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humour - Page 45

  • Ouiquinde gastronomique « giletjaunien » : Le cassoulet de Paulette.

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    Les fluo gilets jaunes, dans tous les coins de France

    Font office, ces jours, d’arme de résistance.

    En d’autres temps, au Sud, les lances, les épées

    Eurent comme allié un plat : le cassoulet !

     

    En ce temps-là, petit, les terres occitanes

    Subissaient les horreurs des foudres vaticanes.

    La conjonction rapace de talibans papistes

    Et de seigneurs brumeux aux vues colonialistes

    Jetait en pays d’Oc des hordes franchimandes.

    Ils tuaient, ils violaient, ces barbares en bandes,

    Saccageant les campagnes, pillant villes et bourgs,

    Exterminant le peuple, brûlant les troubadours.

    Sous les exhortations de l’affreux Dominique

    Ils cramaient les Parfaits, sous le nom d’hérétiques.

    Ces bœufs au front obtus, à l’ombre de leur croix

    Menaient honteusement, pour leur pape et leur roi

    La razzia des voleurs : la guerre de conquête.

    Finies les Cours d’Amour, place au bal des squelettes.

    - Ces temps étaient bien durs, ces gens étaient bien laids

    Mais, Victor, on devait parler du cassoulet !

    - Exactement, petit. Ouvre ce Saint-Nabor

    Et buvons à la Dame Jehanne de Lavaur,

    Car c’est elle qui, en ces périodes troublées,

    Au front de l’ennemi, créa le Cassoulet !

    Ah ! Il fallait la voir notre Dame Jehanne,

    Indomptable, farouche et belle comme Diane,

    Culbutant les marauds, écrasant les soudards,

    Taillant et estoquant Franchimands et Picards,

    Plus de six pieds de haut et lourde d’un quintal,

    Sa crinière de geai et ses yeux de cristal,

    Galvanisaient le peuple assiégé de la ville

    Et glaçaient de terreur les assaillants débiles.

    Tous abordaient l’hiver de l’an mille cent onze.

    Les rives de l’Agout changeaient leurs ors en bronze,

    Les assiégeants, menés par Simon de Montfort

    S’efforçaient d’affamer le peuple de Lavaur,

    Place fortifiée entre Albi et Toulouse,

    Capitale du Sud, de son honneur jalouse.

    L’Occitanie d’alors était démocratique,

    On discutait de tout sur la place publique,

    On s’aimait, s’entraidait, partageait l’assiettée,

    Les maîtres mots étaient Amour et Liberté.

    Dans Lavaur étranglée, la position est grave.

    Jehanne alors regroupe et harangue ses braves :

    - « Monfort veut notre peau, il devra payer cher,

    Ne nous nourrissons pas d' avés et de paters !

    Amenez tous céans ce qui se peut manger,

    Tout ce que vous avez, nous l’allons partager. »

    Et chacun apporta, de caves et greniers,

    Qui des tours de saucisses, qui des cochons entiers,

    Qui des canards confits, qui de la graisse d’oie,

    Qui des sacs de Pamiers, qui des fèves de Foix.

    Dans de vastes chaudrons on fit cuire le tout.

    C’est ainsi que naquit le célèbre ragoût,

    L’un des plats les meilleurs qui se puissent avaler,

    Puissant, tonitruant, fondant : le Cassoulet !

    De Castelnaudary à Toulouse et Lavaur

    De Castelsarrasin à Pamiers et Cahors,

    Des berges de l’Ariège aux rives de Garonne,

    Du château de Phébus aux tours de Carcassonne,

    Le cassoulet est roi, le cassoulet est maître,

    Il donne à ses sujets plénitude et bien-être,

    De tout le Sud-ouest il est le plat fanion

    Symbole de l’union et de la rébellion.

    Voici comment le fait Paula de la Verrière,

    Jehanne d’aujourd’hui, grande, forte et altière.

    Les premiers ingrédients, ce sont les haricots,

    Il te faut des Pamiers, ou sinon des Cocos.

    S’ils sont secs, trempe-les avant de mettre à cuire,

    S’ils sont frais, dans de l’eau, tu les mets à blanchir

    Demi-heure environ, toujours à gros bouillons,

    Du sel évidemment et des petits oignons.

    Lorsque les haricots sont souples sous le doigt

    Tu égouttes et réserves, au chaud comme il se doit.

    Range de belles couennes au fond de la marmite,

    Place tes haricots par-dessus tout de suite,

    Un carré de cochon frotté d’ail et de sauge,

    Quelques tours de saucisse, de Foix, Toulouse ou Auch,

    À Toulouse on y met un morceau de mouton,

    À Castelnaudary, seulement du cochon,

    Trois tomates en quartiers, mondées, épépinées,

    Un saucisson de couennes et du petit-salé,

    Quelques clous de girofles, poivre, bouquet garni.

    Tu mouilles avec le jus où les fayots ont cuit,

    Tu couvres et tu mets pour trois heures à feu doux.

    Va-t’en boire un canon, et oublie ton faitout.

