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cuisine - Page 2

  • Gastronomie de vacances: la sardinade

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    Les sardines à la "Brulo dé" du Pégot

     

    Éclairs d’acier bleuté bondissant hors de l’onde

    Pour tenter d’échapper à la dent furibonde

    De quelque carnassier montant des eaux profondes

    Pour croquer tout de go ces poissons qui abondent…

    C’est la reine des mers ! Succulente et divine,

    Pas la langouste, non. Simplement la sardine !

    Sa réelle fonction, sa vie, son aventure

    Généreuse et bornée : c’est d’être nourriture !

    Les poissons s’en délectent, l’homme la met en boîte,

    Lui fait boucher le port si la passe est étroite…

    Chez nous, dans le Midi, on l’aime tellement

    Que chaque Provençal est un peu son amant.

    Mon ami le Pégot, marin-pêcheur de Sète,

    Les fait à "Brulo dé". En voici la recette.

    Prenez-les sur le quai, juste au cul de la barque,

    Chez votre poissonnier, la fraîcheur se remarque

    Par la roideur arquée du petit corps luisant.

    Un bon kilo pour deux, ce sera suffisant.

    Devant le cabanon, à l’ombre de la treille,

    Tandis que sa moitié débouche les bouteilles,

    Le Pégot fait brûler un fagot de "gabel"

    C’est les sarments de vignes du côté de Lunel.

    Un bon coup de muscat met les convives à l’aise

    Juste le temps qu’il faut pour apaiser la braise.

    Sur un bout de grillage il range les sardines,

    Ni lavées, ni vidées. Nature les ondines.

    Les poissons sur la grille sont posés sur le feu

    Puis retournés après une minute ou deux.

    Sur un grand plateau rond, au milieu de la table

    Calée par des galets pour qu’elle reste stable,

    Le Pégot sert en vrac sa première tournée

    Puis remet sur le feu la prochaine fournée.

    Un jet d’huile d’olive dans le creux de l’assiette,

    On mange avec les mains, nul besoin de fourchette.

    D’une pression du doigt on enlève la peau

    Libérant les filets odorants et bien chauds,

    La tête entre deux doigts, dans deux autres la queue,

    La sardine grésille. Quel bonheur, maugrebeleu !

    On se "rabine" un peu, d’où le nom : "brulo dé"

    Mais c’est tellement bon ! vous n’avez pas idée.

    Avec les dents du haut, on bloque la sardine,

    La mâchoire du bas, retroussant les babines

    Fort délicatement détache le filet

    Qu’un" ggluuff" aspirera jusqu’au fond du palais.

    Sous le pin parasol où s’aiment les cigales

    Montent les petits bruits des gens qui se régalent.

    Ca fait des : "Ah !", des "Hum !" des "Fatche que c’est bon !"

    C’est toute la marée, plus un goût de charbon.

    Toutes les deux sardines on boit un coup de blanc,

    De Cassis ou de Saint-Hilaire-d’Ozilhan,

    On parle avec les mains, on sort la galéjade

    Et la journée se passe en franche rigolade.

    Cessons pour aujourd’hui ce conte culinaire

    Ma tripe est assoiffée, remplis raz bord mon verre

    De ce nectar divin de la Coste-du-Rhône

    Et laisse près de moi la coupe et la bonbonne.

    Et pour laisser le monde des maigres, des sans-goûts,

    Alors resservez-vous !

     

    Ingrédients et proportions pour six personnes :

    Rien de plus simple : des sardines, encore des sardines, seulement des sardines (comptez un demi-kilo par personne, soit trois kg). Mais fraîches, pas trop grosses et de Méditerranée évidemment. Plus un peu de fleur de sel de Camargue et de l’huile d’olive dans chaque assiette.

     

    Les vins conseillés :

    La sardine est bonne fille et s’accompagne sans problème de vins blancs secs, de rosés, voire de rouges jeunes et frais.

