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  • Ouiquinde érotique à quelques heures de l'OUVERTURE !

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    Avec le Sire de Chambley et...Pierre Perret.

     

    Ouvre

     

    Ouvre les yeux, réveille-toi ;

    Ouvre l'oreille, ouvre ta porte :

    C'est l'amour qui sonne et c'est moi

    Qui te l'apporte.

     

    Ouvre la fenêtre à tes seins ;

    Ouvre ton corsage de soie ;

    Ouvre ta robe sur tes reins ;

    Ouvre qu'on voie !

     

    Ouvre à mon cœur ton cœur trop plein :

    J'irai le boire sur ta bouche !

    Ouvre ta chemise de lin :

    Ouvre qu'on touche !

     

    Ouvre les plis de tes rideaux :

    Ouvre ton lit que je t'y traîne :

    Il va s'échauffer sous ton dos.

    Ouvre l'arène.

     

    Ouvre tes bras pour m'enlacer ;

    Ouvre tes seins que je m'y pose ;

    Ouvre aux fureurs de mon baiser

    Ta lèvre rose !

     

    Ouvre tes jambes, prends mes flancs

    Dans ces rondeurs blanches et lisses ;

    Ouvre tes genoux tremblants...

    Ouvre tes cuisses !

     

    Ouvre tout ce qu'on peut ouvrir :

    Dans les chauds trésors de ton ventre

    J'inonderai sans me tarir

    L'abîme où j'entre.

     

    Edmond Haraucourt, Sire de Chambley

     

    Savourez ce poème chanté par Pierre Perret:

    https://www.youtube.com/watch?v=wJZWWtzWMAE

     

    Photo X - Droits réservés

  • Fable confinée : « Accusé Dieu, levez-vous ! »

    la création d'Adam parodie.jpg

     

    - Nom, prénom, qualité ?

    - Dieu, Jéhova, Yahvé, Allah, Jésus, Bouddha, Vishnou, Zeus, Odin, Mahomet, Gengis Khan, Cortez, Napoléon, Hitler, Pol pot, Pinochet, Franco, Staline, Mao, Salazar, Idi Amin Dada, Omar Bongo, Mussolini, Suharto, Ferdinand Marcos, Mohammad Reza Shah Pahlavi, Bokassa, Bush Junior… Qualité : menteur. Profession : calamité inventée par l’Humain.

    - Vous pouvez remettre votre masque. Vous êtes accusé d’avoir créé l’Homme à votre image. Est-ce exact ?

    - Ce n’était pas facile. Il a fallu créer l’univers, le jour, la nuit, la mer, les montagnes, les étoiles, le vent, la pluie, la neige, le smartphone, le coq au vin, Zizou, les guerres, la mort, le mac-do. Je me suis peut-être un peu gourré sur l’Homme. Puisqu’à mon image, il était parfait, alors il était emmerdant, parfaitement ennuyeux. Alors j’ai repris le taf et j’ai créé à la fois l’homme et la femme. Ah ! La Femme ! Ça, c’est une réussite. Avec des gros nichons et des gros culs, un sourire à craquer et la tentation à fleur de peau. J’étais sûr qu’il y aurait de la distraction. Mon erreur : j’ai laissé l’homme croire qu’il était supérieur à la femme, que les neurones étaient livrées avec les couilles. Ce qui est évidemment faux.

    - Ainsi, à cause de vous, pour votre distraction comme vous dîtes, la moitié de l’humanité méprise, exploite, ridiculise, bat, humilie, enferme sous des linceuls de toile, maltraite l’autre moitié.

    - Ce n’était pas mon intention.

    - Admettons. Mais enfin, il faut être tracassé du bulbe, même pour un dieu, d’empester l’univers, en tout cas le quartier Terre de l’univers avec cette saloperie appelée Homme. Parce que c’est l’homme, votre créature qui sera le fossoyeur du monde. Ça a commencé lentement, tranquille, à la petite semaine. Gengis Khan, c’était encore du bricolage. Napo, de l’artisanat. Maintenant, c’est du sérieux. Quand on se tue c’est par millions… Et on est capable de faire beaucoup mieux ! Hiroshima, c’était un pétard du 14 juillet par rapport à ce que ces kons qui gouvernent ont dans leurs frigos de l’épouvante.

