Le "curling" en gilets jaunes !
Le « curling ». Les machines à bruit, ce matin, nous parlent de ce truc à la gloire des balayeurs et balayeuses (pardon, techniciennes et techniciens de surface dans la novlangue). Ils ont du recevoir une invitation par les agences de com chargées de lancer ce truc cocasse, avec à la clé du fric à aspirer pour des équipements, vêtures spéciales, etc.. Bref, un marché nouveau à créer.
C'est un sport délicieusement désuet. Un sport de fainéant, faudra donc que je m'y intéresse ! Mais attention aux tours de rein, attention aux gamelles sur la glace, attention à ne pas choper froid dans ces lieux où la glace (brrr…) est le terrain de jeu. Faudra se doper au vin chaud ! Mouais… Dans le sport, il n'y a pas que le vin chaud ou l'EPO provençal (eau, pastis, olives).
Le sport spectacle porte en lui bien ces dérives. Parce qu'il génère beaucoup de fric et qu'il est un outil puissant pour façonner l'esprit des gens. En bref, le sport nous prend pour des kons et rend kons ceux qui adhèrent à ses valeurs. L’invention du sport se situe au XIXème siècle, en pleine révolution industrielle, en vue de rendre les corps et les esprits dociles aux nouvelles formes du travail en usine, de domestiquer les nouvelles couches sociales que l’on met au travail. Il vise à, créer un nouveau type d'humain qui mécanise son corps et son esprit en vue de la « performance ». Il faut lui donner un « mental de gagnant ». En faire des « winners », des « premiers de crdée ». Et accessoirement les conditionner au fétichisme des marques qui « sponsorisent » les grandes épreuves (Nike, Coca-Cola, Adidas, Lacoste, etc.).
Le sport enseigne la soumission à un certain ordre social. Pour arriver à LA performance qui fait bêler les foules abruties des « supporters », tout est bon, et surtout toutes les substances douteuses. Écoutons le footballeur Dhorasso. Il dit : « Il faut être cohérent et un peu honnête. On ne peut pas demander aux gars de battre des records, aux cyclistes de monter des cols à des vitesses incroyables, et tout ça à l’eau claire. Défendre à la fois la course à la performance à tout prix et la chasse au dopage, c’est prendre les gens pour des imbéciles ». Et il est poli Dhorasso…
Churchill disait : « never sport ! ». Attention ce n'était pas un mépris de l'épanouissement du corps mais un refus de sacrifier à cette nouvelle religion qui colonise l'existence de milliards d'individus et impose une manière de penser couplant le culte de la performance et les affaires, particulièrement la publicité. Les sportifs de haut niveau, les « champions » sont les nouveaux dieux de la jeunesse. La plupart des jeunes rêvent d'imiter Zidane, Messi, Armstrong. Et pas Fleming, Pasteur ou Einstein. Même les pires tricheurs sont admirés, voire imités car ils sont des gagneurs, des « winners ». Qu'importe les moyens, seule compte la fin. On ne s'épanouit pas personnellement en s'adaptant aux circonstances de l'existence, mais on imite, on s'identifie à ces modèles fabriqués par le complexe médiatico-publicitaire... C'est la négation de l'imagination et de l'intelligence. Regardez-les les sportifs et surtout les « supporters » : on dirait des clones, partout dans le monde. Braillards, violents, sectaires, intolérants, obéissant à des slogans.
Le sport usine « l'homme nouveau » d'Orwell : uniformité de pensée et de comportement, endoctrinement, violence, inculture. Les dirigeants politiques ne s'y trompent pas. Les Chinois, les Russes « élèvent » les sportifs en batterie. Mais quid des étasuniens et de leurs « étudiants » ? Quid de nos « clubs de formation » ? Certains pays ferment un peu plus les yeux que d'autres. Ils sont un peu plus hypocrites quoi.
Le sport serait-il l'ennemi du peuple ?
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Commentaires
Le sport amuse les masses, leur bouffe l'esprit et les abêtit. Les dictateurs avant tout savent bien pourquoi ils sont toujours et dans tous les cas en faveur du sport. Qui est pour le sport a les masses de son côté, qui est pour la culture les a contre elles, c'est pourquoi tous les gouvernements sont toujours pour le sport et contre la culture.
( Thomas Bernhard , L'origine, trad. Albert Kohn, p.77 )