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Europe - Page 7

  • Au bistro de la toile. Italie : « Mosco, Mosco va fanc…. »

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    - Oh, Loulle, t’as vu les Italiens ? Ils les ont bien pendus les aliboffis !

    - Tu parles… L’OM va se les bouffer les comiques de la Lazio de Rome.

    - Mouais, on en reparlera. Mais c’est pas de ça que je te maïse, c’est de la façon dont leur gouvernement a renvoyé dans les cordes ce comique troupier de Moscovici, commissaire européen chargé de leur faire panpan culcul ! Il lui a dit qu’il maintiendrait son programme.

    - Et qu’est-ce qu’il y a qui file des boutons à Mosco dans ce programme ?

    - Ben des choses qu’on apprécierait nous aussi, comme le "revenu de citoyenneté". Il s’agit de verser 780 euros pendant deux ans à tout citoyen italien qui a perdu son travail. Pour les retraites, un homme pourra partir à la retraite lorsqu’il aura travaillé et cotisé pendant quarante et un ans, quel que soit son âge. Les femmes, elles, auront la possibilité de se retirer de la vie active à 57 ou 58 ans, dès lors qu’elles auront cotisé pendant trente-cinq ans. Ils veulent aussi réintroduire l’équivalent italien des chèques emploi-service, censés lutter contre le travail au noir mais dont la généralisation avait entraîné de nombreux abus. Plein de choses qui tranchent avec les injonctions d’austérité de l’U.E. proférées par le lamentable Moscovici.

    - Effectivement, pas de quoi ruer dans les brancards. Moi je signerais si quelqu’un le proposait ici !

    - Mouais, seulement tout ça, pour les têtes d’œufs de l’U.E. ça coûte des sous. Et des sous, l’Italie n’en a pas qu’ils disent. « Elle croule sous une dette de 137 % de son PIB. Et ce budget implique un déficit de 2,4 %. » Eh ! Oh ! La dette italienne, elle appartient pour les trois-quart aux Italiens eux-mêmes, contrairement à la nôtre qui est détenue au deux-tiers par des fonds étrangers ! Quant au déficit, les 2,4 % sont largement sous la limite des 3 % imposée par le traité de Maastricht et… plus basse que le déficit de la France qui est de 2,7 % !

    - Alors, deux poids deux mesures ?

    - Exactement. Et je vais te dire Loulle, cette dette, que ce soit l’italienne ou la française, c’est du bidon et ce ne sera jamais remboursé ! Et l’Italie ne sortira ni de l’U.E., ni de l’euro. Et en plus, les menaces de Mosco – une amende de 3 ou 4 milliards - ne seront évidemment jamais mises à exécution. L’Italie, c’est un membre fondateur, c’est la deuxième puissance industrielle de l’U.E., la troisième économie, c’est une balance commerciale excédentaire, c’est la troisième démographie, etc.

    - Ouais, c’est du lourd, c’est pas la Grèce ou le Portugal. Mais la dette…

    - La dette – cheval de bataille principal de Mosco – elle est voulue, elle est le moteur de l’ultralibéralisme et les déficits sont sciemment entretenus dans le but de fabriquer le prétexte imparable pour détricoter les acquis sociaux, démolir la démocratie de proximité et détruire la redistribution des richesses ! En a découlé un effondrement des recettes fiscales et sociales, contraignant à plus d’austérité, plus de destruction des services publics et par conséquent… creuser encore et encore la dette. Et en plus culpabiliser le cochon de payant qui "vit au-dessus de ses moyens".

    - Et comment s’en sortir ?

    - Salviani, peut jouer sur deux registres.

    Méthode douce : un emprunt obligatoire, comme en temps de guerre, pour que les Italiens rachètent les 25, 30 ou 40 % de cette dette détenue par les étrangers. Il faudra payer des intérêts, mais c’est du pognon qui resterait dans le pays et qui, donc, alimenterait une reprise de la consommation au lieu d’engraisser les retraités du Texas et du Wisconsin.

    Méthode dure : il ne rembourse pas et le fait savoir ! Résultat, un tollé général de toute la mafia financière mondiale qui se débarrasserait à prix bradés de ses titres italiens… que Salviani rachèterait en douce, se libérant ainsi - en baisant le « marché » avec ses propres lois - de ce boulet de la dette !

    - Et qu’est-ce qu’ils leur diraient alors à Moscovici nos fratelli italiani ?

    - Va fanculo !

     

    Illustration: merci au regretté Chimulus

  • Forza Italia !