    - J’ai essayé de remettre un peu d’ordre. Regardez en terre de Sodome. J’ai prévenu ces kons d’homme qui s’enfilaient comme des malades, sans m’inviter en plus. Je leur ai envoyé des anges mercenaires qui leur ont remonté les bretelles : « Nous allons détruire ce lieu, parce que le crime contre ses habitants est grand devant l’Éternel. L’Éternel nous a envoyés pour le détruire. […] (19.23) Alors l’Éternel fit pleuvoir du ciel sur Sodome et sur Gomorrhe du soufre et du feu. (19.25) Il détruisit ces villes, toute la plaine et tous les habitants des villes, et les plantes de la terre. (19.26) Abraham se leva de bon matin, pour aller au lieu où il s’était tenu en présence de l’Éternel. (19.28) Il porta ses regards du côté de Sodome et de Gomorrhe, et sur tout le territoire de la plaine ; et voici, il vit s’élever de la terre une fumée, comme la fumée d’une fournaise. » Eh ! Hiroshima, c’est de la branlette à côté !

    - Bel exemple. Mais c’est pas le tout. Je sais bien que vous êtes éternel, mais pour revenir à notre temps, il y a eu deux énormes guerres de l’Homme contre l’Homme. On s’est trituré la viande, on s’est fait cuire au napalm, on s’est un tout petit peu atomisé, on s’est foutu du gaz plein les éponges. Du bon gaz fétide qui te fait tomber le mou en quenouille… De la bonne bidoche partout, saignante à souhait. Avec des bras arrachés, des jambes arrachées, des tronches fendues avec une belle cervelle bien lisse et palpitante qui sort par les trous du nez. Manque plus que la branche de persil… De belles tripes bien ondulées, chatoyantes, irisées sous le soleil des bombes. On a pataugé, on patauge dans le bon sang chaud et âcre. Jusqu’aux genoux. Jusqu’au cou. Noyés dans le bon raisiné du prolo… On glisse sur les yeux arrachés et qui te font encore un clin d’œil étonné. Pas compris… Et je te file une indigestion de plomb dans le buffet. Et tu me coupes les couilles. Et je te fais griller tes gosses dans du bon napalm made in Houston. Et tu me passes mes femmes au court-bouillon. Ça sent bon la barbaque. Ça grille. La peau craquèle. Et les bons cris d’horreur. De souffrance. De terreur de pauvres kons qui comprennent pas pourquoi on les trucide. Et ça fait tourner mes usines. Et j’en essaye des bons produits insecticides, pesticides, hommicides, nyakouéicides, bougnoulicides, proloicides…

    Et je t’endoctrine, et je te baratine, et je te démocratise, et je te démagogise, et je te missionnairise, et je te sectarise, et tu me votes, et tu me choisis, et tu bénis le fouet qui te torture, le bras qui te saigne, le garrot qui t’étrangle, la muselière qui te bâillonne, la télé qui t’abrutit. Une chaîne, deux chaînes… Des chaînes. Toujours des chaînes, des chaînes…

    - Eh ! Vous êtes de bons élèves ! Vous n’avez presque plus besoin de moi pour vous pourrir la vie. La troisième de guerre, c’est plus contre l’Homme qu’elle est déclarée. Ou plutôt pas directement. C’est contre la nature. C’est contre la planète. C’est contre la vie. Et là, je n’y suis pour rien. Ces kons d’hommes, dits évolués, ont plus fait de mal à la planète en cinquante ans que le reste de l’humanité depuis qu’elle existe !

    - Trop facile de se défiler, accusé Dieu. C’est la terre qui a le cancer. Et ce cancer, c’est l’homme ! L’homme que vous avez créé. L’homme blanc ou occidentalisé étant la pire métastase. On bouffe du dichlorurophényl-trichloro-éthanuromerdique, et va z’y que j’te pousse, du chloruane, de l’heptachlore, de l’époxyde, des naphtalènes chlorurés, de la diodrine manches courtes, de l’aidrine angora et plein d’autres saloperies qui regorgent d’atomes crochus de carbone qui lâchent un H pour récupérer d’autres C et d’autres H. Que des H, mais c’est pas du hasch, ce sont les haches du bourreau. Qui nous tuent par-dedans ! Un bon foie à la dioxine… Bien bouffi, avec de belles scrofules purulentes. Des couilles, un foutre plein de DDT. Tu baises une femme : tu lui soignes ses morbacs ! Ça tue les moustiques, ça tue les puces et les punaises, ça va bien réussir à nettoyer cette larve qui s’appelle Homme. Et on n’en parlera plus. Bhrama – c’est un de vos noms - pourra passer une nuit tranquille.

