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poésie érotique - Page 4

  • Confinérotisme: "T'as un beau masque, tu sais..."

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    J’ai rencontré Sylvie dans la queue du Leclerc,

    Lunettes de soudeurs cachant ses beaux yeux clairs

    Et malgré la distanciation sociale,

    L’espace d’un caddie, j’appréciai son hâle.

    Je pensais : elle est belle, elle me met en fièvre

    Mais sous son masque, peut-être y a-t-il un bec-de-lièvre ?

    J’admirais sa façon de tousser dans son coude

    Avec autant de grâce que les stars d'Hollywood.

    Je rêvais ses parfums, son porte-jarretelles

    Je rêvais plus encor d’effeuiller ses dentelles.

    Je rêvais de ses doigts gainés de fin latex

    Déroulant un condom tout le long de mon sexe…

    Je rêvais de humer ses fragrances anales,

    Je rêvais de goûter sa flore vaginale.

    Je rêvais de l’avoir pour la nuit, pour la vie,

    Je me serais damné tant j’en avais envie

    Peu m’importait alors de courir à ma perte,

    Je la voulais à moi, amoureuse et offerte.

    « Viens chez moi j’ai du gel hydroalcoolique,

    J’ai de l’Efferalgan, des trucs pour la colique

    Et puis, rien que pour toi, j’ai de la chloroquine

    Mais pour ça il faudra te montrer bien coquine !

    Je t’offrirais une surblouse, une Jeannette

    Si tu voulais me faire une bonne branlette.

    Voudrais-tu, avec moi, échanger, ma chérie,

    En un baiser cent vingt millions de bactéries ? »

    Mais je ne puis que dire, tant j’étais médusé :

    « T’as un beau masque, tu sais ! »

     

    Victor Ayoli

     

    Photo X - Droits réservés

  • Ouiquinde érotique thérapeutique: le panaris et le panard.

     

    Eh! Il n'y a pas que le coronavirus dans la vie!

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    Le mal d'aventure

    Alison se mourait d'un mal
    Au bout du doigt, mal d'aventure.
    - Va trouver le père Pascal,
    Lui dit sa sœur, et plus n'endure ;
    Il a fait mainte et mainte cure,
    Ses remèdes sont excellents.
    Il te guérira, je t'assure.
    Il en a pour le mal de dents,
    Pour l'écorchure et pour l'enflure ;
    Il fait l'onguent pour la brûlure.
    Va donc sans attendre plus tard ;
    Le mal s'accroît, quand on recule.
    Et donne lui le bonjour de ma part.
    Elle va, frappe à la cellule
    Du Révérend frère Frappart,
    - Bonjour, mon frère. Dieu vous garde !
    Dit-elle, ma sœur vous salue,
    Et moi qui suis ici venue,
    Lasse à la fin de trop souffrir ;
    Mais ma sœur vient de me promettre
    Que vous voudrez bien me guérir
    De ce doigt qui me fera mourir ;
    Non, je ne sais plus où le mettre.
    — Mettez, dit Pascal, votre doigt
    Les matins en certain endroit
    Que vous savez. — Hélas, que sais- je ?
    Répond Alix, où le mettrai-je ?
    Dites-le moi, frère Pascal,
    Tôt, car mon doigt me fait grand mal.
    — Ô ! l'innocente créature !
    Avez-vous la tête si dure ?
    Certain endroit que connaissez ;
    Puisqu'il faut que je vous le dise,
    C'est l'endroit par où vous pissez.
    Eh bien, m'entendez-vous, Alise ?

    — Mon frère, excusez ma bêtise.
    Répond Alix, baissant les yeux ;
    Suffit, j'y ferai de mon mieux,
    Grand merci pour votre recette ;
    J'y cours, car le mal est pressé.
    — Quand votre mal sera passé,
    Venez me voir, Alisonnette,
    Dit le frère, et n'y manquez pas.
    Soir et matin à la renverse,
    Suivant l'ordre du bon Pascal
    Elle met remède à son mal.
    Enfin l'abcès mûrit et perce ;
    Alison saine va soudain
    Rendre grâce à son médecin
    Et du remède spécifique
    Lui vante l'étonnant succès.
    Pascal, d'un ton mélancolique,
    Lui repart : - Un pareil abcès
    Depuis quatre jours me tourmente,
    Vous seriez ingrate et méchante
    Si vous me refusez le bien
    Que vous avez par mon moyen ;
    Alix, j'ai besoin de votre aide,
    Puisque vous portez le remède
    Qui, sans faute, peut me guérir.
    Eh quoi ! me verrez-vous mourir
    Après vous avoir bien guérie ?
    — Non, dit Alix, sur ma vie,
    Je ferais un trop grand péché ;
    Tel crime... allons donc, je vous prie,
    Guérissez-vous, frère Pascal,
    Approchez vite votre mal.
    A ces mots, Dom Pascal la jette,
    Sans marchander, sur sa couchette,
    L'étend bravement sur le dos
    Et l'embrasse. - Ô Dieu ! qu'il est gros !
    Dit Alix, quel doigt ! Eh ! de grâce,
    Arrêtez... Je le sens qui passe.
    — Ma chère Alix, attends un peu,
    Je me meurs... souffre que j'achève.
    — Ah ! reprit Alix tout en feu,
    Vous voilà guéri, l'abcès crève.

    Jacques Vergier

     

    Photo X - Droits réservés

  • La plus belle phrase: Je t'aime !

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    Le temps marche sur moi, quant à toi, il t’effleure

    Ma taille s’épaissit, mes cheveux ? je les pleure…

    Le temps est un voyou, un voleur de jeunesse,

    Mais il transmute aussi la passion en tendresse.

     

    Si le torrent fougueux de notre amour total

    S’est calmé dans le lac du bonheur conjugal

    Après trente ans pourtant, il n’a pas une ride,

    Et s’il est moins ardent, il n’est que plus solide.

     

    Et même si parfois s’en vont tes souvenirs

    Mon cœur a de la place pour tous les retenir,

    Je serais près de toi jusqu’au bout de mes jours.

     

    Pour tes yeux de velours je me fais troubadour

    Et, pour Saint-Valentin, te dédie ce poème

    Je t’aime.

     

    Victor Ayoli

     

     

    Illustration: Merci à Peynet