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    Eh oui, Forza Italia, forza la nostra sorela latina ! Et laisse fienter les culs serrés de Moscovici, de Lemaire, de Merkel et de Junker. Les résultats sont déjà là en matière d’immigration, ils arriveront au niveau économique. Car « ils » ne flingueront pas l’Italie – membre fondateur, deuxième puissance industrielle, troisième économie, troisième démographie d’Europe – comme la Grèce. Ou bien « ils » flingueront en même temps toute l’Europe… « Ils », ce sont évidemment toutes les oligarchies ultralibérales : mafias des banques, Commission européenne, Banque européenne, FMI, gouvernants allemand, français, étasuniniens, etc.

    Migrants. Pendant le premier semestre 2018, 13 010 migrants ont débarqué sur les côtes italiennes contre 83 424 pour le premier semestre 2017. 84 % de baisse. Ce résultat n’est pas à mettre au seul crédit de la nouvelle équipe au pouvoir, qui est en place seulement depuis le 1er juin. Mais c’est un résultat positif de la politique de ras-le-bol des Italiens qui ont signé des accords avec des factions libyennes – on fait avec ce qu’on a depuis que Sarko et ses complices ont semé la mort, le chaos et la désolation dans ce pays - mais aussi du gouvernement démocratiquement élu mais diabolisé qui a su, sans faiblir, mettre au pas ces ONG complices des trafiquants d’êtres humains libyens en interdisant à leurs bateaux de débarquer dans les ports italiens leurs cargaisons d’esclaves modernes attendues par les mafias et les patronats avides de main-d’œuvre docile et quasi gratuite.

    Économie. Le gouvernement italien actuel remet l’Europe à sa place en décidant d’un déficit de 2,4 % qu’il estime nécessaire pour mener à bien une politique sociale qu’aucun gouvernement de gauche comme de droite n’a osé seulement penser. Ce faisant, l’Italie - n’en déplaise à Moscovici - reste « dans les clous » des traités européens puisqu’elle reste en dessous du seuil limite de 3 % et, et, et… largement en dessous du déficit de la France établi à 2,7 % par ce chantre de l’ultralibéralisme qu’est Micmacron ! Quant à sa dette « explosive » comme dit le même inénarrable Mosco, elle est de 132 % du PIB italien, mais dans les mêmes eaux que la France avec 100 % d’un PIB qui est supérieur à celui de l’Italie. Et chacun sait que l’essentiel de ces dettes est illégitime et ne sera jamais remboursé. L’Allemagne est orfèvre en la matière, elle qui n’a jamais remboursé son énorme dette de guerre !

    Mais, plus que les chiffres, ce qui horrifie les eurocrates c’est qu’en contestant les règles de la Commission européenne et la doctrine ultralibérale qui les inspire, l’Italie remet en cause « l’ordre » économique de l’Union, instille la désobéissance au cœur même des institutions et fait trembler sur ses bases une construction hélas dévoyée par les dogmes de l’orthodoxie financière et de la « concurrence libre et non faussée » qui fait de chaque citoyen et de tout pays adhérent un concurrent impitoyable de l’autre. Cette doctrine instaure l’abandon de toute politique publique, la suppression de toute intervention publique, l’abandon de toute politique de redistribution, impose l’excédent budgétaire et en conséquence l’austérité. Voilà quelle est la matrice idéologique de la politique économique européenne.

    On va laisser aux « marchés » - en plombant les taux d’intérêt et autres basses manœuvres financières le soin de « rappeler l’Italie à a saine discipline ». Mais si ça ne suffit pas, les grandes manœuvres pour « ramener l’Italie à la raison » vont commencer. Moulinets et menaces de l’U.E. puis entrée en ligne de la mafia financière : porteurs de la dette, FMI, bourses, puis si besoin organisation souterraine d’une pénurie de consommation, comme ça réussit si bien au Venezuela et en Argentine, exacerbation artificielle de contradictions internes, sociales et politiques pour semer la zizanie. Tout ceci accompagné et amplifié par de vastes campagnes médiatiques orchestrées par les canards laquais et la presse-purée tenue par les milliardaires banquiers ou marchands d’armes et de béton.

    La gôôche bien-pensante germanopratine se répand à longueur de colonnes, dans les machines à bruits et dans les lucarnes à décerveler contre ces affreux « populistes » oubliant que dans ce mot honni il y a avant tout « peuple ». Seulement si les « populistes » italiens gagnent ce combat que la gauche grecque a lamentablement perdu, ce sera un sacré signal pour les populations. Et ça se traduira dans les urnes au détriment de cette gauche qui moralise en n’ayant rien à proposer.