    Et si ça ne suffit pas, on va te radioactiver ! De bons gros neutrons dans les gencives. Et ça t’en fait de belles leucémies, ça ! Très poétique… On crève de langueur… Mon cul ! Et je te file des centrales nucléaires partout. Je te fissionne, je te fusionne l’uranium, le plutonium, le plutôt nie homme, le plus tôt gnome ! Et je te l’enrichis cet uranium. Pour pas t’enrichir toi surtout… Et je te balance de bonnes giclées de rontgens bien cancérigènes, leucémirigènes, crétinigènes et ça te fait de beaux fadas, de beaux anormaux. Avec six pattes et pas de tronche. Un toutes les vingt minutes rien qu’en France…

    Et pour couronner le tout, vous nous foutez au cul le COVID19, un bestiau minuscule qui s’insinue partout, qui rentre dans nous et se régale de nos viandes…

    - Ah ! Ah ! Ah ! Objection Monsieur le Président. Là, je n’y suis pour rien. Enfin pour pas grand-chose. D’accord, j’ai fait les chauves-souris. C’était pour rigoler un peu, un soir de bringue que je les ai faites. C’est marrant les chauves-souris mais c’est un peu kon, à dormir suspendu la tête en bas. Mais c’est accueillant la chauve-souris : ça héberge gratos plein de ces drôles de migrants que sont les virus. Alors si vous, les Humains, n’étiez pas allés les faire chier les chauves-souris, vous n’auriez pas hérité de tous les virus qui crèchent chez elles !

    - Mais c’est bien vous qui nous avez envoyé cette Pandémie. Pour nous punir ? Comme à Sodome ?

    - Mais vous êtes encore plus kon que je ne croyais. C’est de PEUR que vous crevez, bande de nazes. Pas de ce virus pas plus dangereux qu’un autre. Parlez-en à vos kapos, ceux que vous avez élus comme ceux qui s’imposent, eux qui vous font avaler des univers de konneries. Là où j’y suis peut-être pour quelque chose, c’est de vous montrer la fragilité de vos civilisations technologiques et surtout les menaces qui vous pendent au nez parce que cette petite bricole que vous appelez pompeusement « pandémie » ne pourrait être qu’une entrée en matière. Si vous me gonflez trop les aliboffis, je vais vous en concocter une de pandémie, pas bouffé des hannetons… Meffi !

    - Eh ! Accusé Dieu, ne menacez pas la Cour. Bien de nos problèmes viennent du fait que nous sommes trop nombreux sur la Terre. Mais c’est bien vous le responsable avec vos injonctions : « Croissez et multipliez-vous ».

    - Mouais, ça, c’est une cagade de mon fiston. Il avait dû abuser du vin de messe avec sa bande de gougnafiers. Mais je vous ai donné la Raison, non ? Si vous vous en serviez au lieu de croire toutes les konneries qu’on profère en mon nom, vous n’en seriez pas là. Et puis vous n’avez qu’à vous capoter le créateur ou pratiquer l’autocoïtpalmaire, vous ne seriez pas obligés d’inventer des virus qui s’enfilent en couronne !

    - Un peu de respect, accusé Dieu !

    - Respect, mon cul. Eh ! Je vous disais bien que l’Homme était distrayant, pour nous les dieux. Mieux que vos films catastrophe ! J’me marre ! J’me marre ! Et en plus, je vous fait croire que tout ça c’est pour votre bien ! Quels kons. Mais quels stupides kons ! Et vous vous crevez la paillasse pour gagner votre croûte « à la sueur de votre front ». Et vous bénissez les chaînes qui vous enserrent, la main qui vous exploite, le fouet qui vous humilie.

