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  • « Tous les pays du monde ont une armée, sauf l’Algérie où l’armée a un pays ! »

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    Les militaroligarques qui, en Algérie, manipulent un pauvre vieillard à l’agonie, ont trouvé la réponse aux manifestants algériens qui refusent un cinquième mandat au président Boutéflika : « élections anticipées dans un an auxquelles Boutéflika ne se présentera pas » !

    Autrement dit on va faire en sorte que Boutef soit élu une cinquième fois, puis on vous promet – ça ne mange pas de pain – que de nouvelles élections auront lieu sans lui un an après. Bonjour la cohérence !

    Ça sert à quoi cette embrouille ? Ben, à se donner le temps de partager entre soi l’énorme gâteau qu’est la rente pétrolière (20 milliards d’euros) gérée de façon controversée par la Sonatrach ! Et pas que...

    J’entendais ce matin l’écrivain algérien Mohamed Kacimi, pas vraiment tendre avec le pouvoir algérien actuel, qu’il considère comme corrompu voire issue d’un coup de force. « Le 18 mars 1962, étaient signés entre le gouvernement français et le gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), les accords d’Evian qui mettaient fin à la guerre d’Algérie et qui allaient permettre de mettre un terme à 132 années de présence coloniale. Le GPRA était composé des figures historiques du nationalisme algérien, des intellectuels, pharmaciens, avocats et médecins. Le jour du cessez-le-feu, l’armée française ouvre les frontières d’Algérie avec le Maroc et la Tunisie, fermées durant la guerre. Elle laisse passer « l’armée algérienne des frontières », composée de maquisards qui, pour la plupart, n’ont jamais tiré une balle de leur vie. Elle est dirigée par le colonel Houari Boumediene, secondé, entre autres, par un jeune commandant, Abdelaziz Bouteflika. Ils forment ce qu’on appellera le « clan de Oujda.

    Une fois l’indépendance de l’Algérie proclamée en juillet 1962, cette armée des frontières déclare la guerre aux civils du GPRA. Elle déferle sur le pays, prend les villes les unes après les autres. Elle massacre les opposants. A Oran, elle tire sur les Européens qui avaient choisi de rester en Algérie. Lassés par sept années de guerres, des milliers d’Algériens sortent dans les rues, pour demander la fin de cette guerre fratricide. Mais le clan de Oudja massacre tout sur son passage. Le 9 septembre 1962, l’armée des frontières s’empare d’Alger. Après avoir mis au pas le principal syndicat du pays, elle annonce la primauté du militaire sur le civil et annonce qu’Ahmed Ben Bella sera l’unique candidat pour les élections présidentielles ». lien

    De fait, la prise du pouvoir, en juin 1965, par l’armée des frontières de Houari Boumedienne, et raconté par Ferhat Abbas dans L’Indépendance Confisquée, (Flammarion, Paris, 1984.) marque la victoire du Clan d’Oujda qui justifie la suppression du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), mythifie l’armée des frontières et calomnie l’armée de l’intérieur et les organisateurs du Congrès de la Soummam. D’après l’anthropologue et psychanalyste algérien Nabile Farès, lui-même fils d’une grande figure indépendantiste, l’acte fondateur des institutions de l’Algérie indépendante n’est pas le Congrès de la Soummam qui redonnait une citoyenneté à tous les Algériens dans un pays multiconfessionnel assumant ses différences culturelles et qui, surtout, prônait la primauté du politique sur le militaire et de l’intérieur sur l’extérieur. Ces institutions ont surtout pour fondation le meurtre, en 1957, de l’architecte de la Révolution Abane Ramdane…

    Et tous ces généraux, tous ces colonels ont bâti un État algérien sur le modèle Égyptien : tout le pouvoir, tant politique qu’économique, à l’armée. Et qu’en ont-il fait de cette formidable rente pétrolière ? Rien. Dilapidée dans on ne sait quelles poches. L’Algérie, pays riche s’il en est, importe tout ce qu’elle mange ! Son président doit aller à l’étranger (en Suisse ou en France) pour se faire soigner. On y a bâti plus de mosquées que d’écoles. Les étudiants sont obligés de venir en France poursuivre leur cursus. La jeunesse n’a pour perspective que la résignation ou l’exil. Beau résultat !

    Peut-on dès lors s’attendre à une véritable révolution, à une prise de pouvoir par cette génération qui n’a connu ni la guerre victorieuse de l’indépendance ni la sanglante guerre civile contre les fanatiques religieux du FIS ?

    On peut l’espérer mais il serait bien naïf de croire que ceux qui ont le pouvoir politique, militaire, policier, qui ont le fric corrupteur vont laisser le gâteau sans montrer les crocs…

    Et comme toujours, il y a, en embuscade, les islamistes qui n’attendent que les troubles à venir pour tirer les marrons du feu.

     

    Sources :

    https://mondafrique.com/bouteflika-lautre-nom-de-la-rente-petroliere/

    https://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2010-06-16-Le-crime-inavoue-de-l-histoire-de#nb2-8

    https://blogs.mediapart.fr/nesroulah-yous/blog/070414/qui-sont-ces-seigneurs-qui-gouvernent-l-algerie-0

    https://www.elwatan.com/a-la-une/quelles-lecons-16-08-2018

    https://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2010-06-16-Le-crime-inavoue-de-l-histoire-de#nb2-11


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