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érotisme - Page 13

  • Ouiquide érotique avec Paul Verlaine

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    Ouverture

    Je veux m'abstraire vers vos cuisses et vos fesses,
    Putains, du seul vrai Dieu seules prêtresses vraies,
    Beautés mûres ou non, novices et professes,
    Ô ne vivre plus qu'en vos fentes et vos raies !

    Vos pieds sont merveilleux, qui ne sont qu'à l'amant,
    Ne reviennent qu'avec l'amant, n'ont de répit
    Qu'au lit pendant l'amour, puis flattent gentiment
    Ceux de l'amant qui las et soufflant se tapit.

    Pressés, fleurés, baisés, léchés depuis les plantes
    Jusqu'aux orteils sucés les uns après les autres,
    Jusqu'aux chevilles, jusqu'aux lacs des veines lentes,
    Pieds plus beaux que des pieds de héros et d'apôtres !

    J'aime fort votre bouche et ses jeux gracieux,
    Ceux de la langue et des lèvres et ceux des dents
    Mordillant notre langue et parfois même mieux,
    Truc presque aussi gentil que de mettre dedans ;

    Et vos seins, double mont d'orgueil et de luxure
    Entre quels mon orgueil viril parfois se guinde
    Pour s'y gonfler à l'aise et s'y frotter la hure :
    Tel un sanglier ès vaux du Parnasse et du Pinde.

    Vos bras, j'adore aussi vos bras si beaux, si blancs,
    Tendres et durs, dodus, nerveux quand faut et beaux
    Et blancs comme vos culs et presque aussi troublants,
    Chauds dans l'amour, après frais comme des tombeaux.

    Et les mains au bout de ces bras, que je les gobe !
    La caresse et la paresse les ont bénies,
    Rameneuses du gland transi qui se dérobe,
    Branleuses aux sollicitudes infinies !

    Mais quoi ? Tout ce n'est rien, Putains, aux pris de vos
    Culs et cons dont la vue et le goût et l'odeur
    Et le toucher font des élus de vos dévots,
    Tabernacles et Saints des Saints de l'impudeur.

    C'est pourquoi, mes sœurs, vers vos cuisses et vos fesses
    Je veux m'abstraire tout, seules compagnes vraies,
    Beautés mûres ou non, novices ou professes,
    Et ne vivre plus qu'en vos fentes et vos raies

     

    Paul Verlaine

     

    Photo X - Droits réservé

     

  • Ouiquinde érotique en bluettes

     

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    Sonnet XXXIII

     

    Deux belles s'aiment tendrement,
    L'une pour l'autre s’intéresse,
    Et du même trait qui les blesse
    Elles souffrent également.

    Sans se plaindre de leur tourment,
    Toutes deux soupirent sans cesse,
    Tantôt l'amant est la maîtresse,
    Tantôt la maîtresse est l'amant ;

    Quoi qu'elles fassent pour se plaire,
    Leur cœur ne se peut satisfaire,
    Elles perdent leurs plus beaux jours ;

    Ces innocentes qui s'abusent
    Cherchent en vain dans leurs amours
    Les plaisirs qu'elles nous refusent.

     

    Denis Sanguin de Saint-Pavin

     

    ************************

     

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    Ô doux soupirs qui partez de mes fesses !
    Volez, volez au nez de mon mari ;
    Exprimez-lui l'excès de mes tendresses,
    Et dites-moi ce qu'il aura senti.

     

    Louise Françoise de Bourbon

     

    ********************

     

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    Epigramme

    Certain abbé se manuélisait
    Tous les matins, pensant à sa voisine.
    son confesseur, l’interrogeant, disait :
    Vertu de froc ! c’est donc beauté divine ?
    Ah ! dit l'abbé, plus gente chérubine
    Ne se vit donc ; c'est miracle d'amour ;
    Tétons, dieu sait ! et croupe de chanoine !
    Toujours j'y pense, et même encore ici
    Je fais le cas*. Pardieu, lui dit le moine,
    Je le crois bien, car le fais aussi.

     

    *se masturber

     

    Alexis Piron

     

    Illustrations X – Droits réservés

     

  • Ouiquinde gastronomique. Pour Charlotte, la lotte au safran

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    Charlotte

     

    Lorsque l’air surchauffé tremble au soleil lion

    Qui calcine la plaine au feu de ses rayons,

    En émergeant de l’ombre, Charlotte vient au puits

    Et plonge son amphore dans l’eau fraîche qui luit.

     

    Cambrée, les bras au ciel, elle ôte sa chemise

    D’un geste coutumier mais d’une grâce exquise.