    Le plus intelligent des esclavagistes c’est celui qui a eu l’idée de donner quatre sous à ses esclaves. Comme ça, ils se tiennent tranquilles… La pointeuse remplace le garde-chiourme et les quatre ronds remplacent le fouet… Cocus, battus et contents… Ça fait les prolos. Et maintenant des prolos confinés qui « télé travaillent » de chez eux ! Même plus de havre de paix. Non mais vous vous êtes vus avec vos masques ?

    Allez ! Je dégage, « j’ascentionne ». Démerdez-vous seuls. Comme disait tonton Pilate « Jm’en lave les mains ! ». Ciao…

     

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  • 1er mai confiné : jouissons de l’art de GLANDER !

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    GLANDEURS de tous les pays, unissons-nous !

    Mais c’est qu’ils risquent d’y prendre goût, les confinés, à ce subtil bonheur : glander ! Marcher avec le temps au lieu de se laisser dévorer par lui. Ecouter sa vie. Réfléchir au lieu de s’agiter.

    En ex-Indochine, un proverbe dit : « Les Vietnamiens plantent le riz, les Cambodgiens le regardent pousser, les Laotiens l’écoutent pousser ». Toute une philosophie de vie qui désacralise le « travail ». « Travail » (du latin tripalium, instrument de torture). Ils sont bien plus valorisants les termes italien lavorare « labeurer » ou « labourer » plus spécifique et espagnol obrare « œuvrer », accomplir une œuvre.

    Le travail implique contrainte, souffrance, malédiction divine. Le sacré l’a imprégné profondément de son odeur fétide de malheur, de mystère, le préservant de toute remise en cause. Le sinistre M. Thiers, dans le sein de la Commission sur l’instruction primaire de 1849, disait : « Je veux rendre toute-puissante l’influence du clergé, parce que je compte sur lui pour propager cette bonne philosophie qui apprend à l’homme qu’il est ici-bas pour souffrir et non cette autre philosophie qui dit au contraire à l’homme : "Jouis". » Thiers – fossoyeur de la Commune - formulait la morale de la classe bourgeoise dont il incarna l’égoïsme féroce et l’intelligence étroite.

    Apprends à glander ami Confiné. Le COVID te donne cette chance, saisis-la au lieu de te morfondre en attendant qu' « on » te donne de nouveau, en te « déconfinant », le droit de te vautrer dans la servitude volontaire. Le chômage partiel, c’est en quelque sorte ce revenu universel qui plane depuis quelques années. Tu te lèves le matin, et tu trouves sous le paillasson assez de thunes pour vivre tout en glandant ! Il n’en faut pas trop car le fric pourri tout ce qu’il touche. Assez pour ne pas avoir la hantise de la rue, la hantise de la faim. Elle est pas belle la vie ?

    La paresse, la fainéantise, le glandage sont l’apanage d’une élite. On naît fainéant. C’est une chance immense et une injustice pour les autres. L’art de ne rien faire est difficile et ne semble pas donné à tout le monde. Même les loisirs en prennent un coup : le temps libre est de plus en plus confisqué par la télévision et les industriels des loisirs. Nombreux sont ceux qui redoutent l’inaction et réclament un ordre du jour même pendant leurs vacances. Comme s’ils craignaient de se laisser aller, de se laisser guider par la fantaisie. Peut-être par peur de se retrouver seuls avec eux-mêmes ?

    Nous sommes influencés par cette culture où le religieux ("Tu te nourriras à la sueur de ton front !") se mêle à l’économique (travailler plus pour gagner plus) et condamne l’oisif à travailler. Sauf s’il est rentier ou/et actionnaires ! Dans ce cas, c’est son capital qui travaille pour lui, c’est-à-dire vous, moi, les cochons de payants de la France d’en-bas. C’est le pognon qui manque, pas le boulot qui n’a rien de sacré. D’ailleurs dès qu’ils sont assez ferrés, qu’est-ce qu’ils font les riches ? Ils arrêtent de travailler !

    Après des siècles de christianisme et avec l’esprit du capitalisme, on n’imagine pas passer sa vie dans l’inactivité, à moins de passer pour un marginal ou un illuminé. Et malheur à vous si vous avez la malchance d’être au chômage ou si vous avez choisi de faire passer votre vie personnelle avant le travail. On aura vite fait de vous soupçonner de paresse, fainéantise ou de manque d’ambition. Et vous perdrez votre vie à la gagner. Et pourtant ! Dans une autre vie, j’ai même été « chef d’entreprise ». Et je n’embauchais que des fainéants avoués. Ils sont les plus fiables, les plus efficaces des collaborateurs : un fainéant œuvre vite pour avoir plus vite fini et bien pour ne pas avoir à y revenir !