    Une gauche qui a trahi ses électeurs, dont je suis depuis toujours…

    Avanti popolo, a la riscossa ! E forza Italia !

     

    Illustration X - Droits réservés

  • Migrants. Entre Europe et Afrique : la raison du plus fort…

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    La grande dégoulinante de bons sentiments ruisselle autour des tribulations de l’Aquarius. Les jocrisses, les bien-pensants, les tartuffes s’horrifient – à juste titre – de ces centaines, de ces milliers de femmes, enfants, hommes attirés par le miroir aux alouettes de l’eldorado européen et qui après avoir engraissé les maquereaux passeurs finissent pour quelques-uns et quelques-unes en patapon pour requin et crabes de la Méditerranée. Un pseudo-Eldorado où ils ne sont pas souvent les bienvenus, où leur arrivée est perçue comme une invasion et génère de dangereux glissements vers des régimes qu’on croyait définitivement enterrés.

    Mais ces bien-pensants se gardent bien de dire pourquoi ces gens partent de toute l’Afrique en une migration suicidaire vers le nord, vers ce continent européen que les séries télés, les films, les magazines leur montre comme le paradis, le bonheur consumériste à la portée de tous.

    À travers les réseaux sociaux, des filières sont en place dans l’Afrique subsaharienne pour appâter, recruter, faire venir essentiellement des hommes jeunes. Payées par qui ces propagandes, ces filières ? Pour engraisser qui ? Des passeurs, mais pas que… Des patrons avides de chairs fraîches, jeunes, corvéables à merci, mais pas que… Aussi des ONG dont le fonds de commerce est d’organiser des navettes entre les côtes africaines et l’Europe. Encore des sociétés ultralibérales qui voient dans ces migrants de quoi regonfler une démographie en grève et… assurer le paiement de leurs retraites.

    Mais ce qu’on ne leur montre pas à ces aspirants remplaceurs, ce sont les milliers de sans-abri, de sans-dents, de chômeurs, de grévistes européens. On s’efforce de leur cacher les bateaux surchargés qui chavirent, jetant à la mer, dans le froid de la nuit, leur cargaison dérisoire d’espoirs déçus, de vies perdues.

    Pourtant ils veulent malgré tout venir… Pourquoi ?

    S’ils fuient l’Afrique, c’est parce qu’ils n’ont pas d’avenir chez eux. Où du moins c’est ce qu’ils pensent ou qu’on leur fait croire. Parce qu’ils sont victimes, chez eux, du pillage des richesses de leur continent part les entreprises multinationales européennes, étasuniennes et maintenant chinoises. Ceci étant le résultat d’accords économiques léonins, d’inspiration ultralibérale.

    Concernant l’U.E. on les appelle les A.P.E. (accords de partenariat économique), proposées par l’Union européenne à l’Afrique. Ces accords sont entre l’Union européenne et l’Afrique ce que les accords Tafta voudraient être entre les États-Unis et l’Europe : des traités de vassalisation organisant le pillage du plus faible par le plus fort. Vis-à-vis des États-Unis, nous sommes les victimes, vis-à-vis de l’Afrique, nous sommes les bourreaux.

    De l’esclavage à la colonisation et de celle-ci à la mondialisation, nous sommes en face de la même logique : décider pour les Africains (et d’une manière toujours conforme aux intérêts de l’Europe) la manière dont ils doivent exister face au reste du monde. La seule différence entre hier et aujourd’hui réside dans la nature des gadgets avec lesquels la lucidité de l’Africain est assommée : aux pacotilles ont succédé les « attestations » de leadership délivrées par l’Europe, les États-Unis, la Chine à des chefs d’État africains qui se disputent sans gêne la reconnaissance de l’homme riche et de son système politico-économique. Ces mêmes élites africaines, défendent souvent avec acharnement, des félonies qui se sont enrichies sur le dos des contribuables. D’autres installent au pinacle, des despotes qui se sont arrogé le pouvoir par la fraude électorale… On est loin de la « bonne gouvernance »…

    Ce qu’il y a surtout à redouter aujourd’hui au sujet de ces APE et de la lecture qu’en fait l’Afrique c’est essentiellement une stratégie de déconstruction des zones économiques et monétaires ou tout bonnement une décomposition de l’Union africaine par l’alignement d’un cartel de chefs d’États corrompues sur les ambitions impérialistes de l’U.E.