    Voluptueusement elle fait couler l’eau

    Qui caresse ses seins, et ses reins, et son dos.

     

    Pâmée, les yeux mi-clos, secouant sa crinière

    Elle crée une aura de perles de lumière.

    Arquée comme une harpe, elle s’offre à Phoebus.

     

    Tapi dans un fourré, mon cœur, mes sens s’enflamment,

    Fascinés de désir pour la fleur de lotus

    Qui orne la vallée qui fait d’elle une femme.

     

     

    Charlotte - La lotte au safran

     

    - Au lieu de te planquer pour mater la Charlotte

    Pourquoi pas l’inviter, Victor ? C’était plus franc !

    Ce qu’il te fallait faire, c’est une queue de lotte

    Que tu lui cuisinais à l’ail et au safran.

    Pour séduire Charlotte en un repas intime

    Il faut, évidemment, lui faire un peu de frime.

    Sur le bord de son puits, pose un bouquet de fleurs !

    Chante-lui une aubade ! Montre-toi enjôleur !

    Mets-toi à ses genoux ! Mieux encor, fais-la rire,

    C’est souvent le moyen le plus sûr pour séduire.

    - Oh ! Lâche-moi la grappe, car pour le baratin

    J’en remontrerais même à un Napolitain !

    Dis-moi plutôt comment je fais cette baudroie,

    C’est le nom de la lotte, ici, dans nos endroits.

    - Prends une queue de lotte d’une livre et demi

    Faut être généreux, fais pas d’économies.

    Demande au poissonnier d’enlever l’os central,

    Il n’y a pas d’arêtes dans ce drôle d’animal.

    Au mortier tu écrases un ail et du persil

    Quelques grains de cumin, du safran en pistils

    Allonge l’appareil d’un peu d’huile d’olive

    C’est la plus parfumée et la plus digestive.

    Tu en mets à chauffer aussi dans ta cocotte.

    Sur ton plan de travail, étends tes demi-lottes,

    Tu garnis l’intérieur de ta préparation,

    Sales légèrement, reformes le poisson

    Enfin, avec du fil, tu le brides serré

    Tu le mets en cocotte et tu le fais dorer.

    Puis tu baisses le feu et fais cuire à feu doux,

    Tu le tournes et surveilles, vingt-cinq minutes en tout.

    Puis tu réserves au chaud sur le plat de service.

    Déglace ta cocotte au Beaumes-de-Venise

    Rajoute du safran en pistils ou en poudre

    Puis un jet de Cognac, mais pas un dé à coudre,

    Un peu de crème fraîche pour donner du liant

    Tu nappes ton poisson et sers ce plat friand.

    Tu verras pétiller dans les yeux de ta belle

    Des promesses de joie, d’amour et de dentelles.

    À nous, belles conquêtes ! Le vin vous embellit.

    Continuons la fête, ouvrez-nous votre lit.

    Chantons, rions, mangeons, et trinquons nuit et jour

    À la beauté des femmes, au vin et à l’amour !

     

     

    Ingrédients et proportions pour six personnes:

    - 3 queues de lotte d'une livre et demi chacune, - 3 gousses d'ail, - 1 bouquet de persil plat, - 1 cuillerée à café de cumin en poudre, - 12 pistils de safran, - 3 cuillerées à soupe d'huile d'olive, - 3 cuillerées à dessert de fleur de sel de Camargue, - 1 petit pot de crème fraîche, - 1 verre de Beaumes-de-Venise, - 1 verre de Cognac.

     

    Les vins conseillés:

    Ce plat de poisson à la saveur puissante s'accommode parfai­tement de vins blancs ayant du caractère: Côtes-du-Rhône de Laudun, Villedieu, Lirac, St-Hilaire-d'Ozilhan, Châteauneuf-­du-Pape.

    Coteaux-du-Languedoc de La Clape, Picpoul de Pinet, Clairette-de-Bellegarde.

    Côtes-de-Provence de Palette, Coteaux-varois de Salernes, Saint-Maximin, Bellet.

    Il accepte aussi parfaitement des vins rouges frais: Côtes-du ­Rhône d'Estézargues, Côteaux-d'Avignon, Chusclan, Roche­gude, Saint-Maurice-sur-Aygues, Sablet. Costières-de-Nîmes. Coteaux-du-Languedoc de St-Drézery, Saint-Christol ou encore le "vin d'une nuit" de Saint-Saturnin. Coteaux-varois de Tour­ves, Barjols, Nans-les-Pins.

     

    Photo X - Droits réservés