    Deux heures après tu ouvres et vérifies le plat,

    Si besoin est, rajoute du bouillon, juste un doigt,

    Tu poses sur le tout - avec quelle allégresse ! ­

    Des cuisses de canard confit, avec leur graisse.

    Tu fermes de nouveau et remets sur le feu,

    Ou plutôt dans le four, une bonne heure ou deux.

    Pour l’onctuosité - c’est un secret, écoute ! ­

    Sept fois, à la cuiller, tu casseras la croûte

    Qui se forme au-dessus de ton plat qui mijote,

    Fais délicatement, avec tact et jugeote.

    Ton cassoulet est prêt, met l’oulo sur la table

    Et sert à tes convives des portions équitables.

    Accompagne ce plat d’un vin rouge puissant,

    Cairanne, Châteauneuf, Gigondas ou Visan.

    Dégustant ce fleuron des cuisines de France,

    Tu manges, avec Jehanne, un plat… de Résistance !

    Cessons pour aujourd’hui ce conte culinaire,

    Ma tripe est assoiffée, remplis raz bord mon verre

    D’un de ces vins subtils, poussés en Languedoc

    Qui te rendent gaillard, solide comme un roc.

     

    Ingrédients et proportions pour six personnes :

    - 2 kg de haricots frais, des pamiers, des cavaillonnais, des cocos de Paimpol, à la rigueur des soissons (avec des haricots secs, divisez cette quantité par deux et faites tremper une nuit avec un peu de bicarbonate), - 3 couennes de cochon, - 1 carré d’un demi-kilo de cochon (rouelle ou filet), - 1 kg de saucisse de Toulouse, - 1 saucisson de couenne, - éven­tuellement 1 demi-kilo de mouton (morceaux pour ragoût), - 2 hectos de petit-salé en dés, - 6 cuisses de canard confit, - 6 gousses d’ail, - 6 feuilles de sauge (fraîche ou sèche), - 1 oignon piqué de six clous de girofle, - 3 tomates coupées en quartiers, - 1 gros bouquet garni (thym, laurier, persil), - 2 cuillerées à café de poivre noir, - 1 poignée de gros sel de Camargue, - de l’eau à la demande (pour cuire les haricots).

     

    Les vins conseillés :

    A plat puissant, vins généreux. Pour le cassoulet, en vins de la vallée du Rhône : Cairanne, Vinsobres, Visan, Tulette, Rochegude, Suzette, Séguret, Violès, Rasteau, Sérignan-du-Comtat, Beaumes-de- Venise, Lirac, Bédarrides, St-Gervais, St-Victor-Lacoste, Estézargues, Domazan.

    En vins du Languedoc et du Roussillon : Saint-Chinian, Pic-Saint-Loup, Saint-Georges-d’Orques, La Méjanelle, Faugères, Minervois, Fitou… Cor­bières, Collioure.

    En vins de Provence : Bandol, Palette, Barjols, Saint-Maximin, La Roquebrussanne, Cogolin, Le Cannet-des-Maures, Bellet.

    Sans oublier, bien sûr, les Gaillac, les Madiran, les Cahors et les Pécharmant.

     

     

    Illustration originale Vincent Barbantan

     

    In "GROSSIR (ou pas!) sans peine et sans régime !"

  • Au bistro de la Toile : l’art de plumer l’oie sans la faire gueuler !

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    - Oh ! Fatche, Loulle, regarde qui arrive dans ton rade : Alain, un authentique Gilet Jaune ! Vé, s’il est beau ! On dirait un canari. Le soleil des ronds-points !

    - Arrête ton char, mésorguier de mes deux. Et toi, maître mastroquet, sers-nous à boire. Et du Jaune, évidemment ! C’est la Révolution qui offre.

    - Merci, Alain. On est fier d’avoir parmi nous un résistant, un redoutable retraité, un sans-culotte moderne !

    - Tu veux dire un sans-dent Victor. Mais pour boire, pas besoin de ratiches !

    - Attends Alain, tu roumègues mais tu fais pourtant partie de cette classe de « privilégiés » : les vieux. Parce que depuis la fin de la guerre, bien des gouvernements ont institué des taxes « provisoires » pour faciliter la vie de nos glorieux anciens !

    Tè, en 1956, c’est le dénommé Ramadier, ministre de l’indéracinable Guy Mollet qui a créé la vignette automobile : un petit autocollant hexagonal puis rond à coller sur le pare-brise de ta bagnole. Elle coûtait un bras cette fameuse vignette, en fonction du nombre de canassons de ta caisse. Sa finalité était de « garantir un revenu minimum à toutes les personnes âgées de plus de 65 ans » à travers un « Fonds national de solidarité ».

    - C’était du provisoire Victor, qu’il avait dit Ramadier. Un provisoire qui a duré jusqu’à l’an 2000 où elle a été supprimée par Laurent Fabius. Quant aux vieux, ils n’en ont pas vu longtemps la couleur puisque son montant, avec l’amer Michel (Debré) est vite parti dans le gouffre du budget général.