    L’Afrique n’a absolument rien à gagner dans les APE : la Côte d’Ivoire a beau espérer vendre son cacao, mais elle doit savoir qu’elle ne maîtrise guère ses cours mondiaux et la technologie de transformation dont elle dispose est tellement rudimentaire que sa matière première pourrait lui être achetée et revendue moins cher. Le Sénégal n’a que son huile d’arachide que personne ne veut plus consommer en Europe et dont le cours a été fortement déprécié par les autres huiles. Le bois brut gabonais ne peut nullement contrebalancer la perte de devises qu’entraînerait l’ouverture des frontières gabonaises à l’UE.

    Concrètement, c’est plus aucun droit de douanes à l’entrée des produits européens en balance de l’entrée des produits africains en Europe là encore sans droits de douane. Mais pour ce dernier volet, c’était déjà le cas ! Donc c’est tout gagnant pour les Européens et tout perdant pour les Africains. Et ainsi les élevages de volailles locaux sont foutus en l’air par les importations sans taxes douanières de poulets européens subventionnés ! C’est la filière du lait locale qui ne peut pas lutter, et ainsi de suite dans tous les compartiments économiques. C’est la fameuse liberté du renard dans le poulailler.

    De toute façon la question que soulèvent les APE n’est pas fondamentalement une simple question économique : c’est une question de justice, d’équité et de morale universelle, et pour cette raison, c’est un combat que l’Afrique peut et doit mener avec tous les autres hommes et toutes les autres régions économiques de cette planète.

    Dans son discours sur l’état de l’Union, il y a quelques jours, devant le Parlement à Strasbourg, Jean-Claude Juncker a décrit l’Afrique comme le « continent cousin » de l’Europe. Il a déclaré aux eurodéputés que lui et Paul Kagame, le président du Rwanda et président de l’Union africaine, s’étaient accordés à mettre fin à la relation donateur bénéficiaire des deux continents : « Nous sommes tombés d’accord pour qu’à l’avenir nos engagements respectifs soient réciproques. Nous voulons construire un nouveau partenariat avec l’Afrique ». Ben voyons… Paroles, paroles, paroles.

    En réalité l’Union européenne exerce des pressions sur les pays africains argumentant que « l’aide au développement » pourrait diminuer drastiquement en cas de refus de signer. C’est du chantage.

    Il n’en a pas toujours été ainsi. Ainsi en 1963, la convention de Yaoundé (Cameroun) portait sur le commerce mais avec des préférences tarifaires non réciproques en faveur des produits des 18 états concernés, sur la coopération financière et technique et sur des projets d’infrastructures économiques et sociales. Plus tard, en 1975, la convention de Lomé (Togo), fondée sur le partenariat et la solidarité, était signée avec un groupe de 46 pays. De 1984 à 1995 vont se succéder les conventions Lomé III, IV et IV bis, qui concernent finalement 70 pays. Mais peu à peu, les accords s’imprègnent des thèses néolibérales émergentes.

    Après la création de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 1995, la nécessité de « s’insérer dans l’économie mondiale » devient la priorité. L’Union a choisi d’imposer les règles de l’OMC aux pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) plutôt que de s’associer à eux pour les rendre plus équitables. Elle a choisi de faire perdre aux pays les moins avancés (PMA) de la zone ACP (40 sur 77) les dérogations que leur accordent les règles de l’OMC lorsqu’ils ne signent pas d’accords de libre-échange. Les préférences tarifaires non réciproques doivent disparaître. Elles ne sont en effet pas compatibles avec les règles de l’OMC qui imposent la réciprocité : les pays ACP doivent s’ouvrir aux produits européens de la même manière que le marché communautaire s’ouvre aux produits ACP. Ce sont les accords de Cotonou où l’on passe du respect de la souveraineté au dogme de la « croissance » que favoriserait (!!??) un marché « libéré » des obstacles à la concurrence. Dans les négociations, la Commission, négociateur unique au nom des États membres de l’Union, en a imposé la langue, le contenu et le rythme, en dépit des protestations des gouvernements ACP. Les documents sont rédigés en anglais, et les discussions ont lieu dans cette langue. Or les pays concernés d’Afrique, qui représentent 94 % de la population ACP, ont, très largement, le français comme langue véhiculaire. Bonjour la francophonie et l’influence de la France en Europe…

