de culpabilisation à notre encontre. Des propos proférés par les idiots utiles de l’islamisme, beaucoup issus - hélas – de cette gauche devenue la putain des islamistes, qui « comprennent », voire magnifient au contraire les actions meurtrières de ceux qu’il faut bien appeler nos ennemis.

    Mais cet esprit de revanche, très ambigu, pas très noble, est tout de même celui qui a permis la « Reconquista » espagnole. Puisse-t-il enfin réveiller un peuple qui en aura bientôt marre de baisser la tête, de compter ses morts, de voir ses terres sournoisement envahies, de voir ses valeurs et sa manière de vivre et de penser rejetées, de voir son honneur foulé aux pieds.

    Alors non, Monsieur le bavard du poste, ces djihadistes ne doivent pas revenir chez nous. Ces tarés représentent un danger redoutable pour notre pays s’ils rentrent au bercail… Ils se prétendent des guerriers, qu'ils meurent en guerriers. Pour éviter ce danger, il faut faire en sorte qu’ils ne rentrent JAMAIS au « bercail ». Nos dirigeants nous serinent que nous sommes en guerre contre ces nazislamistes. Ce sont donc les lois de la guerre qui doivent s’appliquer, pas le droit commun. Ces gens – jeunes, moins jeunes, hommes, femmes – qui partent s’engager dans les rangs de nos ennemis, qui tuent les ennemis de nos ennemis, donc nos amis, doivent savoir que s’ils partent, c’est un billet sans retour. En temps de guerre, les citoyens d’un pays qui passent à l’ennemi sont des traîtres, des déserteurs et doivent être traités comme tels. La réponse du pays trahi doit être sans ambiguïté : douze balles dans la peau si on les attrape. Mais la république est généreuse, on n’enverra pas la facture des balles à leur famille ! Comme les Chinois !

    Nous, les « Zoccis-dentaux » et surtout nous, les Français, nous sommes les grands naïfs, les babets, les crétins, les nessis, les simplets du village mondial. On s’empêtre dans des considérations morales contre des ennemis qui se torchent allègrement l’oignon avec toute morale. On cède devant les jérémiades de « droit-de-l’hommistes » bêlants qui sont autant d’idiots utiles des nazislamistes. On est en guerre ? Alors faisons la guerre. Sans dentelle.

    La guerre, c’est la mort, c’est la trouille, c’est l’angoisse, la peur panique, les cris, le bruit, la souffrance, le deuil, les massacres, les flammes qui brûlent, les bouts de fer qui hachent la viande. La guerre, ça sent la merde du pauvre type qui se chie dessus de peur, ça sent cette odeur âcre, doucereuse des corps gonflés qui grouillent de vers, ce sont les tripes irisées sous le soleil, ça sent la poudre, le feu, la mort, la mort, toujours la mort.

    Alors si on fait la guerre, on n’accepte pas de prendre le risque de voir dix, cent, mille traîtres abrutis par la propagande ennemie rentrer « au pays » et y semer la mort la plus lâche, celle des attentats aveugles. Ces gens qui sont partis faire le « djihad », il faut les détruire, les tuer dès qu’on les a « logés » comme disent les flics. Il faut qu’ils sachent qu’ils ne rentreront jamais « au bercail », sinon les pieds devant…

     

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