Ce matin, pendant que je mangeais ma soupe chinoise, j’entendais blatérer les chameaux qui « causent dans le poste ». Ils parlaient curétaillerie, religion, denier du cul (te). La religion envahit les ondes et les colonnes en ce moment. À l’occasion d’une niaiserie appelée « Assomption ». Alors le vieux renégat que je suis est allé voir dans Wikipédia :
L’Assomption de Marie, qui est appelée Dormition dans la tradition orientale, est la croyance religieuse orthodoxe et catholique selon laquelle la Vierge Marie, mère de Jésus, n’est pas morte comme tout un chacun mais est entrée directement dans la gloire de Dieu (ce qu’on traduirait communément par « montée au ciel »). L’expression « après avoir achevé le cours de sa vie terrestre » utilisée par le Pape, laisse ouverte la question de savoir si la Vierge Marie est morte avant son Assomption, ou si elle a été élevée avant la mort.
Faut quand même se trimbaler une sacrée couche pour avaler des couenneries pareilles. Mais c’est le propre des « croyants » d’être prêts à avaler toutes les couleuvres, et – bien pire – de vouloir les imposer aux autres « pour leur salut » bien sûr.
Allez, cadeau : un texte du grand François Cavanna :
Peu importe
Peu importe que la vie soit un accident, une chimie de hasard,
Peu importe que ce qui n’était même pas un point ait soudain explosé, que l’espace et le temps aient alors commencé, que champs et particules déchaînés aient poussé devant eux cet espace-temps au fur et à mesure qu’ils le créaient en se créant eux-mêmes,
Peu importe que se soient condensés galaxies et soleils, planètes et satellites,
Peu importe que quelques molécules se soient accolées en une première gelée vivante,
Peu importe que la vie ait empli les océans, et puis en soit sortie, et puis soit devenue crapaud, lézard, singe et enfin homme,
Peu importe.
Tu es là.
Au bout de tout cela, Tu es là.
Tout cela s’est fait pour toi.
Ces milliards d’années, ces univers, ces hécatombes,
Tout cela pour aboutir à toi.
Et voilà : tu es là.
Tu n’es pas un « maillon de la chaîne ».
Tu es toi.
Toi tout seul.
Tu es un point infime de l’espace, un instant fugitif du temps,
Mais tu es toi.
Toi tout seul.
Tu n’es pas la continuation de ton père, ni du père de ton père, ni des pères des pères de tes pères.
Tu n’as pas demandé à être là,
Mais tu y es.
Tu es là,
Tu es toi,
Toi tout seul.
Tu ne dois rien à personne ni à rien.
Tu ne peux savoir pourquoi tu es là, ni si quelqu’un t’y a mis, pas même s’il y a un « pourquoi » ni s’il y « quelqu’un »,
Et qu’importe ?
Tu es là.
N’écoute pas les menteurs.
N’écoute pas les peureux.
N’écoute pas la peur au fond de toi,
N’écoute pas la tentation de la peur au fond de toi,
N’écoute pas les profiteurs de la peur.
Surtout,
Surtout,
Ne crois pas.
Ne crois en rien, jamais,
Ni par peur,
Ni par amour,
Ni par pitié,
Ni par faiblesse,
Ni par convenance.
Ne crois pas !
François Cavanna
Illustration: merci à l'irremplacé Siné.