    Séparer pour mieux régner est la devise de l’U.E. Elle divise ainsi les ACP (Afrique, Caraïbe, Pacifique autrement dit les anciennes colonies) signataires des accords de Lomé en six régions : Afrique de l’Ouest, Afrique centrale, Afrique de l’Est et Corne de l’Afrique, Afrique australe, Caraïbes et région Pacifique. Et elle négocie avec chaque sous ensemble séparément. Pour la Commission, il ne s’agit pas de traiter les pays ACP en partenaires, mais bien d’organiser leur mise en concurrence, c’est-à-dire, selon la formule désormais consacrée, de les « intégrer dans le commerce mondial ». Les négociations visent à remplacer les mécanismes de solidarité des conventions de Lomé par la concurrence économique et commerciale orchestrée par l’OMC. La convention de Cotonou contraint ainsi des économies faiblement développées à affronter sur un pied d’égalité les entreprises des pays les plus riches. Les dés sont pipés. La vision du monde que propage désormais l’UE, à l’instar des États-Unis, s’organise autour de l’idée dominante de compétition.

    L’U.E. ressert le discours des lobbies patronaux selon lequel les dérégulations favoriseraient les investissements. Elle exige donc la suppression des restrictions aux investissements dans le domaine des services. Il s’agit, en fait, d’interdire à ces pays de choisir eux-mêmes les investisseurs étrangers et de définir quel type de société ils entendent construire. Elle exige la concurrence, dont il faut assurer, selon une expression digne du traité constitutionnel européen, le caractère « libre et non faussé » ; les marchés publics, où elle entend qu’entreprises étrangères et entreprises nationales soient traitées sur un pied de stricte égalité ; et enfin l’investissement, où elle réclame une dérégulation des régimes en vigueur dans la plupart des pays ACP. C’est David sans sa fronde contre Goliath avec un flingue.

    Les firmes européennes entendent opérer en toute liberté là où elles investissent, et tirer le profit maximum de l’absence d’exigences salariales, de législations sociales et de contraintes environnementales.

    Mais la résistance s’organise. Ainsi en 2004, à Maputo (Mozambique), des centaines d’associations africaines, réunies à l’invitation de Third World Network Africa, un des réseaux altermondialistes les plus actifs, adoptent la déclaration de Maputo. Véritable document fondateur de la résistance africaine à la recolonisation par le libre-échange, elle dénonce les APER comme un instrument de la domination européenne sur les marchés émergents ; comme une agression contre les droits à l’autodétermination et à la souveraineté sur les ressources et les capacités des États ; comme une volonté d’exacerber les tensions entre sous-groupes africains et comme une négation des préoccupations légitimes des pays africains demandant un changement des règles de l’OMC. Reprise par le Forum social africain (Lusaha, décembre 2004), elle appelle à une transformation radicale des relations entre l’Europe et les pays ACP, fondée sur un principe : l’émancipation des peuples africains doit être leur propre œuvre.

    Ces accords procèdent de la logique de la loi des plus forts – Europe, États-Unis, Chine et de leur volonté de recolonisation déguisée de l’Afrique. Avec non plus les canonnières et les fusils comme armes de coercition mais la dette. Et les Chinois ne sont pas les derniers en la matière : ils construisent des routes, des infrastructures, ils fournissent des matériels, des équipements creusant ainsi pour les pays africains une dette fournie en nature mais qui devra être remboursée en matières premières à bas coût voire… en dollars !

    Le flot des migrants prend sa source dans ces relations déséquilibrées. Il ne se tarira qu’avec le développement africain de l’Afrique, par et pour les Africains avant tout.

    Faute de quoi se réaliseront les prophéties de Boumedienne, qui avait déclaré en 1974 devant l’assemblée de l’ONU : « Un jour, des millions d’hommes quitteront l’hémisphère sud pour faire irruption dans l’hémisphère nord. Et certainement pas en amis. Car ils y feront irruption pour le conquérir. Et ils le conquerront en le peuplant de leurs fils, c’est le ventre de nos femmes qui nous offrira la victoire. »

    Vu sous cet angle, les cris d'orfraies de nos bien-pensants en faveur de l'Aquarius et de l'ouverture sans condition de nos frontières sonnent comme une musique d'accompagnement de cette exploitation de l'Afrique.

     

    Sources et liens :

    http://www.pressafrik.com/LES-APE-ou-la-logique-d-une-recolonisation-deguisee-de-L-Afrique_a149779.html

    http://www.monde-diplomatique.fr/2005/02/JENNAR/11912#tout-en-haut

    http://www.senxibar.com/Accords-de-partenariat-economique-ACP-UE-La-coalition-Non-aux-APE-demande-a-l-Etat-de-suspendre-sa-signature_a35645.htm

    http://www.acp.int/fr

    http://www.monde-diplomatique.fr/2005/02/JENNAR/11912#nb11

     

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