    Il y a dans l’art de ne rien faire le signe d’une conscience vraiment affranchie des multiples contraintes qui, de la naissance à la mort, font de la vie une frénétique production de néant. Niquer ces contraintes est une libération.

    Dans le système capitaliste d’exploitation de l’humain, il y a de la malice, assurément, à en faire le moins possible pour un patron, à s’arrêter dès qu’il a le dos tourné, à saboter les cadences et les machines, à pratiquer l’art de l’absence justifiée. La paresse ici sauvegarde la santé et prête à la subversion un caractère plaisant. Elle rompt l’ennui de la servitude, elle brise le mot d’ordre, elle rend la monnaie de sa pièce à ce temps qui vous ôte huit heures de vie et qu’aucun salaire ne vous laissera récupérer. Elle double avec un sauvage acharnement les minutes volées à l’horloge pointeuse, où le décompte de la journée accroît le profit patronal. Voler ainsi un patron, n’est-ce pas de la récupération ?

    Pourtant, il plane sur la paresse une telle culpabilité que peu osent la revendiquer comme un temps d’arrêt salutaire, qui permet de se ressaisir et de ne pas aller plus avant dans l’ornière où le vieux monde s’enlise. Encore que ! Certaines entreprises découvrent les bienfaits de la sieste !

    Qui, des allocataires sociaux, proclamera qu’il découvre dans l’existence des richesses que la plupart cherchent où elles ne sont pas ? Ils n’ont nul plaisir à ne rien faire, ils ne songent pas à inventer, à créer, à rêver, à imaginer. Ils ont honte le plus souvent d’être privés d’un abrutissement salarié qui les privait d’une paix dont ils disposent maintenant sans oser s’y installer.

    La culpabilité dégrade et pervertit la paresse, elle en interdit l’état de grâce, elle la dépouille de son intelligence. Pourtant ils feraient dans la fainéantise d’étonnantes découvertes : un coucher de soleil, le scintillement de la lumière dans les sous-bois, l’odeur des champignons, le goût du pain qu’il a pétri et cuit, le chant des cigales, la conformation troublante de l’orchidée, les rêveries de la terre à l’heure de la rosée, sans oublier les formidables rêves érotiques !

    Ce brave coronavirus nous donne la possibilité de découvrir tout ça.

    « Nous aurons bien mérité la retraite » soupirent les travailleurs. Ce qui se mérite, dans la logique de la rentabilité, a déjà été payé dix fois plutôt qu’une !

    Si la paresse s’accommodait de la veulerie, de la servitude, de l’obscurantisme, elle ne tarderait pas à entrer dans les programmes d’État qui, prévoyant la liquidation des droits sociaux, mettent en place des organismes caritatifs privés qui y suppléeront : un système de mendicité où s’effaceront les revendications qui, il est vrai, en prennent docilement le chemin si l’on en juge par les dernières supplications publiques sur le leitmotiv « donnez-nous de l’argent ! ». L’affairisme de type mafieux en quoi se reconvertit l’économie en déclin ne saurait coexister qu’avec une oisiveté vidée de toute signification humaine.

    La paresse est jouissance de soi ou elle n’est pas. N’espérez pas qu’elle vous soit accordée par vos maîtres ou par leurs dieux. On y vient comme l’enfant par une naturelle inclination à chercher le plaisir et à tourner ce qui le contrarie. C’est une simplicité que l’âge adulte excelle à compliquer.

    Que l’on en finisse donc avec la confusion qui allie à la paresse du corps le ramollissement mental appelé paresse de l’esprit - comme si l’esprit n’était pas la forme aliénée de la conscience du corps.

    L’intelligence de soi qu’exige la paresse n’est autre que l’intelligence des désirs dont le microcosme corporel a besoin pour s’affranchir du travail qui l’entrave depuis des siècles.

    La paresse est un moment de la jouissance de soi, une création, en somme ! Le fainéant est un créateur naturel. Un créateur de bonheur !

     

    Victor Ayoli, fainéant robuste.


    Illustration: merci à Faujour