    En vallée du Rhône, blancs de Roaix, Saint-Hilaire-d’Ozilhan, Laudun, Villedieu ; rosés de Tavel, Rochefort, Chusclan, Ventoux, Luberon, Costières de Nîmes ; rouges légers de Sainte-Cécile-Ies- Vignes.

    En vins du Languedoc blancs Picpoul-de-Pinet, blancs de la Clape ; rosés de Saint-Saturnin, vins des sables d' Aigues-mortes.

    En vins de Provence, les blancs de Cassis, tous les rosés des Côtes-de-Provence et des Coteaux varois.

     

     

    Illustration originale Vincent Barbantan

     

    in GROSSIR (ou pas!) sans peine et sans régime

  • Gastronomie déconfinée: le chevreau de mai aux herbes fines

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    Vers les ides de mai, lorsque j’étais minot

    Mon père achetait, chaque année, un chevreau.

    Attaché dans la cour en attendant la fête,

    Qu’il soit noir, blanc ou brun, il l’appelait « Blanquette ».

    Nous, nous le caressions, lui donnions à manger

    Epluchures, salades, déchets du potager,

    Et le bestiau bêlait, pleurait à fendre l’âme

    Comme s’il devinait son destin sous la lame.

    Puis un soir arrivait, perché sur son vélo,

    Armé de ses couteaux, le terrible Angelo !

    Casquette de côté, poilu, rouquin et borgne

    C’était un Espagnol venu de Catalogne.

    Le père maitrisait le chevreau sur le banc,

    Mon frère et moi tenions les pattes en tremblant

    Et le chevreau criait, soufflait comme une forge

    Tandis que le tueur, sûr, lui tranchait la gorge.

    Quelques brefs soubresauts de la pauvre bestiole

    Marquaient les derniers pas d’une vie qui s’envole.

    Puis, s’essuyant les mains, le terrible Angelo

    Sortait de son carnier la valve de vélo.

    Alors, perçant la peau du chevreau sur le râble,

    Il y introduisait l’accessoire cyclable,

    Mon père, puis, avec la pompe à bicyclette

    Gonflait, gonflait, gonflait, gonflait la bête.

    La peau se décollait. On pendait le bestiau

    On espuyait la peau, on sortait les boyaux…

     

    Souvenirs, nostalgie…Allez ! A la cuisine !

    La chevrette, au printemps, sera viande divine.

    Sur la plaque du four, mettez les deux cuissots

    A dorer vingt minutes sur de l’huile des Baux.

    Dans une casserole, fondez du lard fumé

    Avec des échalotes et de l’ail écrasé,

    Ajoutez du vin blanc, plutôt sec, un demi,

    Lorsque tout cela bout, ajoutez thym, persil,

    Basilic, coriandre, ciboulette, estragon

    Mijotez dix minutes, et buvez un gorgeon.

    Sortez le plat du four, salez, poivrez la viande,

    Arrosez-là avec la sauce précédente,

    Puis remettez au four pour cinquante minutes

    Cent-quatre-vingt, pas plus. Vous touchez presque au but.

    Arrosez très souvent, que la viande s’imprègne.

    Attention toutefois, il faut pas que ça baigne.

    Découpez, saupoudrez des herbes qui vous restent,

    Citronnez puis servez sans faire le modeste !

    Cessons pour aujourd’hui ce conte culinaire

    Ma tripe est assoiffée, remplis ras bord mon verre

    De ces nectars divins de la Coste-du-Rhône

    Et laisse près de moi la coupe et la bonbonne !

     

    Les ingrédients pour huit personnes :

    Les deux gigots d’un chevreau, - quatre cuillère à soupe d’huile d’olive (des Baux…ou d’ailleurs), - deux hectos de lard gras-, maigre fumé, - une bouteille de vin blanc sec (1/2 litre pour le chevreau, le reste pour le cuistot), - cinq échalotes, - cinq gousses d’ail, - une grosse poignée de persil haché, - autant de coriandre haché, - un bouquet de basilic, - ciboulette, - estragon, - thym émietté, - sel, poivre du moulin, - un citron. En accompagnement le chevreau accepte tout : haricots blancs, pommes de terre sarladaise, petit épeautre de Sault ou polenta.