    - Les vieux, la famille, les chômeurs. Nos gouvernants ont beaucoup d’imagination pour leur venir en aide. Ainsi, en 1991, Michel Rocard a inventé la « géniale » CSG. Oh ! Pas beaucoup, indolore, 1,1 % seulement. Elle venait, elle aussi, financer le fameux « Fonds de solidarité vieillesse » et ne devait durer que cinq ans. En renfort de la Vignette bien sûr. Veinards de vieux !

    -… teng ! Ils récupèrent un « pognon de dingue » ces vétustes !

    - Mouais… Cette CSG n’a pas été supprimée après les cinq ans et est maintenant à 9,2 % sur les revenus d’activités, 9,9 % sur les revenus du patrimoine, et 8,6 % pour le revenu des jeux. Une paille ! Elle rapporte plus que l’impôt sur le revenu. Et Macron en avait encore augmenté le taux pour les retraités ! Il a été obligé de reculer, grâce à nous les mecs ! Nous, les Gilets jaunes.

    - Bravo Alain ! On est fier de toi. Tè, je mets ma tournée, et du Jaune !

    - Ce n’est pas tout. En 1996, Juppé, droit dans ses bottes, instaure par ordonnance une petite sœur de la CSG, la CRDS pour « contribution pour le remboursement de la dette sociale ». La finalité : boucher le trou de la Sécu.

    - C’est donc encore en partie pour ces veinards de vieux !

    - Cette taxe devait cesser en 2009… On connaît la suite. Mais ce n’est pas tout. Voilà qu’arrive Raffarin ! Encore un imaginatif celui-là. Dans une superbe « raffarinade », en 2004, il a inventé « la journée de solidarité » destinée à financer « l’autonomie des personnes âgées ». C’est un foutoir pas possible, mais qui pique encore de l’artiche « pour les vieux ».

    - Oh ! Alain, pas étonnant que tu sois si généreux. Qu’est-ce qu’ils encaissent ces « privilégiés » de retraités !

    - Ouais, mais nous aussi, on casque… pour les vieux ! On paie depuis 2013 la CASA, la « contribution additionnelle de solidarité à l’autonomie », 0,3 % sur nos pensions ! Ils font payer les vieux pour aider les vieux. Ubu, sors de ce corps ! Et puis, glaçon dans le pastaga, Jean-Marc Ayrault, en 2013, a pensé que nous étions vraiment trop riches et a gelé les retraites complémentaires. Et comme décidément il est de notoriété publique que les vieux roulent sur l’or, voilà Jupiter qui nous taxe par sa CSG de merde à 6,6 % de ce qu’on touche. Et en rajoute une louche de 1,7 %, portant donc notre taux de racket à 8,3 %.

    - Ouais mais cette rallonge, il vient de l’annuler.

    - Ce qui n’annule pas cette taxe mais la ramène à 6,6 %.

    - Oh ! Tout de même, Micmacron revalorise vos pensions de 0,3 % !

    - Ben voyons. Comme il n’indexe plus les retraites sur l’inflation, et que celle-ci, cette année est prévue à 1,6 %, il nous emplâtre chaque année 1,3 %. En dix ans, ça fait 13 % de perte de pouvoir d’achat. Achat ? Acheter quoi ? Pouvoir de survivre plutôt.

    - Loulle, je crois que nous devons faire acte de solidarité envers Alain qui lutte aussi pour nous. On pourrait lui ouvrir une ligne de trois Jaune avant chaque repas, et jusqu’à la fin de la crise.

    - Adjugé ! Allez, à la nôtre.

     

    Illustration: merci au regretté Chimulus

     

     

  • Gastronomie dominicale: l’andouille au Côte-du-Rhône

    andouille ici nous faisons.jpg

     

    Mettez donc à tremper un kilo de fayots

    De Paimpol ou Pamiers, si possible bio

    Et pour, de votre anus, éviter la cantate

    Ajoutez à cette eau quelque bicarbonate.

    Faites cuire à l’eau froide pendant deux heures au moins

    Une andouille de porc choisie avec grand soin

    Puis laissez refroidir dans son jus de cuisson

    Jusques au lendemain. Buvez un Jurançon !

    La nuit étant passé, égouttez les fayots

    Mettez-les en cocotte, couvrez avec de l’eau,

    Ajoutez quelques couennes, une queue de porc frais,

    Deux carottes en rondelles, trois oignons en quartiers,

    Un peu de céleri et de l’ail écrasé

    Sel, poivre du moulin, thym, feuille de laurier.

    Mettre en ébullition, ajouter deux grands verres

    De Côtes-du-Rhône rouge, du vin fort en matières.

    Faites frémir une heure à feu non emballé,

    Puis ajoutez l’andouille confite en sa gelée.

    Remettez en cuisson pour que les haricots

    Soient fondants à souhait sans être musicaux.

    Servez le plat bien chaud en deux plats séparés,

    Avec un peu de beurre, du persil ciselé.

    Cessons pour aujourd’hui ce conte culinaire,

    Ma tripe est assoiffée, remplis raz bord mon verre,

    De ce nectar divin de la Coste-du-Rhône

    Et laisse près de moi la coupe et la bonbonne.

     

    in: GROSSIR (ou pas) sans peine et sans régime

     

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