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« Groenland ? How much ? I buy… »

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Ce n’est pas une trumpade ordinaire, c’est une proposition réfléchie, récurrente chez les dirigeants de l’Empire. Dès 1867, les États-Unis voulaient racheter l’immense territoire, grand comme quatre fois la France. En 1947, une nouvelle offre sera faite sans succès, mais les États-Unis obtiendront d’y établir des bases militaires.

En 1941, en pleine guerre mondiale, le Danemark autorisa son allié américain à implanter des bases aériennes au Groenland, à Thulé notamment. Accord renforcé dans le cadre de l’Otan en 1951. Le Danemark ne prit pas la peine de consulter la population locale pour donner son feu vert à l’agrandissement de la base aérienne américaine, et ordonna en mai 1953 le déplacement des autochtones de Thulé, une petite communauté inuite vivant de la chasse et de la pêche traditionnelles. Les 187 représentants du peuple le plus septentrional au monde furent contraints de quitter leurs terres et leurs glaces millénaires en quelques jours pour s’exiler à Qaanaaq, à 150 kilomètres au nord. Allez, dégagez les sauvages ! Place aux grands et beaux Yankees ! Ils ne recevront un dédommagement ridicule qu’en 1999.

Cette base est un des maillons du bouclier antimissile étasunien mais aussi un maillon important de la chaîne de radars du NORAD (prévue pour détecter les éventuels tirs de missile balistiques venant d’Eurasie) depuis le début de la guerre froide, et une station de surveillance de satellites de l’Air Force Space Command. La base militaire, transformée en secret en base pour bombardiers stratégiques, devint une véritable enclave de l’armée yankee, accueillant des milliers de militaires. En 1959, la base de Thulé fut la principale base de soutien pour la construction du Camp Century à quelque 150 miles de la base. Creusé dans la glace, Camp Century était une base militaire souterraine visant à héberger des missiles nucléaires le plus près possible de l’URSS. Alimenté par un réacteur nucléaire transportable, il fut en fonction entre 1959 et 1967.

Les joyeusetés étasuniennes de ce genre ont été légion au Groenland. Ainsi Le 21 janvier 1968, un B-52 transportant quatre bombes nucléaires – bombes à hydrogène, pas des petits pétards genre Hiroshima - s’écrasa près de la base de Thulé. Trois se pulvérisèrent sur la banquise entraînant une contamination radioactive. Une, tombée en mer n’a jamais été repêchée…

Les États-Unis et le Danemark lancèrent une importante opération de nettoyage, réquisitionnant à coups de pied au cul pour cela des Inuits qui ont été exposés aux radiations. Nombre d’entre eux sont morts des suites de leur contamination tandis que d’autres ont développé des maladies plusieurs années après l’accident. Après cet événement, ajouté au déplacement de population lors de l’extension de la base, on se doute de « l’amour » des Inuits vis-à-vis des Étasuniens.

Et ce n’est pas tout. En 2003, Greenpeace dénonce un rapport des USA truqué sur les déchets de la base de Thulé classé secret, sur des dépôts de déchets chimiques et de métaux lourds.

Bref n’en jetez plus, la coupe est pleine. Pleine ? Pas tant que ça. Le réchauffement climatique et la fonte accélérée des glaces arctiques donnent un regain d’intérêt pour ces territoires de l’Arctique. Désormais, deux autres puissances – et non des moindres – entrent dans la danse. La Russie veut un contrôle militaire sur le Grand Nord et la Chine y voit une immense opportunité économique.

À la faveur du réchauffement climatique, de plus en plus de côtes et de sols sont libérés des glaces. Et ces zones libres sont des eldorados car le territoire serait très riche en matières premières. On y trouve du nickel, du cuivre, du calcaire, de l’or… Mais surtout, le Groenland posséderait les deuxièmes réserves mondiales de terres rares, en particulier du neodymium, praseodymium, dysprosium et terbium. Autant de matériaux indispensables aux voitures électriques, aux téléphones portables, aux éoliennes…

Aujourd’hui 90 % de la production des terres rares est aux mains de la Chine, qui, à tout moment, peut ajuster ou tarir ses exportations. Ce qui fait frémir les États-Unis et de nombreuses économies à travers le monde. Au-delà de ces matières premières, le contrôle du Groenland offre aussi la maîtrise des routes maritimes dans l’océan Arctique de plus en fréquemment libéré des glaces.

Ce que le grossier mercanti étasunien veut faire en proposant d’acheter le pays, comme au plus beau temps de la colonisation, les Chinois le font plus subtilement : la Chine est au capital de la plus grande entreprise minière de la région : "Greenland Minerals"et, dans le cadre de ses « nouvelles routes de la soie », elle est désireuse d’investir dans les infrastructures de transports groenlandais, en particulier les aéroports.

Autre volet du regain d’intérêt pour ces « arpents de neige », le développement futur du « passage du Nord » pour les navires, raccourcissant considérablement le coût des transports entre l’aire Pacifique et l’aire Atlantique.

Et nous là-dedans ? Le Danemark – pays le plus impliqué au Groenland – est en Europe que je sache. Alors on regarde passer le train ?



Sources :

https://www.novethic.fr/actualite/environnement/ressources-naturelles/isr-rse/les-etats-unis-veulent-s-emparer-du-groenland-tout-comme-la-chine-et-la-russie-147605.html

https://fr.wikipedia.org/wiki/Base_a%C3%A9rienne_de_Thul%C3%A9

https://www.huffingtonpost.fr/entry/groenland-trump-achat-terres-rares_fr_5d567480e4b0d8840ff15958


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