     

    Quand aux vins pour sublimer les saveurs de ce met délicat, il les faut plutôt légers, printaniers : les vins rouges de l’année, un « vin qui a fait ses Pâques », ayant six mois de bouteille. Vins de Loire, d’Anjou, Côtes-du-Ventoux, Coteaux-d’Aix par exemple.

     

    Photo X - Droits réservés

  • Gastronomie confinée : La blanquette de veau

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    Lorsqu’arrive l’été, redoutable en Provence,

    Je fais ma transhumance :

    Je monte à la fraîcheur des terres de Lozère

    Où j’ai un pied-à-terre.

    Cette année, j'irai pas, je suis discipliné

    Puisqu'on est confinés...

    Mes voisins, y élèvent des vaches et des veaux

    Race Aubrac : les plus beaux.

    Leur robe beige tendre, leurs grands yeux de biches

    Et leurs superbes miches

    Sont un régal pour l’œil, de vie et d’élégance

    Mais aussi pour la panse !

    Ils sont tous baptisés par des noms pittoresques

    Presque gargantuesques.

    L’un s’appelle Tendron, l’autre c’est Côtelette

    Le plus beau c’est Blanquette !

    - Stoppe ton baratin, Victor, parlons pitance

    Au diable l’abstinence.

    - D’accord. Alors parlons de mon pote Blanquette.

    Mais sers-moi un canon, et pas de la piquette.

    Il te faut de l’épaule de veau désossée ;

    Coupe en morceaux moyens, épais et cabossés,

    Mets-les dans un faitout et recouvre d’eau froide,

    Tu blanchis cinq minutes. Plus, c’est des couillonnades.

    Jette l’eau, rafraîchis, remet dans ton faitout,

    Mouille avec de l’eau froide ou, bien meilleur atout :

    Avec un fond de veau fait main ou du commerce.

    Ma tripe est assoiffée : mets un tonneau en perce !

    Ah ! Tè, ça fait du bien. Bon, où en étions-nous ?

    - Tu avais mis la viande et l’eau dans le faitout.

    - Monte ton feu à fond. Quand ça bout, tu écumes

    Puis tu va ajouter aromates et légumes.

    Deux gros oignons piqués, quatre belles carottes

    Deux poireaux émincés, céleri, échalotes,

    Gousses d’ail écrasées, et un bouquet garni.

    N’oublie pas de saler. Cuis une heure et demie.

    Tu écumes souvent avec une écumoire

    Et n’oublie pas, surtout, de me servir à boire !

    Ça te donne le temps de préparer ta sauce

    Sur ton plan de travail, prépare ton matos.

    Il te faut éplucher un quart d’oignons grelots

    Même si cela doit t’arracher des sanglots,

    Et les glacer « à blanc », avec eau, sucre et beurre,

    Tu les cuis à couvert, petit feu, un quart d’heure.

    Fais sauter dans du beurre, un peu d’eau, du citron

    Un quart de champignon de Paris environ.

    Réserve de côté et prépare un roux blanc :

    Beurre, farine et crème fouettés gaillardement.

    Le temps étant venu, tu chinoises ta viande

    Récupérant ainsi une liqueur friande.

    Porte à ébullition et verse sur ton roux

    Pour que ça épaississe, tu cuis sur un feu doux

    En fouettant vivement pour une sauce lisse.

    Puis dans un cul-de-poule, une jatte d’office,

    Fouette trois jaunes d’œuf et de la crème fraîche,

    Verse cet appareil dans ta sauce et dépêche

    Toi d’ajouter le jus d’un citron en fouettant.

    Dans ton plat de service, ajoute à ton veau

    Les champignons et les oignons cuits et bien chauds.

    Nappe avec la sauce que tu passes au chinois,

    Mélange et sers chaud ce plat de super choix.

    Buvez très largement de la tétée d’automne

    Ces vins de large soif de la Côtes-du-Rhône,

    Et pour laisser le monde des végans, des sans-goûts,

    Alors resservez-vous !

     

     

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